Une chance sur deux

19052506Naufrage en eaux profondes.

Prenez les deux acteurs les plus notoires du cinéma français du dernier demi-siècle (ils n’ont pas tourné que de bons films, assurément, mais on ne peut pas dénier leur importance, il me semble) ; prenez une fille jolie comme un bonbon à la menthe, qui ne manque pas de talent et le montrera, l’année suivante dans La fille sur le pont, du même réalisateur ; et un réalisateur, donc, capable de réussir des films bouleversants (TandemLe parfum d’YvonneMonsieur Hire)  mais il est vrai, aussi, d’en rater absolument d’autres (Félix et LolaRue des plaisirsLa guerre des miss).

3097742671_1_19_6Rhwgx9SPrenez tout ça, agitez un peu ; malgré le côté assez nunuche de l’idée initiale (une jeune fille qui ignore quel est son vrai père parmi les deux hommes que sa mère morte a aimés simultanément), vous devriez pouvoir obtenir quelque chose d’honorable, de divertissant, au moins. Et c’est une des pires catastrophes cinématographiques que vous puissiez voir, qui vous stupéfie par sa vacuité et vous fait même bâiller d’ennui y compris au milieu des péripéties censées être excitantes ou dramatiques. Lorsque la charmante Alice (Vanessa Paradis) est progressivement immergée dans un océan de fins graviers qui s’écoule sur elle et va l’étouffer, on ne frémit pas un instant et on se surprend à rechercher dans sa mémoire où on a déjà vu ce genre d’assassinat au cinéma (ce n’est pas dans La terre des pharaons d’Howard Hawks où un ingénieux système mécanique à base d’ampoules de sable brisées referme simplement la pyramide ; ce n’est pas dans Marathon man de John SchlesingerDustin Hoffman et Laurence Olivier sont presque engloutis sous une pluie de diamants ; c’est avec quoi (du blé ?) et dans quoi (un silo ?) se demande-t-on… ce n’est jamais bon signe de se poser des questions sur un film quand un autre passe sous vos yeux).

Jean-Paul Belmondo, Alain Delon *** Local Caption *** Patrice Leconte

Jean-Paul Belmondo, Alain Delon *** Local Caption *** Patrice Leconte

Alain Delon et Jean-Paul Belmondo se caricaturent eux-mêmes avec une constance effrayante, avec une mention spéciale pour le second nommé qui essaye de retrouver le côté Ploum-ploum tralala youpie ! de ses années cascadeuses. Le patron des policiers (Michel Aumont) est naturellement, structurellement un pauvre con (puisqu’il est à la fois patron et vieux) et le jeune flic (Éric Defosse) un type bien, parce qu’il est jeune et rebelle à l’autorité. Les méchants font évidemment partie de la maffia russe et le pire (Aleksandr Yakovlev) est reconnaissable comme pire parce qu’il fait penser à Vladimir Poutine (je sais, je sais, en 1998 le Président Poutine n’était connu que des kremlinologues, mais ça ne fait rien, on voit ce que je veux dire…).

Donc c’est terrible, infantile, enquiquinant, inutile. Qu’est-ce qui m’a pris de regarder ça !

Leave a Reply