Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes

lundi, mai 19th, 2025

Rouges baisers.

Au moment de la sortie du film, qui a eu un certain succès, dû notamment à son titre provocant et peut-être aussi à une certaine nostalgie des spectateurs de 1993 pour la France simple à comprendre de 1958 (simple à comprendre ne veut pas dire tranquille et apaisée), à ce moment-là je crois avoir lu dans les gazettes que l’auteur du film, Jean-Jacques Zilbermann, l’avait réalisé en hommage affectueux à sa mère et en se rappelant ce qu’il avait vécu.
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Ma Jeannette et mes copains

samedi, mai 17th, 2025

L’Église rouge.

On passerait des années entières (nuits comprises) à gambader sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel (I.N.A.) qui est statutairement chargé depuis 1974 d’archiver toute la production audiovisuelle et qui met à disposition publique un catalogue qui compte plus de 100.000 documents et ne cesse de s’agrandir ; il y a de tout : actualité, politique, sport, curiosités. Et une multitude de petits films charmants ou bizarres ou graves qui relatent la vie quotidienne, l’évolution des modes et des mœurs, les mutations économiques, les habitudes d’achat… Plein de merveilles où l’on peut naviguer à sa guise et où on n’est limité que par le temps qu’on subit et la durée normale d’une vie. Mais quand je serai au Paradis avec l’éternité devant moi, je commencerai à approfondir. (suite…)

Le viol du vampire

lundi, mai 12th, 2025

Le viol du vampire.

Je suppose, j’imagine, que Le viol du vampire, sorti en 1968, n’a pas dû avoir une grande diffusion. Parce que, alors familier de tout ce qui pouvait toucher aux buveurs de sang, je me serais certainement précipité d’aller voir dans un cinéma marginal un film au titre aussi excitant et accrocheur. Première réalisation du considérable Jean Rollin qui a saisi très vite que l’alliance entre nudité féminine et vampirisme pourrait constituer une mayonnaise séduisante, le film n’a pas dû être diffusé sur les pourtant alors nombreux écrans de ma ville provinciale (Grenoble). Ceci, nonobstant qu’il ait été enregistré en Noir et Blanc, non par choix esthétique assumé, mais plus simplement par manque de fric.

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Classe tous risques

dimanche, mai 11th, 2025

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Grand cru du film noir

Après revisionnage (dans une bonne copie, mais sans chapitrage, ni suppléments, comme nous a hélas habitués René Château), je suis conforté dans l’excellent souvenir que je conservais de ce Sautet inhabituel (ou, plutôt, issu d’une première manière du cinéaste).

C’est vrai, la course à l’abîme, le désespoir noir, les portes qui se ferment toutes une à une, la certitude de n’en plus pouvoir ouvrir aucune et surtout le sentiment que si même on y parvenait, ça ne servirait à rien, tant on est fait comme un rat, voilà qui n’était pas courant dans le film de gangsters français, et qui lui donne une dimension très forte et très universelle.

Ventura est magnifique ; on sent monter avec une force déferlante ce qui sera le talent, la force dans les années qui suivront, de ce puissant acteur : il a tout : la sauvagerie du meurtrier, l’épaisseur du chef de famille, l’écoeurement lucide de l’ami abandonné, la lassitude immense et désespérée. (suite…)

Ipcress danger immédiat

mercredi, mai 7th, 2025

Grisaillant, bourbeux, ennuyeux.

Le riche sous-genre du film d’espionnage a vite fait florès au cinéma. Il bénéficiait du goût du public (dont je fais évidemment partie) pour les récits d’action, pour les héros bagarreurs et bien bâtis et pour les jolies filles, souvent vénéneuses, de la même architecture. Ajoutons à ce sous-genre un goût partagé, commun, à toutes les époques et à toutes les cultures : la paranoïa, qui enjolive l’impression qu‘on ne nous dit pas tout et que, derrière les apparences, une main cachée commande en tout cas manipule les apparences et le théâtre du monde. En témoignent, avant la Guerre, les incursions de Fritz Lang (les balbutiements grandiloquents de la série des Mabuse) et les exercices puérils et très appliqués d’Alfred Hitchcock déjà médiocre. (suite…)

Rue Haute

mercredi, avril 16th, 2025

 

Bibelot d’inanité.

Si le titre que je donne à ce message, Bibelot d’inanité (sonore) est dû à l’abscons et illisible Stéphane Mallarmé, l’idée qui me vient après avoir regardé Rue Haute, dont certains chantent merveilles, est plutôt la citation connue du non moins abscons et illisible Isidore Ducasse, qui s’intitulait pompeusement Comte de Lautréamont et qui a été célébré par ces farceurs de surréalistes. Tout le monde connaît cette cabriole verbale qui fascinait les gens de mon âge qui se voulaient originaux au milieu des années 60 (mais avant Mai 68, où l’on n’a même plus fait semblant de savoir lire) : Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. (suite…)

L’agneau

vendredi, avril 11th, 2025

La pesanteur du Mal.

Voilà enfin Cheyenne-Marie Carron commence à recevoir, au bout d’un long combat solitaire et courageux, des soutiens importants. L’agneau est son seizième film et ce n’est qu’au quinzième, l’excellent Que notre joie demeure (2024) inspiré par l’assassinat du Père Jacques Hamel par un musulman fanatique qu’elle a reçu un soutien de Canal +. Ceci alors que le moindre petit machin dans l’air du temps et dans le sens du prétendu Camp du Bien touche des financements qui permettent d’alimenter l’autosatisfaction du cinéma français gorgé de fric par le CNC. (suite…)

Les ennemis

mardi, avril 8th, 2025

À complications multiples.

En se levant le leurs sièges à bascule, revêtus de peluche rouge usée jusqu’à la trame, qu’est-ce que les spectateurs ces arrondissements périphériques pouvaient bien penser d’un film aussi minable que celui-là ? Est-ce que l’on était content de son samedi soir ? Oui, dans une bonne mesure parce qu’on était allé au cinéma, peut-être même qu’on était allé prendre place au balcon (en cas de relative bonne passe financière) et aussi qu’on avait hélé l’ouvreuse pour acheter un esquimau Gervais ou un sachet de bonbons Kréma.
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Les seigneurs

mardi, mars 25th, 2025

La ville qui bouillonne.

Comment ne pas voir qu’il y a dans ces Seigneurs tournés en 1978, une référence explicite, un hommage à ce qui est et demeurera le plus beau, le plus remarquable, le plus puissant film de bandes qui s’affrontent dans l’immense sécheresse de New-York ? Comment ne pas voir l’évidente parenté des corridors dénudés des pauvres immeubles en briques sales du Bronx, les grillages, les murets, les passerelles, le labyrinthe des passages… et la même vacuité des rues, les terrains de basket, les espaces déserts, les commerces lépreux… Comment ne pas songer, n’est-ce pas à West side story ? D’ailleurs la séquence formidable où les Wanderers tentent d’échapper à la fureur chauve musculeuse des Baldies renvoie au même jeu de chat et de souris que se livrent Jets et Sharks. Identiquement le rassemblement, la jonction des groupes de Wanderers qui vont aller affronter en combat féroce les noirs Bombers comme des ruisseaux qui se rejoignent… (suite…)

L’extravagant Mr. Deeds

samedi, mars 22nd, 2025
Les millions aux trousses.
Malgré un scénario un peu trop prévisible et qui confine quelquefois à la dégoulinade sucrée de bons sentiments, le film de Frank Capra est réellement très plaisant. Les séquences s’enchaînent avec humour et fluidité, tous les acteurs sont épatants, le discours tenu est gentiment manichéen, mais aucun des personnages n’est vraiment, vraiment mauvais, la justice y est présentée comme sévère, mais équitable, le populo est d’une honnêteté admirable, le New Deal de Roosevelt permet aux États-Unis d’espérer sortir de la grande Crise, même si on sait bien que c’est l’économie de guerre qui le leur permettra.

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