Vénus beauté institut

Chichiteuses pleurnicheries

Comme ce petit film qui a eu un certain succès était vendu moins de 1 euro sur un site de discompte, je me suis laissé avoir avec d’autant plus de facilité que la palette d’actrices citées au générique était de mon goût et plus encore parce que le monde des salons de beauté où l’intrigue se passe est, pour les crocodiles à peau tannée comme moi une terra incognita fantasmatique, attirante à la mesure de l’ignorance qu’en ont les mâles.

De fait, la première demi-heure est ethnographiquement et sociologiquement réussie et plonge ledit mâle dans une exploration amusée, surprise – et quelquefois vaguement écœurée – des pratiques de ces étranges boutiques ; il me semble évident que la réalisatrice, Tonie Marshall a collecté dans son entourage quelques anecdotes et souvenirs incongrus qu’elle met en scène avec esprit ; il y a là un côté Marie-Claire ou Cosmopolitan qui permet aux mecs de mesurer la distance abyssale qui les sépare de la plus belle partie de l’Humanité, partie seule capable d’être passionnée par un banc d’essai consacré à l’étude exhaustive de la riche variété des crèmes anti-rides ou des ampoules coup d’éclat.

Cela dit, qui est narquois, mais nullement agressif (car elles pourraient en dire bien pis sur nous et sur nos gloses sur le football ou la politique), cela dit, si les actrices sont presque toutes épatantes, ça ne va pas très loin, et dès qu’on quitte le monde feutré et artificiel des cabines d’UV, on tombe dans une histoire un peu lasse et fatiguée des états d’âme caricaturaux de femmes seules, états d’âme répandus sur trois à quatre générations et illustration appliquée, à la fois romanesque et cynique, de la vie de femmes qui se disent et se veulent libres mais qui cherchent toutes à revenir au bercail de la sécurité traditionnelle.

Venus-Beaute-Institut-Tonie-Marshall-1998Et donc les vaticinations amoureuses d’Angèle (Nathalie Baye), au lieu d’être émouvantes et troublantes apparaissent très pleurnicheuses et passablement ridicules, tant on se demande ce qui peut, dans ce caractère incertain et contradictoire attirer l’attention d’un homme autrement que pour une partie de jambes en l’air.

Mentions spéciales à trois grandes dames : Nadine, la patronne de l’institut de beauté, superficielle, impérieuse, faussement maternelle et très près de ses sous, jouée excellemment par Bulle Ogier, et les deux sœurs fofolles et délicieuses, tantes d’Angèle, qui vivent à Poitiers et qui crèvent l’écran dans une trop brève séquence burlesque, Maryse (Micheline Presle) et Lyda (Emmanuelle Riva) (on voit par là qu’on n’a pas mégoté sur la qualité).

En revanche, les types sont exécrables, que ce soit Robert Hossein en vieux saligaud acheteur de la chair fraîche d’Audrey Tautou ou du fort médiocre Samuel Le Bihan dont la ressemblance avec l’encore plus moche mais bien meilleur acteur Dominique Pinon ne m’était jamais apparue avec autant de force…

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