Signes

La Terre vue du ciel.

Signes est un tout petit film de science-fiction de série B (ou C, ou D, ou tout ce que vous voulez) où deux frères un peu torturés par les méchancetés de la vie, clôturés au fin fond d’une ferme ennuyeuse de Pennsylvanie, reçoivent la visite d’extra-terrestres (qui, si j’ai bien compris, se sont également posés un peu partout dans les États-Unis). Ils commencent, en repérages, à disposer dans les champs de maïs circonvoisins des traces géométriques incongrues, prises d’abord pour des canulars de voisins facétieux (c’est à peu près comme ça que sont interprétés les agroglyphes – c’est ainsi qu’on appelle la chose – qui, depuis la fin des années 70 se sont multipliés à la grande admiration et au parallèle effarement des gogos qui veulent y voir l’action d’êtres venus des étoiles). Deux frères Hess, passablement traumatisés : le plus jeune, Merryl (Joaquin Phoenix), ancien champion de base-ball qui a beaucoup réussi et beaucoup raté de matches importants ; le plus âgé, Graham (Mel Gibson) qui fut pasteur épiscopalien et a renoncé à son apostolat après la mort dans un accident automobile de sa femme et qui demeure inconsolable et affublé de ses deux gamins, Morgan (Rory Culkin) et Bo (Abigail Breslin).

Ça se traîne terriblement, avec un paquet de flashbacks destinés à apprendre au spectateur les traumatismes subis par les deux frères et c’est couplé avec les facéties des extra-terrestres qui font des niches inconvenantes aux braves gens. On se demande pourquoi ils sont venus sur la Terre, ce qu’ils désirent, quelles sont leurs prétentions et leurs objectifs, on ne comprend pas très bien pourquoi ils décident de s’en aller ; on pense avoir saisi qu’ils sont vulnérables à l’eau (H2O) qui doit les brûler ou les atteindre de façon irrémédiable ; lorsqu’on les aperçoit, furtivement d’abord, plus libéralement ensuite ils ne font absolument pas peur, corsetés dans une sorte de combinaison qui fait penser aux créatures vêtues ainsi des plus puérils mangas japonais (voilà une jolie collection de pléonasmes, au demeurant : puéril, manga et japonais).

Comme dans tous les films où un groupe qui n’est pas antipathique est assiégé par des forces obscures et essaye de s’en sortir, on parvient à s’intéresser au sort de la famille Hess, mais on se demande ce qui peut pousser un public assez nombreux, paraît-il, à assurer un réel succès aux films de M. Night Shyamalan ; je n’ai rien contre ce réalisateur hindou, d’autant qu’il est né à Pondichéry, qui fut un de nos cinq comptoirs de la péninsule (avec, vous le rappelez-vous ?, Chandernagor, Karikal, Yanaon et Mahé – heureux temps de l’exotisme !), mais enfin, tout ça ne laisse pas beaucoup de traces dans le cinéma. J’allais écrire de Signes, inconsciemment conduit à goguenarder un peu sur un cinéma réservé à des adolescents décérébrés…

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