Pain, amour et fantaisie

29719Che bella ragazza !

Le coffret en main, qui réunit Pain, amour et fantaisie (1953), Pain, amour et jalousie (1954) et Pain, amour, ainsi soit-il (1955), je me disposais à passer un de ces week-ends où l’horreur des conditions météorologiques extérieures vous fait d’autant plus apprécier d’être confortablement assis dans un canapé profond devant un régal cinématographique. En tout cas dans ce que vous croyait qu’il pouvait être.

Je tombe de haut, après la re-vision du premier opus de la série !

J’en avais le souvenir très ancien d’un film enlevé et drôle, réunissant des acteurs séduisants, sur un scénario léger et spirituel. Si les acteurs sont à la mesure des choses (je nourris une passion instinctive et primale pour Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica m’a toujours paru l’homme le plus séduisant du monde), le reste n’est tout de même pas à la mesure de la réputation d’un film aussi célèbre.

Pourtant, ça commence assez bien, dans une Italie qui n’est certes pas celle du presque contemporain (1952) Don Camillo : on est là dans la miséreuse Calabre, et non dans la riche plaine du Pô et on croirait (presque) se retrouver, aux premières images, dans l’accablante Terre sans pain de Bunuel : une nature d’une grande beauté, mais absolument desséchée, des chemins caillouteux, des routes étroites, des ânes et des paysannes qui portent leurs fardeaux sur leurs têtes. Le nouveau chef des carabiniers locaux, Antonio Carotenuto, arrive au bourg : célibataire, il a les tempes argentées et le sourire enjôleur de De Sica, il rencontre Maria la sauvageonne (Gina Lollobrigida) et Annarella, la sage-femme (Marisa Merlini), l’une et l’autre vertueuses et séduisantes, et il godille un peu entre elles deux avant de se ranger avec Annarella…

Mais donc, si le début est assez bien rythmé, ça s’enlise assez vite du côté du vaudeville, avec des péripéties qui ne sont ni piquantes, ni fines ; dussent mes souvenirs d’enfance en être profanés, j’irais même jusqu’à dire qu’on s’enquiquine un peu et que l’extrême prévisibilité de l’anecdote ne laisse pas même la place aux notations spirituelles à quoi on pourrait aspirer.

Restent donc, outre un De Sica qui se frise les moustaches, mais dont le personnage est dépourvu de toute épaisseur (quand on pense que, la même année 1953, il a été le baron Donati de Madame de !), reste donc une Lollobrigida ravissante et capricante, qui court pieds nus sur des chemins de chèvre… Che bella ragazza !

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