La mort qui fait le trottoir.
Je crois qu’il y a des films qu’il faut avoir de la bouteille, beaucoup de bouteille pour apprécier ; et sinon de la bouteille, du moins de la distance, c’est-à-dire la capacité de voir, au delà du récit brut, des images crues, des dialogues choquants, la volonté du metteur en scène, peut-être la leçon qu’il veut donner. Je n’étais pourtant pas un perdreau de l’année lorsque j’ai vu La grande bouffe au cinéma en 1973 et pourtant ma femme et moi avons quitté la salle bien avant la fin du film, lassés, écœurés, scandalisés par la suite ininterrompue de séquences qui nous répugnaient. Et depuis lors, depuis près de cinquante ans, je m’étais soigneusement gardé de remettre le nez chez Marco Ferreri, non pas par moralisme gnangnan mais parce que je n’avais vraiment pas envie de retrouver la sensation de dégoût de jadis. (suite…)