Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Michel Strogoff

dimanche, avril 5th, 2020

Le royaume de Borée.

Ah là là, qu’est-ce que les petits enfants de France ont pu rêver aux steppes infinies, aux verstes, au knout, aux boyards, aux moujiks, aux isbas, aux cosaques, à la Sainte Russie, à tout ce que l’exotisme proche, à la fois inquiétant et séduisant qu’offrait cet immense pays qui les fascinait et qui était fasciné par nous ! De Pierre le Grand qui vint chercher à Versailles l’inspiration de Saint Pétersbourg à Alexandre III pour qui fut bâti un  des plus extraordinaires ponts de Paris, voilà une histoire d’amour confondante, à quoi Michel Strogoff n’est pas étranger ! (suite…)

Cocagne

dimanche, avril 5th, 2020

En roue libre et en pente douce.

Un très ennuyeux film qui démontre, s’il en était besoin, aux nostalgiques que le cinéma d’avant connaissait lui aussi de bien médiocres compositions…

Ça commence, et c’est le moins mauvais, par une de ces nombreuses provençalades qui sont entièrement tournées sur la galéjade, le pastis, les parties de boule, les engueulades amicales et portées par un groupe de comédiens blanchis sous le harnais. Et en premier lieu, bien sûr, par Fernandel dont la seule présence assurait aux producteurs et distributeurs un confortable petit noyau de spectateurs prêts à marcher et à se rendre dans les salles sur le seul nom de l’acteur. Et d’ailleurs il y a eu presque deux millions de gogos qui se sont laissé avoir. (suite…)

La chambre bleue

vendredi, avril 3rd, 2020

La voie des masques.

Le cinéma a fait une riche moisson dans les histoires d’amants criminels qui, constatant que leurs époux et épouse respectifs constituent une grave gêne pour leurs voluptueux radadas se résolvent, sans y voir malice, à envoyer ad patres ces obstacles exaspérants. J’ai l’assez médiocre film de Claude Chabrol Les noces rouges en tête, comme ça, sur le moment mais on devrait pouvoir en dresser une liste considérable. Une liste qui emprunterait à tous les pays et à toutes les époques. Après tout, la situation est d’une telle banalité et les velléités fantasmatiques si vraisemblables (on n’ose pas dire si compréhensibles) qu’on n’est pas mécontent de trouver représentée au cinéma une folie si commune. (suite…)

La fiancée du monstre

jeudi, avril 2nd, 2020

Le fin fond du marécage.

L’épidémie de coronavirus et le confinement subséquent n’ont pas que de mauvais côtés : comme on ne peut guère sortir de chez soi, on regarde tout ce qui passe à portée de l’œil. Tout, mais aussi n’importe quoi. Le réalisateur Ed Wood bénéficie d’une certaine notoriété auprès des amateurs de cinéma bizarre et marginal, qui est bien au delà de la série B, et confine à la série Z ; un cinéma de bric et de broc, financé avec trois francs, six sous et tourné avec des bouts de ficelle. Films qui ne se soucient ni de la vraisemblance, ni de la cohérence, qui présentent des acteurs minuscules dans des aventures un peu ridicules mais assez violentes, voire sanglantes.

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Le dimanche de la vie

mercredi, avril 1st, 2020

Sans queue ni tête, mais avec DD.

L’hétéroclite, le biscornu, le parodique font bon ménage chez lui avec la règle et l’ordre ; c’est ainsi que La Pléiade présente les Œuvres complètes de Raymond Queneau dans la célèbre collection. Est-ce que les textes de ce funambule touche-à-tout sarcastique et spirituel sont adaptables au cinéma ? Je n’en suis pas convaincu. Déjà l’adaptation par un grand réalisateur, Louis Malle, de son roman le plus célèbre, Zazie dans le métro m’avait paru bien à côté de la plaque et très décevante, ennuyeuse même. Le film a connu pourtant un bien grand succès. Mais que dire alors de ce Dimanche de la vie mis en scène par le bien moins notoire Jean Herman ? (suite…)

Hiver 54, l’Abbé Pierre

mardi, mars 31st, 2020

La part des pauvres.

Repassait hier soir à la télévision ce film un peu maladroit, un peu guindé, et en même temps un peu trop spectaculaire (c’est-à-dire sachant bien là où il faut appuyer pour émouvoir) mais qui, en même temps, met en scène un si grand personnage qu’on n’a pas le cœur de lui reprocher quelques défauts de construction et de mise en scène. Au fait, il y a tout de même quelque chose d’un peu désespérant dans ce retour au passé et nos yeux grands fermés. Le film de Denis Amar, intitulé donc Hiver 54, l’abbé Pierre date de 1989. Trente ans auparavant, en 1957 et avec les concours du véritable prêtre, Robert Darène réalisait un bien chaleureux film, Les chiffonniers d’Emmaüs. Qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce qui ne change pas dans notre monde, où, à part de rares courtes périodes, les tentes de survie et les bidonvilles ne disparaissent jamais de l’espace public ? (suite…)

Visiblement je vous aime

lundi, mars 30th, 2020

Pourquoi pas ?

Dès que j’ai saisi que le film se passait dans le lieu de vie du Gard appelé Le Coral, dirigé par Claude Sigala, une très vague petite musique de souvenir s’est mise à fredonner dans ma tête. Et comme Wikipédia est bien pratique pour réparer les trous d’une vieille mémoire, je n’ai pas eu beaucoup de mal à replonger dans la très poisseuse affaire du Coral, survenue en 1982. Une salle histoire de ballets bleus, roses ou multicolores dans ce lieu de vie. Sans doute, peut-être, une histoire montée de toutes pièces pour discréditer plusieurs politiques – et en premier lieu le mirobolant Jack Lang – une histoire qui a fait plus ou moins pschitt mais qui a tout de même valu à Sigala trois ans de prison dont un avec sursis, réduits en appel à trente mois avec sursis. Le plus vraisemblable, d’après ce que j’ai compris est que, dans la mouvance des théories libertaires issues du détestable Mai 68, il régnait dans l’établissement une totale liberté sexuelle. (suite…)

Les nuits de Montmartre

dimanche, mars 29th, 2020

Et au milieu coule une rivière…

Le dernier tiers du film, plutôt nigaud, ne doit pas faire oublier la charmante allure des débuts. On s’amuse bien à retrouver un de ces films de samedi soir qui appâtaient le chaland avec des recettes très éprouvées. Dans Les nuits de Montmartre, pour les yeux provinciaux ébaubis et ne demandant pas mieux que de l’être, il y a tout ce qu’un spectateur de Romorantin ou d’Hirson pouvait espérer trouver. D’abord quelques cartes postales initiales sur la Capitale, quelques vues de Saint Germain des Prés, Notre Dame, les arcs de triomphe du Carrousel et de l’Étoile, Le Louvre, le Sacré Cœur… Puis une incursion dans une boîte de nuit, dans un Gay Paris fantasmé où du beau monde boit du champagne en applaudissant des orchestres jazzy et des numéros de music-hall. Enfin un titre qui laisse supposer qu’il y aura au rendez-vous quelques filles bien déshabillées pour l’époque…
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Une nuit sur Terre

samedi, mars 28th, 2020

Histoires de la nuit.

Comme tous les films à sketches, dont les saynètes sont reliées entre elles par un fil ténu, Une nuit sur Terre souffre des inégalités de structure et d’inspiration entre ses différents segments. C’est bien beau de vouloir filmer, en cinq endroits et quatre langues, les pérégrinations nocturnes de conducteurs de taxis qui, en une même nuit, au même moment (mais évidemment dans des fuseaux horaires différents) patrouillent dans la nuit et sont conduits à réaliser des courses invraisemblables pour des clients singuliers. Un temps très proche du mode du taxi, j’avais été passionné par la fascination des chauffeurs de la nuit pour leur aventure. Les larges avenues vides, les lumières jaunes qui donnent à l’obscurité une allure blême et surtout les gens de la nuit qui ont, quoi qu’on en pense, une allure et une façon de vivre bizarres.

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Wilbur

vendredi, mars 27th, 2020

Aussi pesant que le ciel de Glasgow

Lone Scherfig qui a tourné Wilbur a fait ses débuts au cinéma en se classant dans le mouvement danois du Dogme95 initié par Thomas Vinterberg et Lars von Trierqui, si bizarre qu’il est ne manque pas de qualités. Mais après avoir réalisé Italian for Beginners qui, paraît-il respecte toute les prescriptions du mouvement et obéit à tous ses ukases, elle s’est dirigée vers un cinéma plus commercial, plus classique et plus sentimental. Du moins est-ce ce que j’ai lu ici et là, puisque j’ignorais jusqu’à cette après-midi l’existence de la dame. Et si j’étais resté dans l’ignorance, je ne m’en serais, d’ailleurs, pas plus mal porté. Finalement les découvertes ça va, ça vient mais souvent de mal en pis.

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