L’homme légendaire.
J’aimerais bien rester, pour ce film presque mythique, dans le seul cadre du cinéma, mais je ne suis pas certain d’y parvenir, tant sont inextricablement mêlés à l’œuvre singulière de Pierre Schœndœrffer dix ou quinze ans d’histoire française, à une partie très douloureuse de cette histoire. Mais bien parcellaire ou partial serait celui qui verrait dans la cohérence interne de cette œuvre un plaidoyer engagé pour la colonisation. La pensée de Schœndœrffer est autrement plus complexe et ne s’attache pas aux causes, mais aux figures, à la guerre vue comme inhérente à l’Humanité, à l’aventure de guerriers réunis par la même Fortune (c’est-à-dire aussi dans la commune Infortune), la responsabilité du Chef et, si on veut, au malheur de se battre pour des causes perdues. Et même quelquefois dans des combats que l’on réprouve (ainsi, dans Le crabe-tambour, les propos rapportés de l’adjudant Wilsdorf, celui de la 317è section, engagé de force dans la Wehrmacht, Je me suis battu comme un diable pour ces cochons de Boches. Tout le temps j’ai souhaité la défaite de l’Allemagne (…) mais gagner c’était ma survie et celle de mes camarades). (suite…)