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Confession d’un commissaire de police au procureur de la République

mercredi, janvier 6th, 2016

Confession-d-un-commissaire-de-police-au-procureur-de-la-république-Qui que tu sois, quoi que tu fasses…

Alors même que la vision, qui n’est pas très ancienne de Gomorra ou de la première saison de La Piovra devraient m’avoir initié à l’effarante main-mise de la corruption sur le sud de l’Italie, je demeure toujours vaguement interloqué devant l’importance des soubassements de cette corruption. Je ne fais pas mine d’ignorer qu’elle sévit partout dans le monde, France comprise, mais elle prend en Sicile ou en Calabre un caractère de fatalité, d’inéluctable maîtrise, avec ses régiments de tueurs sans scrupules, la pourriture de tous les pouvoirs publics, élus, magistrats, policiers, la résignation de la population, la peur de tout ceux qui en approchent. (suite…)

L’étrange désir de M. Bard

samedi, janvier 2nd, 2016

33829Mourir d’aimer (!).

Loufoque, lunaire, poétique, original, tendre et gentil, j’admets bien volontiers tous les qualificatifs qu’on a donnés à L’étrange désir de M. Bard. Sûrement dix minutes ou un quart d’heure de trop, comme souvent mais la patte habile de René Barjavel, romancier de grande imagination mais aussi homme-protée du cinéma français des années 50 (les Don Camillo, Les chiffonniers d’Emmaüs, L’homme à l’imperméable, Le cas du Docteur Laurent et bien d’autres films adaptés ou dialogués). (suite…)

Saboteur

vendredi, janvier 1st, 2016

5659 Fuite en avant.

Les trois premiers quarts d’heure de Saboteur font irrésistiblement songer à une série étasunienne qui eut son heure de gloire au point qu’elle suscita, quelques décennies après son passage à la télévision, le tournage d’un film pas trop mal fait : c’est Le Fugitif et son adaptation que j’évoque : un individu sans particularité notable est saisi dans une machination, faussement accusé de meurtre alors même que le véritable criminel s’enfuit et se trouve pourchassé par la police alors qu’il cherche désespérément à retrouver le vrai coupable. Voilà un ressort dramatique qui n’est pas tout à fait neuf mais qui produit de bons effets, le cœur du spectateur battant à peu près au rythme du malheureux innocent qui est toujours à deux doigts de prouver qu’il n’a rien fait et qui n’y parvient pas. (suite…)

La guerre des boutons

jeudi, décembre 31st, 2015

artoff4949 La craie sur le tableau noir.

Le livre de Louis Pergaud, sa verve, sa truculence et les nostalgies d’enfance qu’il suscite ont eu un tel impact dans l’imaginaire collectif français qu’il n’y a rien d’étonnant qu’il ait donné lieu à tant d’adaptations. Précédée par La guerre des gosses de l’inconnu Jacques Daroy en 1936, celle d’Yves Robert est la deuxième en date et la plus connue et célébrée. Et, invraisemblablement, elle a été suivie par deux films sortis en septembre 2011, à huit jours de distance : on voit par là que le cinéma français est volontiers suicidaire. D’abord, La guerre des boutons de Yann Samuell. Puis La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier. Notons que celui-ci s’est construit une spécialité de piratages et de détournements de succès du passé : après Les choristes en 2004, démarque mignonnette de La cage aux rossignols de Jean Dréville en 1945, il a commis un salmigondis populiste et bien-pensant, Faubourg 36 qui prétendait reconstituer l’esprit de La belle équipe. Et il s’est donc ensuite attaqué à une lourde trahison du livre de Louis Pergaud. Dès que, sur mon écran de télévision, j’ai vu surgir, au milieu des peignées que se fichent Longevernes et Velrans, la figure culpabilisante, moralisatrice et quasiment obligée de l’adolescente juive persécutée (car l’action est transposée pendant la Guerre, comme dans tout téléfilm qui se respecte en méprisant son public), dès que j’ai vu cette sinistre mascarade, j’ai évidemment zappé. (suite…)

Les jeunes loups

mardi, décembre 29th, 2015

les_jeunes_loups_1968_-5e09f À la poursuite de la jeunesse.

Les jeunes loups sont sortis sur les écrans au début du mois d’avril 1968. Quelques jours plus tard les effluves puissants des gaz lacrymogènes emplissaient les rues de Paris. Ces effluves enterraient pour longtemps un film que la critique n’avait pas apprécié et qui ne survivait depuis lors que par la réputation de son réalisateur et par la chanson I’ll Never Leave You, interprétée par Nicole Croisille, baptisée pour la circonstance Tuesday Jackson, pour faire chic et anglo-saxon. (suite…)

Fantômes à Rome

vendredi, décembre 25th, 2015

allocine-1883622-tt-width-600-height-800-lazyload-1-crop-1-bgcolor-000000Léger comme un esprit malin.

On écrirait volontiers de Fantômes à Rome que c’est un film gentil et agréable si les deux adjectifs assemblés ne risquaient pas de confiner le film de Pietrangeli du côté mièvre de la comédie. Alors que ce n’est pas du tout ça : c’est gai, enlevé, spirituel, joliment interprété, le scénario est inventif et intelligent et l’esprit du propos est excellent : de sales corrupteurs enlaidisseurs sont obligés de céder à la coalition bienvenue des occupants traditionnels du palais, fantômes et vivants, maîtres et serviteurs mêlés. Et les corrupteurs sauvages, qui plus est, qui ne connaissent d’autre ressort que les liasses de billets, sont roulés de façon rocambolesque au bénéfice de la protection des monuments historiques et des œuvres d’art, avec, en passant une amusante satire des experts picturaux. (suite…)

Chaînes conjugales

dimanche, décembre 20th, 2015

artoff1547Les trois visages d’Ève

Il y a bien (presque) toujours quelque chose qui me bloque un peu chez Joseph Mankiewicz et qui m’empêche de le tenir, comme beaucoup d’amateurs distingués le font, au rang des plus grands. C’est assez curieux : j’ai vu une dizaine de ses films – c’est-à-dire à peu près la moitié de son parcours de réalisateur, qui n’est pas très abondant – j’ai presque chaque fois apprécié, quelquefois même beaucoup (Ève, L’aventure de Mme Muir, L’affaire Cicéron). Et pourtant je ne suis jamais parvenu à mettre la note maximale et, a fortiori, à aller jusqu’au chef-d’œuvre. (suite…)

La famille Bélier

dimanche, décembre 20th, 2015

La-famille-belierRecette immanquable de fin d’année.

Supposons que vous soyez un réalisateur un peu roublard qui a connu déjà un certain succès avec un film qui ne manque pas tout à fait d’intérêt, L’homme qui voulait vivre sa vie ; vous êtes Éric Lartigau et vous vous dites qu’il doit bien y avoir des recettes pour décrocher un plus gros cocotier et gagner plein de picaillons.

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Cause toujours, tu m’intéresses

jeudi, décembre 17th, 2015

18657935Trop gentil.

Supposons qu’Édouard Molinaro, réalisateur et Francis Veber, scénariste possèdent un peu davantage que leur talent habituel : un talent réel, aimable, mais trop léger, trop souriant, trop désinvolte pour tirer le sujet qui leur est donné vers le grincement et le désespoir souriant. Quelle comédie à l’italienne ils auraient pu tirer de cette histoire triste, parcimonieuse, étriquée, accablante finalement, de ces deux solitaires qui, à la dernière image, finiront bien par se résigner l’un à l’autre !

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La French

mercredi, décembre 16th, 2015

128118De son petit train-train.

Voilà qui n’a ni le souffle, ni l’intelligence de French connection de William Friedkin ! La French a été bâti sur la seule présence d’un des acteurs les plus bankables du cinéma français, Jean Dujardin, qui dispose d’un beau physique et d’une réelle présence mais qui, employé par des gens qui ne croient plus au cinéma, est en train de gâcher, artistiquement parlant, une carrière qui aurait pu le mettre à un certain rang. Il faut reconnaître que c’est à peu près normal, puisqu’à part de rares exceptions, le cinéma tout entier oscille entre le téléfilm complètement formaté et la superproduction pour adolescents attardés (le lancement du dernier Star Wars est, à cet égard, d’une parfaite obscénité). (suite…)