Qu’est ce que c’est que La fin du jour ? Un grand mélodrame tragique. Et si on peut émettre quelques réserves et ne pas hausser le film au rang de chef-d’œuvre, c’est parce qu’il comporte quelques scories bienveillantes dont il aurait pu se passer. Ainsi la présence de la troupe de scouts qui campe régulièrement aux abords de la maison de retraite pour vieux comédiens dans la purée ; troupe dont le chef, Pierrot (Tony Jacquot) a noué avec l’histrion Cabrissade (Michel Simon) une relation presque filiale ; ainsi l’intervention un peu incongrue d’un jeune journaliste (François Périer), admirateur timide de ce que fut le grand tragédien sans succès Marny (Victor Francen)… Ces gouttes de pureté et de tendresse détournent un (tout petit) peu le film de sa vraie nature, qui devrait être exclusive : le regard porté sur la vieillesse, dont la noirceur est encore accentuée par la paranoïa narcissique des comédiens. (suite…)
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La fin du jour
dimanche, avril 19th, 2015Grand Budapest hôtel
samedi, avril 18th, 2015J’ai rarement regardé quelque chose d’aussi nul, insignifiant, vulgaire et incompréhensible. Le sujet était en or et j’espérais retrouver un peu de l’esprit si fin, si subtil, si civilisé de la Mitteleuropa engloutie au milieu des années 30, qui survivait on ne savait comment…
On espère quelque chose qui offre un tout petit bout de la magie d’Arthur Schnitzler, de Stefan Zweig, de Robert Musil, de Leo Perutz… On tombe sur une cochonnerie infâme du même pire niveau que le Moulin rouge du fou furieux Baz Luhrmann.
Ni spirituel, ni intéressant, sans aucune qualité, sans rythme, Grand Budapest hôtel a eu, paraît-il, un certain succès. Qui va voir ce genre de bouses ?
Soudain l’été dernier
lundi, avril 13th, 2015Le grave défaut de Soudain l’été dernier est d’être adapté d’une pièce de théâtre, extrêmement brillante et dense. Je sais bien que l’œuvre à fortes connotations autobiographiques de Tennessee Williams a été retravaillée par Joseph Mankiewicz et Gore Vidal mais les pièges de la scène sont toujours là : c’est verbeux et artificiel. Ou plutôt doit-on dire que ce qui peut fonctionner dans le cadre artificiel du théâtre, avec la magie que certains affectent à cette forme d’expression ne va pas du tout au cinéma où la moindre incongruité se remarque. Comment dire ça plus clairement ? Eh bien par exemple la voix forcée – fût-ce pour un passage censé être chuchoté – sur les planches apparaîtrait immédiatement ridicule et incongrue sur l’écran : il n’y a qu’au cinéma que Cyrano peut souffler à Christian les mots d’amour qu’il destine à Roxane : au théâtre il est bien obligé de les proférer suffisamment fort pour que les spectateurs du dernier rang entendent. (suite…)
Muriel ou le temps d’un retour
samedi, avril 11th, 2015Muriel, comme tout ce qu’a fait le plus emmerdant cinéaste de la Nouvelle vague, le bonnet-de-nuit Alain Resnais, l’homme du prêt-à-penser lyophilisé et de la prise de conscience accablante comme une pluie de novembre dans la Creuse (le plus moche des départements français) est un film d’une prétention presque égale à la fumisterie de L’année dernière à Marienbad. (suite…)
Elle cause plus… elle flingue !
vendredi, avril 10th, 2015L’abomination de la désolation.
Sur Michel Audiard réalisateur, que dire ? comme tous les amateurs de ses dialogues étincelants, je me suis précipité sur Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, sorti en 1968, c’est-à-dire à une époque où les remugles de la Nouvelle vague empuantissaient encore le cinéma français et où un titre aussi cruellement franchouillard nous laissait espérer des merveilles de goguenardise. (suite…)
Un homme idéal
samedi, avril 4th, 2015Voilà ce que c’est que de succomber, par pur esprit d’une économie mal comprise, aux avances de la caissière du cinéma ! Elle vous propose d’un air doucereux d’acheter un pack de cinq tickets, sous prétexte qu’ainsi, chaque séance vous reviendra moins cher. Ébloui, vous cédez à la perspective de la bonne affaire. Au moment où vous faites l’emplette, la durée de péremption de vos tickets vous paraît très suffisante. Les semaines passent et vous vous apercevez que vous n’avez plus que quelques jours pour utiliser votre virtuel magot. (suite…)
La nuit du chasseur
vendredi, avril 3rd, 2015Le loup, la gourde et les deux agneaux.
Comme j’ai découvert tardivement La nuit du chasseur, il y a seulement douze ou quinze ans, sur la foi enthousiaste de quelqu’un qui m’est cher, j’avais, comme il est souvent de règle en ce cas, été plutôt déçu par l’unique réalisation de Charles Laughton, m’attendant à plus angoissant et plus cruel. Et ma déception devait tenir aussi à la mauvaise impression causée par les dernières séquences que tout le monde, j’ai l’impression, s’accorde à voir ratées et même un peu ridicules. (suite…)
Dogville
mercredi, avril 1st, 2015Pendant presque toute la première heure du film – qui en compte tout de même trois – j’ai irrésistiblement songé au plus grand roman d’avant-guerre de Jean Giono, Que ma joie demeure où un inconnu, Bobi, arrive sans apparente raison dans une communauté villageoise d’un plateau perdu loin du monde et y apporte le goût et le sens de l’inutile, c’est-à-dire de la beauté, par toute la force d’une parole nouvelle.
58 minutes pour vivre
mardi, mars 31st, 2015Il serait bien difficile, sauf à vivre dans un ermitage tibétain ou une clairière amazonienne, de prétendre qu’on n’a jamais vu le personnage de John McClane sauver le monde. La série – la franchise ? – qui compte désormais cinq films a été tant et tant de fois diffusée, sur une myriade de chaînes de télévision et elle compte tant d’images spectaculaires que tout un chacun s’est déjà laissé prendre à l’un ou l’autre numéro de la série. (suite…)
La vie de château
lundi, mars 30th, 2015Que Louis Malle ait écrit Tant de grâce et tant de précision dans un premier film, on peut y voir un miracle lors de la sortie de cette Vie de château
est-il vraiment étonnant ? (suite…)