Archive for décembre, 2015

La guerre des boutons

jeudi, décembre 31st, 2015

artoff4949 La craie sur le tableau noir.

Le livre de Louis Pergaud, sa verve, sa truculence et les nostalgies d’enfance qu’il suscite ont eu un tel impact dans l’imaginaire collectif français qu’il n’y a rien d’étonnant qu’il ait donné lieu à tant d’adaptations. Précédée par La guerre des gosses de l’inconnu Jacques Daroy en 1936, celle d’Yves Robert est la deuxième en date et la plus connue et célébrée. Et, invraisemblablement, elle a été suivie par deux films sortis en septembre 2011, à huit jours de distance : on voit par là que le cinéma français est volontiers suicidaire. D’abord, La guerre des boutons de Yann Samuell. Puis La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier. Notons que celui-ci s’est construit une spécialité de piratages et de détournements de succès du passé : après Les choristes en 2004, démarque mignonnette de La cage aux rossignols de Jean Dréville en 1945, il a commis un salmigondis populiste et bien-pensant, Faubourg 36 qui prétendait reconstituer l’esprit de La belle équipe. Et il s’est donc ensuite attaqué à une lourde trahison du livre de Louis Pergaud. Dès que, sur mon écran de télévision, j’ai vu surgir, au milieu des peignées que se fichent Longevernes et Velrans, la figure culpabilisante, moralisatrice et quasiment obligée de l’adolescente juive persécutée (car l’action est transposée pendant la Guerre, comme dans tout téléfilm qui se respecte en méprisant son public), dès que j’ai vu cette sinistre mascarade, j’ai évidemment zappé. (suite…)

Les jeunes loups

mardi, décembre 29th, 2015

les_jeunes_loups_1968_-5e09f À la poursuite de la jeunesse.

Les jeunes loups sont sortis sur les écrans au début du mois d’avril 1968. Quelques jours plus tard les effluves puissants des gaz lacrymogènes emplissaient les rues de Paris. Ces effluves enterraient pour longtemps un film que la critique n’avait pas apprécié et qui ne survivait depuis lors que par la réputation de son réalisateur et par la chanson I’ll Never Leave You, interprétée par Nicole Croisille, baptisée pour la circonstance Tuesday Jackson, pour faire chic et anglo-saxon. (suite…)

Fantômes à Rome

vendredi, décembre 25th, 2015

allocine-1883622-tt-width-600-height-800-lazyload-1-crop-1-bgcolor-000000Léger comme un esprit malin.

On écrirait volontiers de Fantômes à Rome que c’est un film gentil et agréable si les deux adjectifs assemblés ne risquaient pas de confiner le film de Pietrangeli du côté mièvre de la comédie. Alors que ce n’est pas du tout ça : c’est gai, enlevé, spirituel, joliment interprété, le scénario est inventif et intelligent et l’esprit du propos est excellent : de sales corrupteurs enlaidisseurs sont obligés de céder à la coalition bienvenue des occupants traditionnels du palais, fantômes et vivants, maîtres et serviteurs mêlés. Et les corrupteurs sauvages, qui plus est, qui ne connaissent d’autre ressort que les liasses de billets, sont roulés de façon rocambolesque au bénéfice de la protection des monuments historiques et des œuvres d’art, avec, en passant une amusante satire des experts picturaux. (suite…)

Chaînes conjugales

dimanche, décembre 20th, 2015

artoff1547Les trois visages d’Ève

Il y a bien (presque) toujours quelque chose qui me bloque un peu chez Joseph Mankiewicz et qui m’empêche de le tenir, comme beaucoup d’amateurs distingués le font, au rang des plus grands. C’est assez curieux : j’ai vu une dizaine de ses films – c’est-à-dire à peu près la moitié de son parcours de réalisateur, qui n’est pas très abondant – j’ai presque chaque fois apprécié, quelquefois même beaucoup (Ève, L’aventure de Mme Muir, L’affaire Cicéron). Et pourtant je ne suis jamais parvenu à mettre la note maximale et, a fortiori, à aller jusqu’au chef-d’œuvre. (suite…)

La famille Bélier

dimanche, décembre 20th, 2015

La-famille-belierRecette immanquable de fin d’année.

Supposons que vous soyez un réalisateur un peu roublard qui a connu déjà un certain succès avec un film qui ne manque pas tout à fait d’intérêt, L’homme qui voulait vivre sa vie ; vous êtes Éric Lartigau et vous vous dites qu’il doit bien y avoir des recettes pour décrocher un plus gros cocotier et gagner plein de picaillons.

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Cause toujours, tu m’intéresses

jeudi, décembre 17th, 2015

18657935Trop gentil.

Supposons qu’Édouard Molinaro, réalisateur et Francis Veber, scénariste possèdent un peu davantage que leur talent habituel : un talent réel, aimable, mais trop léger, trop souriant, trop désinvolte pour tirer le sujet qui leur est donné vers le grincement et le désespoir souriant. Quelle comédie à l’italienne ils auraient pu tirer de cette histoire triste, parcimonieuse, étriquée, accablante finalement, de ces deux solitaires qui, à la dernière image, finiront bien par se résigner l’un à l’autre !

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La French

mercredi, décembre 16th, 2015

128118De son petit train-train.

Voilà qui n’a ni le souffle, ni l’intelligence de French connection de William Friedkin ! La French a été bâti sur la seule présence d’un des acteurs les plus bankables du cinéma français, Jean Dujardin, qui dispose d’un beau physique et d’une réelle présence mais qui, employé par des gens qui ne croient plus au cinéma, est en train de gâcher, artistiquement parlant, une carrière qui aurait pu le mettre à un certain rang. Il faut reconnaître que c’est à peu près normal, puisqu’à part de rares exceptions, le cinéma tout entier oscille entre le téléfilm complètement formaté et la superproduction pour adolescents attardés (le lancement du dernier Star Wars est, à cet égard, d’une parfaite obscénité). (suite…)

La fiancée de Dracula

dimanche, décembre 13th, 2015

affiche Amateurs s’abstenir !

Cédant à la nécessité de compléter une commande sur un site de discompte (10 DVD pour 30 € !), j’ai eu la mauvaise idée de m’offrir ce Jean Rollin tardif (2002) qui n’a pas grand chose de commun avec les films des débuts de ce cinéaste complètement cinglé et résolument branque. Il y avait une telle étrangeté malade dans Le viol du vampire, La vampire nue, Le frisson des vampires, tant de lumières bizarres, rouges, vertes, violettes, illuminant des ruines et des jeunes filles toutes nues avides de sang (et souvent de leur propre sexe), tant de physionomies étranges d’acteurs marginaux (Michel Delahaye ou Jacques Robiolles), tant de fascination – souvent maladroite, il est vrai – pour la pure étrangeté, celle de Bunuel ou de Franju (qui sont tout de même très loin devant), tant de défauts que, finalement c’était un cinéma d’un certain intérêt. (suite…)

Le costaud des Batignolles

samedi, décembre 12th, 2015

MovieCovers-47758-63425-LECOSTAUDDESBATIGNOLLESComment me désintoxiquer ?

Je pourrais presque recopier mot à mot ce que j’ai écrit ici il y a quelques années sur Mon frangin du Sénégal, identiquement réalisé par Guy Lacourt, scénarisé et dialogué par Norbert Carbonnaux, mis en musique par Norbert Glanzberg et interprété par le couple (à la scène comme à la ville) Raymond Bussières et Annette Poivre. Ça faisait un moment que je ne m’étais pas replongé dans mon honteuse passion des nanards français des années 50 et je ne pouvais pas me tromper beaucoup d’orientation en allant voir du côté de la fine équipe précitée. (suite…)

Viridiana

mardi, décembre 8th, 2015

affiche ViridianaProvocation n’est pas raison.

C’est vraiment ce que j’ai vu de moins bon de ce vieux pirate sceptique et sarcastique de Luis Bunuel et c’est en en tout cas bien en deçà des œuvres majeures de la période antérieure (mexicaine), Los Olvidados, Tourments, La vie criminelle d’Archibald de La Cruz et de la période suivante (française), Le journal d’une femme de chambre, Belle de jour, Cet obscur objet du désir. (suite…)