Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Sortilèges

vendredi, janvier 21st, 2022

Terre sans pain.

Voilà un film bien rude pour ceux qui imaginent que la campagne et la vie campagnarde ressemblent à des films de Walt Disney et à l’image idéalisée qu’en donnent les sectes écologistes. La campagne, c’était alors (le film date de 1945) la rudesse exténuante des travaux et la sauvagerie égoïste, avide des habitants. Un monde rude, épuisant, qui brisait les corps et les cœurs. Il faut lire La Terre d’Émile Zola ; le livre a certes été écrit en 1887 mais le monde dépeint par Christian-Jaque en 1945 n’avait pas changé. D’ailleurs, si l’on a besoin de s’en convaincre, il faut voir ou revoir Farrebique de Georges Rouquier qui est de 1946). Avidité, dureté au mal, superstitions, misère sociale et affective. (suite…)

La mort en direct

vendredi, janvier 21st, 2022

J’irai pleurer sous la pluie.

Bertrand Tavernier ne fait pas l’unanimité chez les amoureux du cinéma français et – moi qui l’aime bien – je trouve qu’il est parfois bien décevant et tout à fait à côté de la plaque. Comment a-t-il pu, quelques années après Que la fête commence et Le juge et l’assassin et un an seulement avant ce qui est sans doute son meilleur film, Coup de torchon, commettre cette absurdité ennuyeuse ? La mort en direct est long, mais pire encore, languissant, ennuyeux, mal fichu, mal joué, mal dialogué, mal tout ce que l’on veut. (suite…)

West side story 2021

mercredi, janvier 19th, 2022

À quoi ça sert ?

Comme tous ceux qui ont reçu en 1961 un des chocs de leur éveil au cinéma en découvrant le West side story de Robert Wise, j’ai été interloqué et même légèrement agacé lorsque j’ai appris que l’estimable Steven Spielberg avait entrepris d’en tourner un remake. Et que cette reprise soit – paraît-il -plus conforme à la comédie musicale créée à Broadway en 1957, plus respectueux de sa composition ne me semblait pas un argument bien pertinent, parce que cette fidélité plus ou moins scrupuleuse est absolument sans importance. (suite…)

Candyman

dimanche, janvier 16th, 2022

Et on tuera tous les affreux !

Voici un film singulier et assez barbare. Que puis-je vraiment en dire ? D’abord, un peu naïvement, que je ne devrais pas, compte tenu de mon grand âge, prétendre me mesurer à ce que l’on pourrait presque appeler des franchises, ensemble de films suivi par leurs amateurs avec ferveur et impatience, dont les péripéties, assises sur une trame plus ou moins solide, développent à l’envi des péripéties organiquement similaires. Ce Candyman de 2021 est en effet à la fois la suite et le remake d’un premier opus, daté de 1992, réalisé par Bernard Rose, qui fut suivi en 1995 par Candyman 2 de Bill Condon puis, en 1999 par Candyman 3, le jour des morts de Turi Meyer.

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Une sale histoire

jeudi, janvier 13th, 2022

Philosophie dans le boudoir.

Ce double court-métrage (22 et 28 minutes) a tout pour exaspérer la plupart des spectateurs ; je pense même qu’il peut exaspérer encore davantage que l’œuvre majeure de Jean Eustache, mystérieuse, crispante, interminable, La maman et la putain et ses 3h40 de non-spectacle. Je m’étonne d’ailleurs beaucoup de n’avoir pas été exaspéré, je m’étonne moins lorsque je songe que, contre toute attente, j’ai été fasciné d’emblée par La maman et la putain découvert sur un écran du Quartier latin au printemps 1973 ; pour qui ne jurait que par le cinéma de la Qualité française et méprisait violemment toutes les tentatives post Nouvelle vague (qui commençait à refluer largement, soit dit en passant), pour qui refusait tout intellectualisme, c’était une sacrée douche froide. (suite…)

Le festin nu

dimanche, janvier 9th, 2022

Âmes sensibles s’abstenir.

Cronenberg, ça ne m’a jamais émerveillé et je n’ai vraiment apprécié de lui que les assez classiques Promesses de l’ombre. Et William Burroughs, c’est tellement loin, tellement inimaginable pour un type nourri de culture classique et très réticent à toutes les dérives que je n’ai jamais imaginé en lire une seule ligne. Sans doute ai-je eu pourtant la curiosité excitée qui m’a conduit effaré, choqué, révulsé – mais jamais vraiment ennuyé – à regarder Le festin nu. (suite…)

La dame de Shanghai

samedi, janvier 8th, 2022

On ne badine pas avec l’amour.

Eh bien voilà qui ne me permettra pas d’accomplir une sorte de chemin de Damas, de me convertir au cinéma d’Orson Welles. Je n’ai certes pas épuisé toute sa filmographie de réalisateur ; je n’ai encore vu ni Le procès, ni Une histoire immortelle ; ni même Falstaff ; et comme ce que j’ai trouvé de mieux jusqu’alors ce sont les adaptations de Shakespeare, c’est-à-dire Othello et surtout Macbeth, c’est peut-être là que je trouverai mon bonheur. (suite…)

Cette sacrée vérité

vendredi, janvier 7th, 2022

La pièce que nous avons eu l’honneur d’interpréter devant vous…

Autant j’ai été ému et même souvent bouleversé par Au crépuscule de la vie, filmé la même année par Léo McCarey, mélodrame triste, désespérant, autant j’ai trouvé que Cette sacrée vérité est une pure gogoterie qui n’a pour qualité que d’être assez brève (1h27) mais qui se traîne depuis son début dans le concert des évidences. Il faudrait en effet être grandement couillon pour ne pas saisir d’emblée que les deux époux qui paraissent ne plus se supporter Jerry (Cary Grant) et Lucy Warrimer (Irene Dunne) s’aiment en fait profondément et se réconcilieront à la fin après diverses péripéties cousues de fil blanc. (suite…)

Gens de Dublin

lundi, janvier 3rd, 2022

La neige sur les pas.

Qu’est-ce que je penserais de Gens de Dublin si je ne savais que le film est une adaptation d’une des parties d’un roman de James Joyce ? Joyce dont je n’ai pas lu une seule ligne et que je ne lirai probablement jamais mais qui est tenu par beaucoup de gens en qui j’ai confiance pour un des écrivains majeurs du siècle dernier, au niveau de Marcel Proust. Au fait, d’ailleurs, pourquoi ne pas le lire ? Ah, c’est complexe ; sans doute un peu par peur de me retrouver devant une montagne que je n’aurai pas la force de gravir, parce que les cheminements sont trop compliqués et les faces trop glaçantes. Je crois qu’il est trop tard désormais pour que je m’y mette. (suite…)

Une nuit à Casablanca

dimanche, janvier 2nd, 2022

Se perd dans l’ennui.

Il me semble que je commence par la fin. Je veux dire que je regarde les films des Marx brothers en marchant sur le mauvais versant, celui de la fin de leur aventure. Sans doute me semble-t-il qu’il y a bien longtemps, j’ai vu et je me suis amusé devant Plumes de chevalLa soupe au canardUne nuit à l’OpéraPanique à l’hôtel où les trois (et quelquefois quatre) frères donnent le meilleur d’eux-mêmes, de leur verve comique, de leur dynamite intérieure. Mais c’était il y a si longtemps dans ma mémoire que j’ai à peu près tout oublié. Au fait, ne vous moquez pas, les gamins qui n’ont pas 60 ans : quand vous en aurez 15 de plus, vous ricanerez moins. (suite…)