Teddy

novembre 11th, 2021

La règle du jeu.

Je ne suis pas très féru d’histoires de loups-garous, je l’ai dit cent fois. La fatalité qui tombe comme une enclume sur le dos d’un pauvre type qui n’y peut pas grand chose et qui l’entraîne fatalement à devenir de temps à autre une bête immonde me semble un procédé assez facile. Ou plutôt beaucoup moins séduisant que l’horreur volontairement choisie en fascination pour le Mal par des personnages pleinement conscients qu’ils fricotent avec Satan et qu’ils le rejoindront dans la géhenne infernale. Cela dit, toute orientation nouvelle sur un mythe, tout regard posé avec originalité sur une histoire dont le dénouement affreux est prévisible mais les moyens de l’atteindre inédits est intéressant. Read the rest of this entry »

Les Olympiades

novembre 6th, 2021

Égarements des cœurs et des corps.

Il y avait deux raisons pour moi, d’aller voir ce drôle de film incertain. La première, bien anecdotique, c’est que nous avons vécu, en famille, huit années, de 1975 à 1983, au 22ème étage d’une des tours de cet ensemble immobilier des Olympiades, dont tous les immeubles portaient le nom d’une des cités qui avaient reçu les Jeux Olympiques. La nôtre était la tour Anvers (JO de 1920) et, hormis des appartements de fonction en province, nous n’avons jamais eu de plus agréable résidence. Notre appartement, vaste et bien composé était orienté Nord-Ouest, ce qui permettait à la fois une vue sur l’immensité et la beauté de Paris et sur des couchers de soleil somptueux ; je pensais donc que nous allions, 35 ans plus tard, revenir un peu dans un quartier très apprécié.

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Orphée

novembre 3rd, 2021

Vanité incantatoire.

On peut penser que Jean Cocteau avait trop de talents divers pour en posséder un seul éclatant. Touche-à-tout de génie, selon ses admirateurs, il laisse, de fait, encore une trace, mais bien davantage comme celle d’un prince désinvolte qui éblouit les jeunes générations de son époque, un lanceur de modes éphémères, un poète dont on serait aujourd’hui bien en peine de citer trois strophes, un romancier oublié, un cinéaste dont on ne se rappelle que La Belle et la Bête, qui doit tout à l’originalité du conte de fées écrit par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont et au talent baroque envahissant du décorateur Christian Bérard. Read the rest of this entry »

La femme et le pantin

octobre 31st, 2021

Orgueils et préjugés.

Je tiens Julien Duvivier pour le plus grand réalisateur français,  à égalité avec Henri-Georges Clouzot et Jacques Becker ; mais il a eu une carrière assez inégale : c’est qu’il ne concevait pas de vivre sans tourner et il a tourné beaucoup. Deux ou trois films par an, ça ne lui faisait pas peur et cette boulimie l’amenait à accepter de mettre en scène des histoires qui l’indifféraient, avec des acteurs qu’il n’avait pas choisis. C’est ainsi qu’après avoir réalisé en deux ans Voici le temps des assassinsPot-BouilleL’homme à l’imperméable, films grinçants, sarcastiques, tragiques, il s’est trouvé un peu désœuvré. Ce qui ne lui était pas concevable. Read the rest of this entry »

La villa

octobre 28th, 2021

La fuite des espérances.

Autant le dire et le répéter : j’aime le pur, le naïf, le magnifique Robert Guédiguian et ce n’est pas parce que nos options politiques sont opposées que je rejette l’immense tendresse que je ressens pour ses films et ses désillusions. Guédiguian qui est tout, sauf un imbécile, charrie en lui, sans en être tout à fait dupe, une fascination merveilleuse et un peu ridicule pour une espérance folle, qui fut importante dans l’histoire du monde et que la réalité a remis à sa place. Non, on ne change pas la nature humaine, cher Guédiguian et qui veut faire l’ange fait la bête, on le sait depuis (et avant même) Blaise Pascal. Toutes les tentatives vouées à se sortir de l’élémentaire Humanité sont promises à l’échec.

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Les contes de la lune vague après la pluie

octobre 25th, 2021

Machin nippon.

Malgré mon ignorance et ma totale indifférence pour le Japon, sa culture, sa mentalité et même son existence, j’avais depuis longtemps résolu de regarder Les contes de la lune vague après la pluie. Pourquoi ? Exclusivement grâce au beau titre français, aux sonorités mélodieuses. Mais on devrait toujours se méfier de ce genre de curiosités bienveillantes : finalement, Mizoguchi, c’est aussi étranger et enquiquinant que tous les autres, Ozu ou Kurosawa ; ça se passe dans des contrées si exotiques qu’on n’en comprend rien, sur des modes et des rythmes qui sont si éloignés des nôtres qu’on doute vraiment qu’un Occidental puisse y piger quelque chose. Mais enfin, il y a toujours des gogos qui marchent dans l’exotisme.
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Il Bidone

octobre 22nd, 2021

Tragédie d’un homme ridicule.

I Vitelloni, réalisé en 1953, montrait avec talent la vacuité des bandes de parasites incapables de construire leur vie. Il bidone, réalisé en 1955, représente l’infinie médiocrité d’escrocs à la petite semaine qui profitent petitement, méprisablement, de pauvres gens qu’ils grugent. Le film est souvent pathétique et même quelquefois glaçant. C’est vraiment le récit de la vie de minables qui, même s’ils se rendent compte de la saleté de leur existence ne peuvent pas à parvenir à s’en sortir. C’est un film qui pèse parce qu’il présente la réalité cinglante de la vie, les fausses bonnes raisons qu’on se donne, les accommodements avec la conscience, les tripatouillages avec sa morale. Read the rest of this entry »

Aux frontières de l’aube

octobre 20th, 2021

Retiens la nuit !

Voilà un film qui a l’intelligente disposition d’esprit de ne pas présenter les vampires comme de pauvres créatures vouées par une sorte de malédiction dont elles ne sont pas responsables à accomplir des actes abominables. Celles que Kathryn Bigelow présente dans Aux frontières de l’aube ont été happées sans le vouloir dans le cycle infernal des tueries, mais paraissent n’avoir aucun regret de leurs vies d’auparavant et se satisfaire avec volupté de leurs existences nocturnes de tueries. C’est déjà un bon point pour un film souvent maladroit et boursoufflé d’incohérences narratives, mais bien agréable à regarder et plein d’images magnifiques. Read the rest of this entry »

Kursk

octobre 16th, 2021

De l’air !

Même si l’on n’est pas soi-même particulièrement claustrophobe, on ne se sent pas vraiment à l’aise à l’intérieur d’un gros tube de métal immergé dans la mer glauque. Le cinéma ne déteste pas nous plonger dans les profondeurs abyssales, mais il faut bien dire que les conditions de vie présentées dans Les maudits de René Clément (1947) ou dans 20000 lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954) ne donnent pas une idée bien anxiogène de la réalité. Celle-ci est davantage montrée dans l’assez médiocre – à mon sens – Poursuite d’Octobre rouge de John McTiernan (1990) et le très précis Chant du loup d’Antonin Baudry (2019). Read the rest of this entry »

Le carnaval des âmes

octobre 14th, 2021

Le jour des morts-vivants.

Il fut un temps où nous recevions des États-Unis des films étranges et intéressants, des films un peu fauchés, plutôt minimaux et qui n’avaient rien à voir avec les blockbusters hollywoodiens, parfaites illustrations du mondialisme ambiant actuel. Il fut un temps où les réalisateurs ne se souciaient pas tellement de faire du cash un peu partout sur la terre mais davantage de présenter une réalité. À quoi puis-je penser en écrivant cela ? Par exemple à 2000 maniaques de Herschell Gordon Lewis : une photographie sarcastique de l’Amérique profonde, sans jugement moraliste et niais. Read the rest of this entry »