Mauvaise conscience.
Il me semble qu’il n’y a pas beaucoup, aujourd’hui, de réalisateur aussi intéressant que Michael Haneke. Et je n’écris pas cela parce qu’il a été deux fois récompensé de la Palme d’or cannoise (en 2009 pour Le ruban blanc en 2012 pour Amour) : on sait ce que valent les récompenses. Mais Haneke est le cinéaste d’un sidérant malaise, peut-être celui qui comprend le mieux les incertitudes de notre présent et les angoisses de notre avenir occidentaux.
Caché est d’une redoutable habileté. Le cinéaste piège à tout moment le spectateur en maniant en virtuose à la fois l’image, les mots et les souvenirs, en instituant les fausses pistes, en rendant la tension graduellement insoutenable jusqu’à faire espérer une sorte de révélation qui dévoilerait en un clin d’œil toute la mécanique du dispositif et en terminant le film par une séquence étonnante qui, bien loin de résoudre quelque question que ce soit, embrume encore davantage les esprits et fait ouvrir de vertigineux espaces. (suite…)