Susana la perverse

février 10th, 2024

Vipère dans la maison.

Dans la cruelle, violente, méchante période mexicaine de Luis BuñuelSusana la perverse intervient juste après le grand drame pesant Los Olvidados qui se penche sur les horreurs de la ville métropole sauvage. Le film suivant s’ancre dans la campagne, précisément dans une hacienda qu’on peut juger assez prospère, opulente, bien tenue, pleine de servantes déférentes et d’ouvriers agricoles (peines) qui obéissent au doigt et à l’œil aux ordres du propriétaire, grand seigneur rural que tous respectent. Read the rest of this entry »

Quartier des cerises

février 7th, 2024
Terra incognita.

 

Alors que depuis les désastreux accords Blum/Byrnesdu 28 mai 1946, notre France est inondée par le cinéma des États-Unis qui ne se sont pas contentés de nous envoyer des chefs-d’œuvre mais nous ont refilé leur tout-venant, nous avons bien peu reçu de films soviétiques pendant la même période. Il est vrai qu’au-delà des cercles communistes militants de France-U.R.S.S., nous nourrissions une certaine méfiance pour un cinéma jugé idéologique (comme si celui de l’Oncle Sam ne l’était pas !). Certes les cinéphiles connaissaient les noms de Poudovkine ou de l’admirable Eisenstein ; certes franchissaient de temps en temps les frontières les merveilles de Kalatozov, de Bondartchouk, d’Andrei Tarkovsky, de Paradjanov. Plus tard les films de Pavel Lounguine, d’Andrey Konchalovskiy et bien sûr de l’impeccable Nikita Mikhalkov.

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L’homme au complet blanc

février 2nd, 2024

L’obsolescence programmée.

Il y a eu un moment délicieux dans l’histoire d’Angleterre. À la fin de leur domination impériale traduite en 1947 par l’indépendance de l’Inde, grand machin inutile et consternant, notre voisine d’Outre-Manche qui pensait avoir gagné la Guerre (comme nous l’avions pensé en 1919) a produit une kyrielle de films intéressants. Des films où elle s’affirmait indépendante de ses voisins et enfançons étasuniens, où elle apportait du piment, de la verve, de l’imagination au cinéma. Tout n’était pas de haute qualité, mais on pouvait s’étonner, même se réjouir de cette typique excentricité britannique qui n’a pas de correspondance de l’autre côté du Channel. Read the rest of this entry »

Le criminel

janvier 28th, 2024

Et on tuera tous les affreux…

D’après ce que je lis, le scénario du Criminel a été nommé aux Oscars de 1947. Voilà qui prouve, s’il en était besoin, que ces célébrations, où la profession se retrouve et s’autocongratule, n’ont absolument aucune autre importance que médiatique. Qu’elles ne sont, en tout cas, jamais gage de qualité ou de profondeur. Car c’est assurément le scénario qui plombe gravement le film de commande d’Orson Welles et le ravale au rang d’une production plutôt banale. Production à peine sauvée par la qualité de la distribution – Welles en premier lieu, mais aussi Edward G. Robinson et la très jolie Loretta Young -. Read the rest of this entry »

Là-haut

janvier 26th, 2024

Le magasin des rêves.

Comme nos petits-enfants nous avaient été confiés hier soir nous avons regardé Là-haut. Plus spontanément et sans le genre de contraintes lorsqu’un petit garçon de 4 ans (presque et demi) et une plus grande fille, se réfugient tendrement dans vos bras, j’aurais assurément regardé autre chose. Un truc un peu sanglant, ou un peu décalé, ou un peu glauque : mes goûts habituels, quoi… Mais là, j’étais bien contraint par la configuration familiale de me plonger dans un dessin animé. Et lorsque j’écris dessin animé, je me réfère à ceux que j’ai vus, émerveillé, lorsque j’avais l’âge de mes petits : Blanche NeigeCendrillonLa belle au bois dormant. Read the rest of this entry »

Dahmer le cannibale

janvier 22nd, 2024

Glauque fouillis.

Les maniaques, les assassins compulsifs, les pervers, les cinglés sont légion, certainement depuis le début de l’Humanité. Il existe d’ailleurs sûrement un ouvrage qui dresse la nomenclature de ces noms fous, depuis Gilles de Rais, depuis Vlad Drakul, depuis Erszebet Bathory, depuis des tas d’autres.

Mais il faut aussi remarquer que les États-Unis (étendue du territoire ? pesanteur du protestantisme rigoriste ?) réunissent une collection assez remarquable de monstres spectaculaires. En tout cas beaucoup des serial killers du 20ème siècle en sont issus. Read the rest of this entry »

Seule contre la Mafia

janvier 20th, 2024

Les tentacules de La Piovra.

On est à peine étonné que Seule contre la mafia soit inspiré d’une histoire vraie : le film, d’ailleurs, a presque un côté documentaire et expose de façon très claire le processus de paralysie infligé par la Mafia à toute une population. Les gens sont à la fois rassurés par l’existence d’un ordre – injuste mais gage de stabilité – et terrifiés par la menace insidieuse ou, s’il le faut, plus explicite que la Pieuvre fait peser sur eux. Contre-société parfaitement organisée qui ne s’embarrasse pas de scrupules et – surtout ! – de formalités. L’allégeance au capo, au patron reconnu vaut protection absolue, faveurs diverses, passe-droits et avantages. Terrible, non ? Être du bon côté… ou n’être rien. Read the rest of this entry »

Romance

janvier 15th, 2024

Nos amis les cinglés.

Voilà un film bien dégoutant. Non pas du fait des nudités, des scènes pornographiques, des bizarreries sexuelles sadomasochistes qui ne sont pas si rares que ça au cinéma. D’autant que je ne suis pas particulièrement prude ou bégueule et que je connais les plaisirs du plaisir ! Non, tout cela fait partie de la vie, fait partie du monde. Mais parce que c’est sérieux, grave, compassé et surtout, surtout pontifiant, de ce ton qui vous prend de haut et tente de vous montrer, avec une considérable jactance, que vous n’êtes qu’un pauvre petit bonhomme et qu’on est, soi, une sorte de modèle inspiré qui va vous apprendre plein de choses sur les hommes, les femmes et l’existence. Read the rest of this entry »

Le petit matin

janvier 12th, 2024

Fumée vaporeuse.

Mon Dieu, quel film ridicule, célébré ici et là par des admirateurs biscornus, qui ont trouvé en lui des raisons de s’émerveiller devant un récit niais, une musique aussi larmoyante qu’emphatique due au misérable Francis Lai, l’auteur des grotesques mélodies des films de l’affreux Claude Lelouch. Comment concevoir qu’une telle quantité de messages adulateurs vienne s’étager ici pour célébrer une nullité qui ne parvient jamais à donner du souffle à un récit parcimonieux, même un peu minable ? Read the rest of this entry »

Les mauvaises rencontres

janvier 9th, 2024

Fumée légère.

Je suis bien embêté d’avoir vu ce film, plus encore de me donner l’obligation de commenter ce que j’ai vu : parce que Les mauvaises rencontres est une œuvre d’Alexandre Astres et parce qu’il a été adapté par le réalisateur et Roland Laudenbach d’un roman de Cécil Saint-Laurent. Or il se trouve que, du fait des hasards de la vie, j’ai rencontré deux fois Astruc, homme d’une grande cordialité qui, ne pouvant presque plus filmer s’était tourné, avec un certain succès vers l’écriture ; et plus encore j’ai passé des heures merveilleuses à la brasserie Lipp boulevard Saint-Germain, à boire des whiskies avec Jacques Laurent.

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