Vent d’Est

juin 23rd, 2025

Les corridors inouïs de l’Histoire.

On ne parle plus guère aujourd’hui de Robert Enrico qui avait pourtant commencé sa carrière de réalisateur par un chef-d’œuvre du court métrage, La rivière du hibou et l’avait émaillée de bons ou très bons films (Les grandes gueulesLe vieux fusil), de moins bons qui furent pourtant de grands succès publics (Les aventuriersBoulevard du Rhum). On lui doit aussi le tour de force d’avoir réalisé la première partie,intitulée Les années lumière, du diptyque La révolution française, financé par la mission du Bicentenaire de la Révolution de 1789 ; tour de force pour avoir montré, alors que tout le monde s’attendait à un panégyrique bêlant, toutes les saletés de cette période nauséabonde (et le deuxième volet, Les années terribles, de Richard T. Heffron enfonce encore le clou du cercueil).
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juin 21st, 2025

Récit d’artifices.

Krzysztof Kiezlowski a terminé sa carrière riche et compliquée par la fameuse trilogie Bleu/Blanc/Rouge qui se réfère à la devise française, avant d’annoncer qu’il renonçait au cinéma, de rentrer définitivement en Pologne et d’y mourir très prématurément, à 54 ans. Je découvre aujourd’hui Trois couleurs : blanc, deuxième volet de la trilogie et, à mon sens, le moins satisfaisant des trois (le meilleur étant pour moi le dernier, Trois couleurs : rouge) mais ma vision étant désormais complète, je ne vois toujours pas le lien qui assemble les trois histoires contées, très différentes dans leur esprit et dans leur lettre et moins encore le rapport avec la maxime républicaine ‘’Liberté, Égalité, Fraternité’’. Il y a sûrement de savants exégètes qui pourraient me démontrer le contraire et m’éclairer sur des rapports subtils et profonds, mais je doute qu’ils pourraient me convaincre. Read the rest of this entry »

Pas de week-end pour notre amour

juin 19th, 2025

Nullitas nullitatis et omnia nullitas.

Non, j’exagère dans mon latin de cuisine qui couronne ce message ; Pierre Montazel a été un excellent directeur de photographie de nombre de films importants (Antoine et AntoinetteTouchez pas au grisbiRazzia sur la chnoufLa chatte). Il a même mis en scène un tout à fait charmant Paris chante toujours (1951) où, de façon très artificielle mais bien bâtie se déroule dans Paris une sorte de jeu de piste empli de parenthèses chantées par les meilleurs interprètes de l’époque où Clément Duhour et Madeleine Lebeau sont évidemment promis à se tomber dans les bras, in fine, alors qu’ils étaient, à la base, profondément antagonistes. Read the rest of this entry »

Une Parisienne

juin 16th, 2025

Bergère légère.

Désormais à peu près complètement inconnu, oublié, ignoré, Michel Boisrond a pourtant rencontré une certaine notoriété lors des douces années Soixante, lorsqu’on allait au cinéma pour se distraire davantage que pour se masturber l’esprit avec des bêtises de Jean-Luc GodardIngmar Bergman ou Akira Kurosawa comme le faisaient certains, très minoritaires au demeurant. Ah certes, ce n’était guère satisfaisant et ça n’ouvrait pas beaucoup de portes intelligentes, mais c’était gentil, souriant, bien tourné, plein d’acteurs de deuxième ou troisième rang qu’on avait plaisir à reconnaître au cours des séquences. Read the rest of this entry »

La vampire nue

juin 12th, 2025

Le dessous du panier.

Jean Rollin a toujours dit, asséné, proclamé qu’il écrivait ses scénarios en écriture automatique, cette billevesée née avec les spirites cinglés de la fin du 19ème siècle et remise à la mode par ce farceur d’André Breton et son groupe surréaliste tout aussi dingo. Ça consiste à abolir tous les cadres de la raison et de la cohérence. Rollin explique qu’il voit d’abord des images frappantes, des séquences fortes ; il les tourne et les relie ensuite dans une histoire qui n’a naturellement d’autre queue ni tête que de comporter des acteurs dans un décor impressionnant (souvent réussi, d’ailleurs) et de porter, comme toujours sur le sexe et le vampirisme. Ça peut quelquefois fonctionner, à tout le moins amuser, voire séduire, mais ça ne convainc évidemment pas.

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La Boum 2

juin 10th, 2025

Eh oui, la vie passe…

Pourquoi le second volet a-t-il moins de charme que le premier alors qu’il est l’exacte suite des aventures et de l’éveil à la vie sentimentale de Victoire Vic Berreton à qui Sophie Marceau prête sa beauté adolescente ? Alors que sont à nouveau à l’écran les protagonistes de la première Boum, Claude BrasseurBrigitte FosseyDenise Grey et les deux petites pestes délicieuses, les deux sœurs Pénélope (Sheila O’Connor) et Samantha (Alexandra Gonin) ? Pourquoi, alors que le film est plein des notations subtiles et de dialogues spirituels, souvent pétillants ? Read the rest of this entry »

Les souliers de Saint-Pierre

juin 5th, 2025

Un fou furieux.

Ça doit être un sourire narquois du Bon Dieu ! Voilà qu’il m’est donné de regarder Les souliers de Saint Pierre quelques semaines après que j’ai vu Conclave d’Edward Berger et surtout que j’ai suivi avec un infini intérêt l’élection au Siège de Pierre de notre nouveau Pape Léon XIV. Le film de l’assez terne Michael Anderson a connu un assez grand succès en 1968. Bâti sur un de ces romans étasuniens du polygraphe Morris West, qui font la joie des plagistes et des libraires, compte tenu de leur grand nombre de pages en gros caractères, propices aux lectures d’été, le film, doté de confortables moyens financiers et d’une distribution sévèrement bornée ne manque pas de qualités. Read the rest of this entry »

Joë Caligula

mai 30th, 2025

Médiocrité absolue et satisfaite.

Quand j’avais quinze ou seize ans, en 62 ou 63, que le cinéma avait déjà éclaté entre sénateurs tranquilles et bien pourvus de la Qualité française et jeunes loups dévorants de la Nouvelle vague à qui étaient dévolues les grandes salles d’exclusivité, il y avait des kyrielles de cinémas de troisième rang qui vivotaient, aussi bien dans les centres ville que dans les périphéries. Y passaient des films de bric et de broc, des péplums fauchés, de la science-fiction bricolée avec des bouts de plastique, des comiques crapoteux.

Mais ce qui fonctionnait le mieux, finalement, à nos yeux de petits bourgeois à la sexualité puissante et frustrée, c’étaient les films de police ou d’espionnage qui comportaient des scènes sexy, avec, ici et là, en arrière-plan une paire de seins ou une paire de fesses, un strip-tease assez sage et une bonne quantité de scènes de lit dotés de draps bienveillants et – si je puis dire – prudes. Read the rest of this entry »

Tenue de soirée

mai 26th, 2025

Pour mettre mal à l’aise…

On peut bien se demander quelle place Bertrand Blier pourra laisser dans le cinéma français et même si, dans dix, vingt ou trente ans, une trace subsistera. Bien sûr, on citera avec jactance Les valseuses, parce que le succès public, l’irruption de deux talents exceptionnels, Patrick Dewaere et Gérard Depardieu dans le paysage de l’époque, la grossièreté provocante du récit, la virtuosité de la mise en scène ont marqué durablement nos souvenirs ; mais pour le reste ? Je pencherais volontiers pour l’outrance inaccoutumée et les séquences dégoutantes de Calmos … Mais ce sont bien souvent des films qui partent à cent à l’heure puis s’essoufflent sans que les promesses initiales puissent satisfaire le spectateur.

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Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes

mai 19th, 2025

Rouges baisers.

Au moment de la sortie du film, qui a eu un certain succès, dû notamment à son titre provocant et peut-être aussi à une certaine nostalgie des spectateurs de 1993 pour la France simple à comprendre de 1958 (simple à comprendre ne veut pas dire tranquille et apaisée), à ce moment-là je crois avoir lu dans les gazettes que l’auteur du film, Jean-Jacques Zilbermann, l’avait réalisé en hommage affectueux à sa mère et en se rappelant ce qu’il avait vécu.
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