Courte-tête

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L’occasion fait l’iconoclaste !

Évidemment, c’est assez nettement moins bien que l’excellent Gentleman d’Epsom de 1963, où Jean Gabin déploie des trésors d’inventivité pour rouler Louis de Funès, mais joue aussi très finement un grand bourgeois dans la dèche, escroc par nécessité et désinvolture…

Cette Courte-tête, antérieure de sept ans est du niveau au dessous, même si Fernand Gravey, en requin distingué des champs de course est remarquable ; mais il y a dans le personnage un côté filou antipathique qui n’est pas séduisant ; et puis la daube, le dupe (qui finira par s’en sortir très bien – c’est une des lois du genre !) – c’est l’épouvantable Jean Richard qui, avant de jouer un nombre incalculable de Maigret télévisés, a longuement et durement sévi dans un personnage de paysan matois, pourtant souvent berné, quelquefois triomphant ; là, il est à pleurer, tellement mauvais que c’en est presque gênant (je veux dire qu’à certains moments on a un peu honte de regarder un film où il patoise, roule des yeux furibards, lance des clins d’œil salaces, etc.). On a également vu – ou on verra un peu plus tard Jacques Duby meilleur (notamment dans L’homme à l’imperméable) ; et Darry Cowl est habituel, c’est-à-dire surfait et souvent exaspérant.

Mais il y a des seconds rôles absolument parfaits, comme Micheline Dax en gourgandine sexy, ou Pascal Mazzotti en maître d’hôtel pincé.

Et puis – et c’est sans doute pour cela qu’on a édité cette bluette insignifiante – il y a Louis de Funès ; Courte-tête a été tourné à une époque où il apparaissait dix fois par an dans des tas de films réalisés à la va-vite ; il n’y est ni meilleur, ni pire que dans Papa, maman, la bonne et moi ou L’Impossible monsieur Pipelet , et nettement moins bon que dans son rôle extraordinaire de l’épicier Jambier de La traversée de Paris (mais là, c’est le grand Autant-Lara qui le dirige et le canalise…). En le voyant trépigner, éructer, se dispenser dans tous les sens, on en vient à se demander où ce grand tempérament comique a pu donner son meilleur…

La question relève aujourd’hui du sacrilège, tant l’acteur est révéré ; mais alors que l’on est bien certain que Fernandel, au milieu d’un paquet d’âneries a tourné quelques chefs d’oeuvre (les Pagnol) et quelques très bons films (les deux premiers Don Camillo, La vache et le prisonnier, notamment), on peine à avoir le même regard sur Funès : qu’est-ce qu’il a vraiment fait de bon, de très bon ?

J’ouvre le débat…

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