En fait, la seule question est celle-ci : doit-on tout éditer ? les billevesées les plus datées, les plus ridicules, les plus ennuyeuses, les plus pontifiantes méritent-elles une exhumation en DVD ou devrait-on les laisser reposer dans l’oubli, comme des épaves sans valeur coulées dès leur sortie du port ? Je penche plutôt pour que, de fait, on puisse se rendre compte de visu que le passé n’était pas forcément plus intelligent que le présent et pour qu’on ne pleure pas sur un âge d’or du cinéma sans solides arguments pour étayer cette opinion (parfaitement justifiée de mon point de vue). Mais ce n’est pas parce que j’ai regardé, effaré, puis goguenard, puis impatient que ça se termine, cette épouvantable nullité que je me permettrais de donner le conseil de se rendre compte par soi-même. (suite…)
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La poupée
mardi, décembre 9th, 2014Les dimanches de Ville d’Avray
samedi, décembre 6th, 2014
kinopoisk.ru
Qui ne se souvient de La petite fille aux allumettes, ce récit tragique d’Andersen, où une gamine misérable, lors de la nuit de Noël, en craquant une à une les allumettes qu’elle vend, tente se réchauffer et, dans chaque lumière surgie, voit apparaître un monde de tendresse et d’amour qui l’entraîne hors de son malheur ? De la même façon, Les dimanches de Ville d’Avray est un conte triste, une fête glacée que même ses maladresses entraînent sur le chemin de la féerie.
Le grand soir
jeudi, décembre 4th, 2014Un désastre.
Je n’ai pas d’antipathie, bien au contraire, pour le cinéma de ces fous de Belges et, même si je ne fais pas de C’est arrivé près de chez vous un de mes films de chevet, je n’ai pas détesté Mammuth et j’ai beaucoup aimé Les convoyeurs attendent, petite merveille d’émotion et de sensibilité. Cette veine drôle, triste, réaliste, narquoise, humaine est issue du génial magazine Strip Tease de Jean Libon et Marco Lamensch qui, dès 1985 a décortiqué avec un regard distancié mais jamais moralisateur des dizaines et des dizaines de personnages, de situations ou d’attitudes pour les laisser à nu sous le regard du spectateur.
Bonnie and Clyde
jeudi, décembre 4th, 2014La grande dépression. États-Unis de la crise et de la misère, des fermiers chassés de leurs terres par des créanciers qui font faillite eux aussi peu après. Sensation de poussière et de touffeur. Générique glaçant : instantanés de Dorothea Lange ou de Nathan Lerner sans doute, avec le seul son du déclencheur d’un appareil de photo d’abord puis sur la voix sucrée d’un crooner. Bonnie (Faye Dunaway), nue dans sa chambre, sous l’été poisseux. L’échange immédiat de regards avec le petit voyou Clyde (Warren Beatty) est une des séquences les plus fortes qui puisse montrer un coup de foudre. Fascination immédiate, mutuelle, qui rend presque ridicule le métalangage obligé qui couvre à peine l’attirance folle des deux jeunes gens.
En solitaire
mardi, décembre 2nd, 2014Pesant d’ennui.
Il se peut que les amateurs de bateaux et de mers déchaînées aient apprécié ce film dont j’avais entendu quelque bien, qui présente la course autour du monde du Vendée globe en essayant de la romancer un peu. Mais ce qui est supportable, et même quelquefois intéressant dans les courtes séquences de Thalassa, l’émission télévisée, laisse rapidement place à un ennui irrémissible. (suite…)
Cléopâtre
mardi, décembre 2nd, 2014Bien des sous pour pas grand chose…
Voilà l’exemple même d’un ratage majuscule, démesuré, d’une mégalomanie hollywoodienne qui ne songe qu’à entasser dollars sur dollars pour donner, dans la munificence des costumes et des décors, finalement une assez pauvre représentation de ce qu’a pu être l’Empire romain… Ces dépassements fous de budgets (de 2, on est passé à 40 millions de dollars), cette grandiloquence creuse, cette absence totale de subtilité et d’intelligence historique laisse pantois, d’autant qu’elle est signée par un Joseph L. Mankiewicz davantage réputé pour sa finesse, son ironie, son esprit que pour sa capacité à manier des foules de figurants… Je sais bien que les réalisateurs étasuniens ont l’étrange talent de passer du Magicien d’Oz à Autant en emporte le vent (Victor Fleming), mais là, le grand écart est vraiment sidérant : on ne reconnaît jamais l’intelligence du metteur en scène de la délicieuse Aventure de Mme Muir dans cette espèce de salmigondis indigeste et interminable où l’on s’amuserait presque à compter le nombre de robes différentes portées par Mlle Élizabeth Taylor si l’on n’était réveillé de tant à autre par une scène d’une certaine grandeur plastique (l’entrée de Cléopâtre à Rome, sur ce char tiré par des milliers d’esclaves nubiens ou la bataille décisive d’Actium). (suite…)
Le Lauréat
lundi, décembre 1st, 2014« Il venait d’avoir 18 ans… »
Vous me croirez ou non, mais j’ai attendu jusqu’à hier soir, à l’occasion d’un passage du film sur Arte pour découvrir Le lauréat, pourtant sorti en France à un moment où je m’imbibais de tout le cinéma du monde… Ça ne s’est pas fait à l’époque, je ne sais pourquoi et, depuis lors, l’audition jusqu’à plus soif des titres de la bande originale (absolument réussie) de Simon et Garfunkel m’avait suffit. La mort récente du réalisateur, Mike Nichols, le 19 novembre a entraîné un hommage télévisé un peu tardif et m’a permis cette découverte.
Charmants garçons
mercredi, novembre 26th, 2014Adorables créatures.
Nous sommes sûrement de moins en moins nombreux à nous souvenir de Zizi Jeanmaire, ses jambes interminables et sa voix faubourienne dont certaines inflexions faisaient songer, en plus rauque et moins subtil, à celle d’Arletty. Danseuse classique initialement, femme du chorégraphe Roland Petit, elle devint une des plus notoires meneuses de revues du Casino de Paris avec son truc en plumes (chanson d’ailleurs issue de Un soir au music-hall d’Henri Decoin en 1956).
Toujours est-il que la célébrité de cette belle fille aux cheveux noirs coupés très court a incité Decoin en 1957, à repasser le plat et à réaliser Charmants garçons où Zizi lèverait la gambette lors de quelques numéros de music-hall et chanterait des chansons destinées à un certain succès, notamment Qu’on est bien (dans les bras d’une personne du sexe opposé) de Guy Béart et La gambille (avec des paroles de René Fallet). (suite…)
Le mari de la coiffeuse
mardi, novembre 25th, 2014Disparate.
J’ai beau faire et éprouver pour le cinéma de Patrice Leconte une particulière sympathie, je ne parviens pas à apprécier Le mari de la coiffeuse, revu tout à l’heure pour la quatrième ou cinquième fois et qui me semble artificiel, sans substance, pulvérulent, si je puis dire. Ce n’est pas du tout un film raté, comme ceux que Leconte sème de temps sur son chemin (Une chance sur deux, Rue des plaisirs et quelques autres, mais c’est normal lorsqu’on tourne beaucoup), mais ça ne parvient pas à me toucher comme l’ont fait, et au plus haut point, Tandem, Le parfum d’Yvonne, La fille sur le pont, L’homme du train ou, plus récemment, Une promesse.
Sous le sable
lundi, novembre 24th, 2014Psychologie des profondeurs.
François Ozon avait déjà suffisamment de talent et de savoir-faire pour ancrer Sous le sable dans la cohorte de ces films qui mettent mal à l’aise le spectateur. Ces films qui vous placent devant une réalité déplaisante déjà vécue ou appréhendée de vivre : qui n’a, à un moment, même bref, ressenti l’angoisse de s’être égaré dans une forêt comme dans Le projet Blair witch ? Qui ne s’est inquiété, dans un milieu inconnu, à l’étranger, dans une gare, un aéroport, un hôtel de ne pas voir revenir dans des délais raisonnables quelqu’un qui s’est absenté, comme dans Frantic ? Et qui donc, sur une plage déserte, après une longue somnolence, ne s’est demandé où était passé celui qui est parti se baigner et qu’on n’aperçoit plus ?