Je suis assez surpris du concert de louanges élevé pour Mystic river, dans quoi beaucoup d’amateurs de qualité voient une œuvre majeure et qui m’a semblé bien touffu et torturé, tout nourri des complexités romanesques des auteurs de polars étasuniens (pour ce que j’en connais qui, je l’admets volontiers, n’est pas grand chose). Un puzzle qui s’assemble graduellement, des tensions qui se font jour, la révélation de caractères, de situations, de secrets, de non-dits : vous secouez au shaker et hop ! passez muscade… (suite…)
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Mystic river
jeudi, avril 30th, 2015Un singe en hiver
jeudi, avril 30th, 2015
« Un prince de la cuite qui tutoie les anges »
Dans l’œuvre, inégale mais fort honorable d’Henri Verneuil
, Un singe en hiver
apparaît comme un OVNI de mesure, de grâce et de mélancolie. C’est sans doute aussi parce qu’il est tiré d’un grand roman (Prix Interallié 1959) et que, s’il n’est pas littéralement fidèle au récit, il en respecte toute la complexité douce-amère. Il est d’ailleurs curieux de constater que le livre d’Antoine Blondin est, d’une certaine façon, un peu plus optimiste que le film, dont la fin porte toute la tristesse du monde. (suite…)
Les trois lanciers du Bengale
lundi, avril 27th, 2015Soixante ans après avoir découvert, dans la collection Idéal bibliothèque (la concurrente de la plus notoire Rouge et Or), le roman de Francis Yeats-Brown, je me rappelais encore avec horreur l’affreux supplice infligé aux malheureux prisonniers du féroce potentat Mohammed Khan (Douglass Dumbrille) : des tiges de bambou enfoncées sous les ongles et ensuite enflammées ! Tout cela me paraissait le comble de la cruauté satanique prêtée aux peuples lointains de l’Orient. Dieu merci les valeureux officiers britanniques s’en sortaient la tête haute et le courage en bandoulière et mettaient fin aux agissements du sinistre chef de bande. Les enfants de France n’aimaient pas beaucoup les sujets de Sa Gracieuse Majesté, mais en étaient pleinement solidaires dès qu’ils luttaient hors d’Europe contre des peuplades indigènes.
Oscar
samedi, avril 25th, 2015
Pour clubs du troisième âge en goguette.
Ce serait bien bête de faire le grognon et la fine gueule et de jouer le délicat devant ce phénomène cinématographique qu’a été Louis de Funès. Voilà un homme qui conserve tant d’admirateurs éperdus que sa moindre apparition dans un nanard de soixantième zone, même si elle ne dure que douze secondes permet d’éditer un DVD qui s’arrache dès qu’il porte la mention de sa présence. Comme tous les spectateurs du cinéma français des années 50, j’ai été éberlué et séduit par des apparitions tonitruantes où, en une ou deux séquences, il savait capter l’attention et émerveiller le public, qui ne se souvenait pas toujours de son nom. (suite…)
La fin du jour
dimanche, avril 19th, 2015Qu’est ce que c’est que La fin du jour ? Un grand mélodrame tragique. Et si on peut émettre quelques réserves et ne pas hausser le film au rang de chef-d’œuvre, c’est parce qu’il comporte quelques scories bienveillantes dont il aurait pu se passer. Ainsi la présence de la troupe de scouts qui campe régulièrement aux abords de la maison de retraite pour vieux comédiens dans la purée ; troupe dont le chef, Pierrot (Tony Jacquot) a noué avec l’histrion Cabrissade (Michel Simon) une relation presque filiale ; ainsi l’intervention un peu incongrue d’un jeune journaliste (François Périer), admirateur timide de ce que fut le grand tragédien sans succès Marny (Victor Francen)… Ces gouttes de pureté et de tendresse détournent un (tout petit) peu le film de sa vraie nature, qui devrait être exclusive : le regard porté sur la vieillesse, dont la noirceur est encore accentuée par la paranoïa narcissique des comédiens. (suite…)
Grand Budapest hôtel
samedi, avril 18th, 2015J’ai rarement regardé quelque chose d’aussi nul, insignifiant, vulgaire et incompréhensible. Le sujet était en or et j’espérais retrouver un peu de l’esprit si fin, si subtil, si civilisé de la Mitteleuropa engloutie au milieu des années 30, qui survivait on ne savait comment…
On espère quelque chose qui offre un tout petit bout de la magie d’Arthur Schnitzler, de Stefan Zweig, de Robert Musil, de Leo Perutz… On tombe sur une cochonnerie infâme du même pire niveau que le Moulin rouge du fou furieux Baz Luhrmann.
Ni spirituel, ni intéressant, sans aucune qualité, sans rythme, Grand Budapest hôtel a eu, paraît-il, un certain succès. Qui va voir ce genre de bouses ?
Soudain l’été dernier
lundi, avril 13th, 2015Le grave défaut de Soudain l’été dernier est d’être adapté d’une pièce de théâtre, extrêmement brillante et dense. Je sais bien que l’œuvre à fortes connotations autobiographiques de Tennessee Williams a été retravaillée par Joseph Mankiewicz et Gore Vidal mais les pièges de la scène sont toujours là : c’est verbeux et artificiel. Ou plutôt doit-on dire que ce qui peut fonctionner dans le cadre artificiel du théâtre, avec la magie que certains affectent à cette forme d’expression ne va pas du tout au cinéma où la moindre incongruité se remarque. Comment dire ça plus clairement ? Eh bien par exemple la voix forcée – fût-ce pour un passage censé être chuchoté – sur les planches apparaîtrait immédiatement ridicule et incongrue sur l’écran : il n’y a qu’au cinéma que Cyrano peut souffler à Christian les mots d’amour qu’il destine à Roxane : au théâtre il est bien obligé de les proférer suffisamment fort pour que les spectateurs du dernier rang entendent. (suite…)
Muriel ou le temps d’un retour
samedi, avril 11th, 2015Muriel, comme tout ce qu’a fait le plus emmerdant cinéaste de la Nouvelle vague, le bonnet-de-nuit Alain Resnais, l’homme du prêt-à-penser lyophilisé et de la prise de conscience accablante comme une pluie de novembre dans la Creuse (le plus moche des départements français) est un film d’une prétention presque égale à la fumisterie de L’année dernière à Marienbad. (suite…)
Elle cause plus… elle flingue !
vendredi, avril 10th, 2015
L’abomination de la désolation.
Sur Michel Audiard réalisateur, que dire ? comme tous les amateurs de ses dialogues étincelants, je me suis précipité sur Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, sorti en 1968, c’est-à-dire à une époque où les remugles de la Nouvelle vague empuantissaient encore le cinéma français et où un titre aussi cruellement franchouillard nous laissait espérer des merveilles de goguenardise. (suite…)
Un homme idéal
samedi, avril 4th, 2015Voilà ce que c’est que de succomber, par pur esprit d’une économie mal comprise, aux avances de la caissière du cinéma ! Elle vous propose d’un air doucereux d’acheter un pack de cinq tickets, sous prétexte qu’ainsi, chaque séance vous reviendra moins cher. Ébloui, vous cédez à la perspective de la bonne affaire. Au moment où vous faites l’emplette, la durée de péremption de vos tickets vous paraît très suffisante. Les semaines passent et vous vous apercevez que vous n’avez plus que quelques jours pour utiliser votre virtuel magot. (suite…)






