Pendant une belle décennie, celle de leur rétablissement économique et de leur fierté recouvrée, les Français se sont rejoué le bonheur de la grandeur. Celle où tout se jouait par eux et grâce à eux ; nous savions bien que, ravagés par la médiocrité des hommes politiques du temps et par les hémorragies de 1914 (surtout) et de 1940 (par la honte suscitée), nous n’existions plus que par miracle et par le général de Gaulle. Mais enfin nous pouvions nous faire encore un peu croire que nous avions régné en maîtres sur l’Occident ; et que nous pouvions donc imposer au monde civilisé nos héros et nos archétypes. (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
La reine Margot 1
samedi, août 30th, 2025Le cadeau
samedi, août 23rd, 2025
En 1975 Édouard Molinaro recueillit avec Le téléphone rose un assez joli succès mérité. Un industriel toulousain, Benoit Castejac (Pierre Mondy) se rendait à Paris pour négocier la vente de son entreprise à un conglomérat représenté par Morrisson (Michael Lonsdale). Rien à voir, apparemment avec Le cadeau de Michel Lang sept ans plus tard si ce n’est la même présence de Pierre Mondy en tête d’affiche ; mais cette fois il interprète Grégoire Dufour, cadre moyen d’une banque d’affaires qui a décidé de prendre une retraite anticipée, afin de profiter davantage de sa femme Antonella (Claudia Cardinale) et de ses deux enfants, Laurent (Rémi Laurent) qui commence ses études de médecine et la jeune Sandrine (Leila Fréchet). (suite…)
The Reef
samedi, août 23rd, 2025Et voilà pourquoi de jeunes Australiens, gentils, bien éduqués, bien balancés, qui doivent imaginer que leur bizarre pays est une terre de Canaan, se retrouvent dépecés, dévorés, réduits en boulettes par les requins qui sont, en fait, les véritables ministres des élégances de ces territoires. Ils font trop de sport, se lancent dans de petits bateaux fragiles dans des eaux qui grouillent de saletés furieuses et cruelles et s’étonnent ensuite d’avoir perdu une ou deux jambes ou même davantage. Nous en avons déjà assez avec les méduses, dans nos terres civilisées pour ne pas nous perdre dans les billevesées exotiques.
La famille Hernandez
mardi, août 19th, 2025Je me suis rendu compte qu’il existe très peu de films sur la vie quotidienne en Algérie, lorsqu’elle était à la fois française et paisible (ou à peu près, avant novembre 1954, en tout cas). Je ne parle évidemment pas de tous ceux dont le sujet principal est le conflit et qui relatent la guerre sous l’une ou l’autre de ses facettes. L’honneur d’un capitaine de Pierre Schœndœrffer (1982), Avoir vingt ans dans les Aurès de René Vautier (1972), R.A.S. d’Yves Boisset (1973) racontent les combats, La bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (1966) la terreur urbaine, Le combat dans l’île (1961) et L’insoumis (1964), l’un et l’autre d’Alain Cavalier les impasses de l’OAS. Et aussi Le coup de sirocco d’Alexandre Arcady (1979) sur le rugueux retour en métropole des rapatriés. Plus ou moins consciemment, j’en oublie beaucoup. (suite…)
Les anges noirs
jeudi, août 14th, 2025Voilà qui prouve, s’il en était vraiment besoin, qu’on peut tourner un film intéressant, sobre et enlevé, sans budget considérable, sans acteurs de grand premier plan et pour autant donner un spectacle de qualité, même s’il est acide. Le réalisateur, Willy Rozier, de modeste notoriété a tourné entre 1934 et 1976 une trentaine de films, notamment Manina, la fille sans voile (1953), deuxième apparition à l’écran de Brigitte Bardot et la série des Callaghan, espion international, dont le premier À toi de jouer, Callaghan (1955) précédait trois autres réalisations que je me suis fait un devoir de commenter, malgré leur médiocrité. (suite…)
La poudre d’escampette
dimanche, août 10th, 2025Il y a un mystère Philippe de Broca, que je ne parviens pas à percer. Comment un réalisateur aussi délicieux, gai, drôle, léger, maître de la cabriole et de la désinvolture peut-il trop fréquemment s’égarer dans la bouillie ? Comment peut-il, deux ans après ce presque chef-d’œuvre de L’homme de Rio parvient-il, dans un genre analogue et avec le même acteur principal, Jean-Paul Belmondo, saboter à un point tel Les tribulations d’un Chinois en Chine ? Et cela dans toute sa carrière, qui a été assez longue (en gros de 1960 à 2004) et dense (une trentaine de longs métrages). Et plus encore sans que réussites et ratages soient le résultat d’une évolution ou d’un mûrissement ?
Jackie Brown
samedi, août 9th, 2025Le fait est que je me suis mis tard à regarder les films de Quentin Tarantino et qu’à part le dernier en date, Once upon a time in Hollywood, plutôt réussi au demeurant et vu en salle, je les ai découvert sans continuité, un peu au hasard. Finalement, s’agissant d’un réalisateur qui ne tourne pas tellement que ça, il ne me manque que Boulevard de la mort et – surtout – Pulp fiction que je finirai bien par regarder. On peut donc bien dire que je ne nourris aucune animosité pour le metteur en scène, qui compte, incontestablement dans le cinéma contemporain et j’en suis même arriver à ne pas lui en vouloir pour avoir piqué à mon cher Nikita Mikhalkov et à son admirable Soleil trompeur la Palme d’or de Cannes en 1994 ; après tout, qu’est-ce qu’on en a à faire des récompenses de la Profession ?
Amère victoire
lundi, août 4th, 2025D’un côté le Major (commandant) David Brand (Curd Jürgens), militaire de carrière, mais qui a passé plus de temps à dresser des états d’effectifs et de vivres qu’à combattre avec des armes. De l’autre le Captain Leith (Richard Burton), archéologue contraint de faire son devoir, mais sceptique sur les fins des combats. L’un et l’autre sont coincés dans le conflit qui oppose les Alliés et le IIIème Reich à la limite de l’Égypte, occupée solidement par les Britanniques et la Libye accaparée par les Allemands, venus en renfort des Italiens englués en Abyssinie. Le récit est simple : il s’agit, pour les Anglais, d’aller récupérer à Benghazi, en Cyrénaïque, les plans d’action de l’Afrika Korps. Un commando est constitué pour cette difficile mission.
Noyade interdite
mardi, juillet 8th, 2025Toute la ville accuse
mardi, juillet 1st, 2025Voilà un charmant petit film, un peu nigaud, un peu niais, mais qui se laisse suivre avec le plaisir qu’on éprouve quand on revoit de vieilles choses aimées… La France provinciale du milieu des années 50, la mode invraisemblablement laide que les femmes portaient, les quais de gare où s’affairaient les porteurs qui s’occupaient des malles et des formalités,les dames bourgeoises, mère et fille, qui, les après-midi du dimanche assistaient aux vêpres, les guérites minuscules de la Loterie nationale où des veuves de guerre vendaient leurs dixièmes, les garages Simca, les gros pardessus des messieurs, les policiers qui portaient des képis et qui, la nuit, patrouillaient sans crainte d’être attaqués par des bandes ethniques, les gamins qui jouaient à n’importe quoi dans des rues encore sûres, les liasses de billets de banque. Plein de choses merveilleuses. On le sait, c’était mieux avant… (suite…)