Krzysztof Kiezlowski a terminé sa carrière riche et compliquée par la fameuse trilogie Bleu/Blanc/Rouge qui se réfère à la devise française, avant d’annoncer qu’il renonçait au cinéma, de rentrer définitivement en Pologne et d’y mourir très prématurément, à 54 ans. Je découvre aujourd’hui Trois couleurs : blanc, deuxième volet de la trilogie et, à mon sens, le moins satisfaisant des trois (le meilleur étant pour moi le dernier, Trois couleurs : rouge) mais ma vision étant désormais complète, je ne vois toujours pas le lien qui assemble les trois histoires contées, très différentes dans leur esprit et dans leur lettre et moins encore le rapport avec la maxime républicaine ‘’Liberté, Égalité, Fraternité’’. Il y a sûrement de savants exégètes qui pourraient me démontrer le contraire et m’éclairer sur des rapports subtils et profonds, mais je doute qu’ils pourraient me convaincre. (suite…)
Archive for the ‘Non classé’ Category
Joë Caligula
vendredi, mai 30th, 2025Médiocrité absolue et satisfaite.
Quand j’avais quinze ou seize ans, en 62 ou 63, que le cinéma avait déjà éclaté entre sénateurs tranquilles et bien pourvus de la Qualité française et jeunes loups dévorants de la Nouvelle vague à qui étaient dévolues les grandes salles d’exclusivité, il y avait des kyrielles de cinémas de troisième rang qui vivotaient, aussi bien dans les centres ville que dans les périphéries. Y passaient des films de bric et de broc, des péplums fauchés, de la science-fiction bricolée avec des bouts de plastique, des comiques crapoteux.
Mais ce qui fonctionnait le mieux, finalement, à nos yeux de petits bourgeois à la sexualité puissante et frustrée, c’étaient les films de police ou d’espionnage qui comportaient des scènes sexy, avec, ici et là, en arrière-plan une paire de seins ou une paire de fesses, un strip-tease assez sage et une bonne quantité de scènes de lit dotés de draps bienveillants et – si je puis dire – prudes. (suite…)
Conclave
lundi, avril 21st, 2025Un nouveau Pape est appelé à régner.
L’actualité immédiate a donné une bouffée d’audience au film de 2024 du réalisateur étasunio-allemand Edward Berger, couronné de distinctions internationales (Golden globe, 4 Bafta, 8 nominations aux Oscars et obtention du trophée du Meilleur film). Comme son nom l’indique Conclave dépeint les quelques semaines qui suivent la disparition du Pape régnant et l’élection de son successeur. (suite…)
Le silencieux
mercredi, novembre 20th, 2024J’avais jadis pensé que Le silencieux avait quelque rapport avec L’armée des ombres ; sans doute la présence écrasante de Lino Ventura et ce sentiment d’inéluctabilité qui envahit peu à peu le récit, l’enclot, le paralyse, le rend absolument étouffant peut d’une certaine façon y faire songer. Mais, par ailleurs, il n’y a pas de rapport entre Philippe Gerbier, qui s’est engagé consciemment, avec une détermination admirable dans la Résistance et Clément Tibère qui d’emblée a été joué, manipulé, dévasté comme une marionnette qu’il sera jusqu’à la fin dans le jeu d’échecs (et de dupes) sanglants qui, à l’acmé de la Guerre froide, oppose les espionnages des Grandes puissances. (suite…)
Baratin
mercredi, octobre 9th, 2024Comme il y a bien longtemps que je ne vais plus au cinéma voir chaque semaine la quinzaine de films qui s’éparpillent sur les écrans, je ne suis pas franchement capable de dire si les réalisations d’aujourd’hui peuvent être aussi médiocres que celles d’il y a presque 70 ans. Les vieux machins de mon genre ont souvent tendance à dire (un peu moins à croire) que le cinéma de jadis était un art majuscule constellé de chefs d’œuvre. Et qu’ainsi, en 1956, date de sortie de Baratin dont je me propose de vous entretenir, on ne voyait dans les salles que Michel Strogoff de Carmine Gallone, que Guerre et Paix, de King Vidor, que Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy, que La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara, que Le Chanteur de Mexico de Richard Pottier, que Le monde du silence de Jacques-Yves Cousteau, que La Fureur de vivre de Nicholas Ray que Trapèze de Carol Reed, que Gervaise de René Clément… Quelques grands films, quelques films très remarquables. (suite…)
La fièvre du samedi soir
mardi, septembre 17th, 2024J’imaginais, sans avoir jamais vu le film jusqu’alors que La fièvre du samedi soir (1977) était de la même eau que Grease, sorti l’année suivante, c’est-à-dire une sorte de comédie musicale disco légère et dansante, pleine de séquences virtuoses et un peu ringardes. Une histoire de collégiens adolescents qui font des bêtises guère méchantes, se chipent les jolies filles et trompent leur ennui dans les interminables bourgades des États-Unis. Ce qui est resté du film, presque cinquante ans après sa sortie, sa bande musicale et les chansons trépidantes (principalement des Bee gees) me confortait dans ce préjugé. (suite…)
Les demoiselles ont eu 25 ans
samedi, septembre 7th, 2024La création de la ville de Rochefort a été décidée par Louis XIV afin d’y établir un arsenal maritime. Son architecture classique, rigoureuse, d’une grande beauté fière porte les traces de sa prospérité passée. Une prospérité fondée sur les activités militaires, mais aussi sur le commerce avec les Antilles et sur le grand nombre d’écoles jadis navales et aujourd’hui aéronautiques et de gendarmerie. Constellée de monuments historiques classés ou inscrits, elle est organisée autour de la place Colbert dans un plan à damier. (suite…)
La strada
lundi, septembre 2nd, 2024Découvrir le cinéma de Federico Fellini avec La Strada; parce qu’on a alors 8 ou 12 ans, le retrouver vingt-cinq ans plus tard en DVD dans la médiocre retranscription française sabotée par l’affreux René Château ; faire cela un soir de mauvaise humeur ; et de cette façon en écrire un méchant avis assez puéril ; se le reprocher parce que l’on est un être scrupuleux et exigeant ; se dire que désormais; les années passées on a suffisamment exploré le continent fellinien et que, même si on ne lui a jamais trouvé les pics et les éminences qu’on aurait espéré y déceler, on peut l’avoir apprécié de plus en plus et aussi lui trouver, grâce à La dolce Vita ou à Et vogue le navire d’immenses qualités… (suite…)
Les gueux au Paradis
samedi, juin 15th, 2024Je ne suis pas très féru de Fernandel qui a tourné tant et tant de bêtises où lui était laissée la bride sur le cou que l’on pourrait compter sur les doigts des deux mains ses rôles de qualité, au milieu d’une jungle de plus de 120 films dont peu demeureront à la postérité. Mais – soyons clair – l’acteur pouvait être quelquefois exceptionnel quand il était tenu par un grand texte (Marcel Pagnol) ou un grand réalisateur (Claude Autant-Lara ou Julien Duvivier). En contraste Jules Raimu n’a pas raté grand chose, même s’il s’est laissé quelquefois entraîner vers de petits films sans importance ; pourtant, quelle constance dans le talent ! (suite…)
Princesse Tam-Tam
lundi, mai 27th, 2024J’ai une tendresse et une admiration particulières pour Joséphine Baker, qui a vécu une existence extraordinaire, multiple et même multicolore. Vedette adulée du music-hall, meneuse de revues, grande amoureuse (dont Georges Simenon), femme de cœur mère adoptive de sa tribu arc-en-ciel, douze enfants de toutes origines, inlassable et courageuse, à la fois castriste et gaulliste. Elle a reçu l’hommage de la Nation en novembre 2021, ce qu’elle méritait fort, parce que son action dans la Résistance était due à l’amour et à la reconnaissance qu’elle portait à la France et non, comme un récent panthéonisé à la seule obéissance aux ordres du Komintern. (suite…)