Author Archive

Alexandre le bienheureux

lundi, juillet 21st, 2014

Surfait.

J’avais gardé un souvenir aimable d’Alexandre le bienheureux, qui s’inscrivait dans la veine rurale d’Yves Robert, après Ni vu, ni connu et La guerre des boutons (et il me semble même que Bébert et l’omnibus se passe en partie à la campagne). Revu l’autre jour, je me suis dit que ça n’avait pas bien passé les années et que, s’il n’en restait une sorte de préfiguration des idéologies de l’écologie et de la décroissance, on n’en parlerait plus guère. Mais, le film étant sorti sur les écrans au début de 1968, il est apparu après coup comme un éclairage de ce qui allait se passer dans certaines mouvances non-violentes, communautaires et libertaires. D’ailleurs, ce n’est sûrement pas faux ; je tiens depuis longtemps que les seuls qui peuvent avoir des visions d’avenir ne sont pas les scientifiques (les futurologues qui prédisent périodiquement des tas de trucs qui ne se réalisent jamais), mais les écrivains et les artistes…

(suite…)

L’année du dragon

samedi, juillet 19th, 2014

Le lotus étoilé.

Film construit de façon assez baroque, très bariolée, ne reculant pas devant les flamboyances et les excès, mais drôlement haletant et sans longueur, alors qu’il dure deux heures et quart. L’année du dragon a, paraît-il, reçu de vifs reproches de la vertueuse doxa critique, qui l’a jugé affreusement raciste, tout ça parce que le film présente, sous un aspect assez répugnant, les magouilles de la mafia chinoise entre Hong-Kong et New-York.

(suite…)

Ho !

mercredi, juillet 16th, 2014

L’adolescence éternelle.

Tout de même, le cinéma de Robert Enrico est assez particulier, maladroit, mais très attachant, comportant des balourdises souvent risibles, des dialogues mal fichus, des tas d’invraisemblances et de naïvetés, mais finissant toujours par intéresser et à retenir l’attention. Il me semble que Ho ! est plein de ces caractéristiques, agace et irrite plutôt au début mais laisse in fine une impression agréable, qui n’est pas seulement due au talent et aux thèmes musicaux de François de Roubaix.

(suite…)

Netchaïev est de retour

vendredi, juillet 11th, 2014

Les lendemains qui déchantent.

Eh non, ce n’est pas très bon, malgré un titre qui, par ses résonances lourdes, sa référence à un révolutionnaire professionnel compagnon de Bakounine et inspirateur de Lénine, son côté d’apparence fatidique, promettait beaucoup mieux. D’autant que Jacques Deray, Jorge Semprun, Yves Montand, Claude Bolling, ça pouvait faire un film solide. Et que l’image du retour d’un terroriste disparu depuis plusieurs années au milieu de ceux avec qui il a milité pour la Révolution violente et qui vivent désormais une existence apaisée, souvent confortable est assez excitante (voir, s’il en est besoin, Cavale, de Lucas Belvaux).

(suite…)

Sacco et Vanzetti

jeudi, juillet 10th, 2014

Un mythe étonnant.

À moins qu’on apprécie fortement les films de procès (du type Douze hommes en colère), on pourrait n’accorder qu’un intérêt poli à ce film mythique, jusqu’à présent inédit en DVD, et que j’ai découvert aujourd’hui, sans être bien certain que le ramdam créé grâce à la non moins mythique ritournelle de Joan Baez valait la peine de le ressortir quarante ans après.

(suite…)

L’ascenseur, niveau 2

jeudi, juillet 10th, 2014

Bof…

Amateur intermittent de films de peur, de terreur, d’épouvante, de malaise (de tout ce qui est censé foutre les chocottes et susciter un choc adrénaliné à des moments stratégiques), je n’avais pas vu L’ascenseur initial, de 1983, de Dick Maas, un peu sceptique sur l’utilisation, pour ficher la trousse, d’un simple mode de transport. Ayant écrit cela, je m’en repends immédiatement, me souvenant que Duel demeure un film terrifiant et, sur le strict rapport d’un ascenseur, ayant beaucoup apprécié son usage homicide dans La malédiction 2 (mais il n’intervient là qu’à une seule reprise, les autres meurtres et horreurs survenant avec d’autres truchements).

(suite…)

Allemagne année zéro

lundi, juillet 7th, 2014

aff-allemagneLe peuple du désastre.

Bizarre et intéressant de relire, quelques années après, le commentaire plus politique que j’avais déposé sur Allemagne année zéro ; je ne renie évidemment rien de ce que j’ai écrit, sur la relative indifférence que les citoyens des pays victimes de l’Allemagne ont pu ressentir sur les malheurs de ceux qui avaient bien cherché leur sort et bien mérité leur écrasement ; après tout, voilà qui montre avec éclat combien on est, qu’on le veuille ou non, solidaire de sa Nation, dans les fracas comme dans la prospérité.

(suite…)

Jeune et jolie

samedi, juillet 5th, 2014

Comment sortir de l’enfance ?

Comme le sujet de la prostitution juvénile me paraissait un des pont-aux-ânes de notre époque, et qu’il m’écœure passablement en soi, j’ai mis quelque réticence à regarder Jeune et jolie. Le film, qui eut quelque succès de scandale à Cannes en 2013, est d’un François Ozon sur qui je ne me décide pas à avoir une opinion tranchée, sa sensibilité particulière et son regard sur les femmes me laissant toujours une certaine impression de malaise ; en fait, je ne le trouve pas très net.

(suite…)

37°2 le matin

samedi, juillet 5th, 2014

37_21

Un film qui n’est pas mon genre. Mais…

Ah là là, on se demande quelquefois pourquoi on éprouve de l’attirance pour une œuvre ou une personne qui ne correspond à rien à ce qu’on chérit de coutume (c’est l’apostrophe célèbre de Swann sur Odette : « dire (que j’ai fait tout ça) pour quelqu’un qui n’était même pas mon genre ! »)…

Le fait est que je ne me lasse pas de voir et revoir 37°2 le matin, alors que j’avais trouvé Diva ridicule et artificiel, que Béatrice Dalle est exactement le genre de femmes qui, si la chose était possible et envisageable, m’amènerait à modifier mes moeurs (qui sont des plus classiques) et que la quéquette flasque complaisamment exhibée de Jean-Hugues Anglade me conduit plutôt à une sympathie narquoise qu’à une admiration ambiguë. (suite…)

La piscine

lundi, juin 30th, 2014

Soufre impur.

Les trois premiers quarts du film méritent une note maximale, tant ils sont incandescents. D’abord par l’érotisme brûlant, presque cru, des images des deux amants autour de la piscine ; à voir Alain Delon et Romy Schneider mêler leurs chairs bronzées dorées, on comprend que les magazines à scandale aient cru, ou voulu faire croire que l’histoire amoureuse des deux acteurs renaissait de ses cendres, quatre ou cinq ans après leur séparation, tant ils semblaient s’y être redonné. (Et curieusement, d’ailleurs, on peut se demander si ce n’est pas ce qui survient entre Marianne (Schneider, donc) et Harry (Maurice Ronet) : une sorte de poussée de désir, une reviviscence, un coup de sang, une nostalgie d’histoire qu’on pourrait recréer pour une soirée ou pour une semaine, sans illusion et sans conséquence). (suite…)