En regardant un film d’une aussi terrifiante nullité, puéril et violent tout à la fois, manquant de tout rythme et de toute idée, joué par quelques uns des plus mauvais acteurs du cinéma français (le pitoyable Darry Cowl, Henri Vidal
, aussi figé que possible, René Lefèvre
, dont la mine niaise surnage du Crime de Monsieur Lange
par la seule magie du talent de Jean Renoir
), en regardant d’un œil navré cette accumulation de bêtises, on en vient presque à comprendre les propos iconoclastes des cinéastes de la Nouvelle Vague… (suite…)
Archive for juillet, 2011
Sois belle et tais-toi !
dimanche, juillet 31st, 2011Vive le Tour
samedi, juillet 30th, 20116/6 à un film de documentaire de 18 minutes ? Ça va pas la tête ?
Et si, ça va très bien, en tout cas si on considère que le Tour de France, c’est un peu comme le défilé du 14 Juillet, un truc qui façonne profondément la mémoire de notre pays, même si on ne s’intéresse pas beaucoup au cyclisme, et même si on apprécie modérément la musique militaire ; on peut ne pas comprendre, si l’on n’est pas imprégné de la substance de ce pays, ce qui n’est en aucun cas un jugement de valeur, mais une simple observation (mais faudrait pas la ramener ensuite en se présentant au suffrage) … (suite…)
Le mariage de Chiffon
samedi, juillet 23rd, 2011Odette Joyeux, charmant petit monstre.
Il y aurait un parallèle très intéressant à dresser : celui du Mariage de Chiffon et de Douce
, tous deux de Claude Autant-Lara
, tous deux adaptés d’un roman par le même Jean Aurenche
, avec la même Odette Joyeux
.
Douce, qui est un grand chef-d’œuvre, est un film absolument noir, absolument tragique. Le mariage de Chiffon
est une comédie légère, qui n’évite pas, dans deux ou trois scènes, de tomber dans le vaudeville. Et pourtant, dans les deux films il y a cet ennui pesant des jeunes filles du monde, des jeunes filles des années d’avant la Grande guerre, des jeunes filles qui rêvaient à l’amour sans guère savoir ce que ça pouvait être, avant de s’engager dans un mariage qu’on réglait pour elles. (suite…)
Lost Highway
mardi, juillet 19th, 2011Les points de vue très intéressants développés ici et là par les passionnés nous laissent de toute façon désemparés : qu’est ce qu’il y a dans les films de David Lynch, qu’est-ce qu’il y a dans Lost Highway
pour nous décontenancer autant et nous fasciner autour d’histoires qui n’ont ni début, ni fin, ni cohérence, ni raison, et qui nous paraissent pourtant, malgré la part faite à l’irrationnel, si ancrées dans un des cercles de notre réalité ? (suite…)
O’Brother
dimanche, juillet 17th, 2011Slapstick !
En fait, O’ Brother, c’est une transposition de dessin animé, pleine d’invraisemblances, de folies, de gags absurdes et délicieux, de situations hystériques, de personnages ahuris ou fous furieux, et c’est ce qui en fait le charme.
Un petit charme, à dire vrai. Le film est un soupçon trop long, s’emberlificote à sa fin dans des marécages trop convenus pour être honnêtes et ne donne pas la même sensation de plaisir que Fargo ou même Barton Fink
.
Allo Berlin ? Ici Paris
vendredi, juillet 15th, 2011Qui pourrait se douter, en voyant ce bien pâlot Allô Berlin ? Ici Paris, tourné en 1932, que Julien Duvivier
allait réaliser dans les cinq ans qui suivaient La bandera
, La belle équipe
, Pépé le Moko
, Carnet de bal
, La fin du jour
, quelques uns des films les plus forts et les plus importants du cinéma français ? Et, même qu’il était l’auteur, auparavant, d’un excellent David Golder
? (suite…)
Ascenseur pour l’échafaud
mardi, juillet 12th, 2011Un film magnifique, maîtrisé du début à la fin, muni de ce style si particulier de Louis Malle, qui sait instiller le malaise comme personne.
Le scénario est bluffant d’ingéniosité et de sophistication, habile, très intelligent, coinçant les protagonistes dans une sorte de cage dont personne ne peut sortir, pas plus que Julien Tavernier (Maurice Ronet) ne peut sortir de l’ascenseur dans lequel il est bouclé pour la nuit. Loin des architectures compliquées et artificielles d’un Sébastien Japrisot
, il fonctionne comme une mécanique implacable et évidente. (suite…)
Soleil vert
dimanche, juillet 10th, 2011Si les khmers verts de l’écologie avaient un tant soit peu de culture cinématographique, voilà un film qu’ils devraient mettre à honneur de diffuser avant les prochaines élections présidentielles, pour nous faire ressentir le frisson de l’horreur et prêcher leur discours catastrophiste sur l’avenir de l’Humanité. (suite…)
Jamais le dimanche
vendredi, juillet 8th, 2011Je n’avais pas revu le film depuis quarante ans et m’étais laissé emporter, dans mon souvenir, par les images dorées (bien qu’elles fussent en noir et blanc) de la joie de vivre grecque et par la musique trépidante, et alors si innovante, si exotique de Manos Hadjidakis (je doute que quelqu’un puisse prétendre n’avoir jamais entendu la chanson Les enfants du Pirée, qu’elle soit interprétée par Melina Mercouri
, Dalida
ou, plus récemment par le groupe Pink Martini. (suite…)
Deux hommes dans Manhattan
lundi, juillet 4th, 2011Je crois que Jean-Pierre Melville, qui avait un peu tâtonné pour trouver son style, mais avait enfin mis la main dessus et ne le lâcherait plus, s’est infiniment fait plaisir en tournant Deux hommes dans Manhattan
, en écrivant le scénario et les dialogues, en interprétant lui-même le personnage principal et en mettant en scène son Amérique rêvée, tout cela avec une éblouissante partition musicale écrite par Christian Chevallier et Martial Solal, aux accents d’un jazz souvent déchirant.
Cela étant posé, il faut bien admettre que les qualités principales de Melville ne sont pas dans l’écriture ; et José Giovanni
, qui avait la dent dure, lui reprocha ainsi d’avoir porté trop en solitaire son dernier film, Un flic
en 1972, qui fut un échec cinglant. En revanche, quelle maîtrise admirable des ambiances, du rythme, des bruits (il y aurait tout un chapitre à faire sur les bruits extraordinairement présents de Deux hommes dans Manhattan
: bruit des téléscripteurs et des machines à écrire des bureaux de l’Agence France-Presse, bruit de la circulation automobile incessante de New-York, bruit de l’électrophone qui tourne à vide sur un microsillon lors de la découverte du corps de Fèvre-Berthier). (suite…)