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Le Président

vendredi, novembre 22nd, 2013

Poissons volants et majorité de l’espèce.

C’est là un excellent ouvrage tout empreint de la fameuse Qualité française et des talents conjugués d’une équipe solide formée d’Henri Verneuil, de Michel Audiard et, naturellement, d’un Jean Gabin pour qui le rôle a naturellement été écrit.

Mais voilà que paradoxalement le brave gars éternel persécuté de la vie des années d’Avant-Guerre, l’homme mûr aux épaules larges et à la baffe facile ressuscité au cinéma depuis Touchez pas au grisbi se met à terriblement ressembler à un vieux sanglier solitaire revenu de tout.

Le Président Émile Beaufort est-il conçu à l’image de Georges Clémenceau ? Oui, sans doute et de façon presque évidente. Mais il est aussi, dans sa sévère retraite campagnarde, une évocation du général de Gaulle enfermé à La Boisserie avant qu’on soit bien obligé de le rappeler pour éviter la faillite de la France un an et demi avant le tournage du film ; on peut certainement glisser ici et là d’autres inspirations : Aristide Briand, voire Édouard Herriot (davantage, il est vrai, pour une certaine ressemblance d’allure que pour une parenté intellectuelle).

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Full metal jacket

vendredi, novembre 22nd, 2013

Ma seule amie, c’est mon flingue…

J’irais volontiers jusqu’à comparer Full metal jacket, avant-dernier film de Stanley Kubrick et Barry Lyndon (le film que tout le monde apprécie) sous l’aspect de la perfection formelle et de la beauté picturale des images (et peut-être aussi, mais là je fais de la provocation, de l’absence d’intérêt de l’intrigue). (suite…)

Quatre aventures de Reinette et Mirabelle

mercredi, novembre 20th, 2013

Exercice de style léger.

Quatre aventures de Reinette et Mirabelle est vraiment un Rohmer mineur, exclusivement destiné à ses amateurs inconditionnels (parmi qui je me range) mais qui désarçonnerait ou décevrait sans retour ceux qui auraient la mauvaise idée de commencer par ce film un parcours rohmerien. On sent bien que ces saynètes, intelligemment contées comme toujours, s’appuient sur bien peu : des situations vécues par l’auteur ou survenues à des proches et contées à lui, liées un peu artificiellement dans une dialectique parole/silence qui n’est pas très convaincante… (suite…)

Tandem

dimanche, novembre 17th, 2013

1427Comédie triste.

On a décrit avec beaucoup de justesse le climat général de Tandem : Film sur la vieillesse, le temps qui passe, l’échec et la solitude. C’est tout à fait cela, et plus on le revoit, plus on est frappé de cette désespérance. Comédie à l’italienne, évidemment et aussi personnages à la Houellebecq, à peine colorée par la relation Maître/Valet qui introduit le ressort comique (devant la seule part de tarte restante, Rivetot (Jugnot) à Mortez (Rochefort) : Prenez les fruits, j’adore la pâte). Qu’ajouter à ça ? (suite…)

Le grand saut

jeudi, novembre 14th, 2013

La lettre bleue.

Je conservais un souvenir plutôt agréable de cette comédie un peu trop moralisatrice des frères Coen et notamment d’images oniriques et impressionnantes de New-York sous la neige… New-York vue, il est vrai, un peu comme la Gotham city des aventures de Batman, une sorte de cité noirâtre hérissée de tours hostiles et arrogantes. J’ai, à la revoyure, été un peu déçu, trouvant le film gentil, sympathique, drôle assez souvent, mais manquant un peu d’épaisseur, tout de même. En tout cas ça n’est pas du niveau du grinçant Fargo, qui est ce que j’ai vu de meilleur des deux réalisateurs. (suite…)

Confession d’un cannibale

mercredi, novembre 13th, 2013

Végétariens s’abstenir.

Je doute que l’histoire véridique d’Armin Meiwes, le Cannibale de Rotenburg, qui a inspiré ce film de Martin Weisz, fasse autant florès que celle, purement fictive, de notre vieil ami Hannibal Lecter, héros du Silence des agneaux et de ses suites. Et pourtant, elle est bien plus intéressante, psychologiquement parlant, et elle ne met pas en scène un seul prédateur, fût-il aussi génial et séduisant qu’Hannibal, mais bien plutôt un couple sidérant, tueur et tué (car on ne peut pas dire victime et bourreau, pas du tout), profondément complice et fascinant. (suite…)

After hours

mardi, novembre 12th, 2013

Quand l’heure est dépassée…

Ce que j’aime, dans ce cauchemar psychédélique, en plus de son onirisme de malaise, c’est son aptitude à nous rendre proche du malheureux garçon qui, parce qu’il a cru pouvoir échapper ce soir là à sa solitude et à sa vie rangée passe une nuit à se dépêtrer des fureurs du Destin. Sur un mode plus léger et (bien) moins profond, Paul Hackett (Griffin Dunne) m’a fait songer au Bill Harford (Tom Cruise) de Eyes wide shut, renvoyé sèchement par le milliardaire Ziegler (Sydney Pollack) à sa vie paisible : Ne joue pas dans la cour des grands !. (suite…)

Swimming pool

dimanche, novembre 10th, 2013

La beauté n’est pas fragile.

J’aime bien les trois premiers quarts du film, rythmés, lumineux, portés par deux actrices magnifiques, beaucoup moins sa fin, qui se veut maligne et n’est qu’embrouillée, qui se tortillonne, en vient à se répéter, à forcer les traits (au cas où on n’aurait pas compris) et finit par aller dans les plus ennuyeux travers de Sébastien Japrisot, du type meurtres impunis, lourds secrets de famille, assassinats maquillés masqués par le soleil du Midi et tout le toutim. (suite…)

Les lèvres rouges

dimanche, novembre 10th, 2013

Méfiez-vous des femmes !

Le tour de force de Harry Kümel a été de réaliser ce film intéressant et devenu, au cours des ans, assez mythique, malgré de tout petits moyens et dans le cadre d’une coproduction internationale qui lui a imposé des contraintes de scénario et de dialogues dont il ne voulait guère et avec une distribution secondaire qu’il n’avait pas choisie : dans les intéressants suppléments du DVD lui-même et les actrices Danielle Ouimet et Andrea Rau s’étendent assez longuement sur ces points ; dans un petit livret joint, Kümel ajoute une nouvelle couche. Il se gausse d’ailleurs avec férocité des balourdises pompeuses de son interviouveur, Olivier Rossignol, qui aimerait bien faire dire au film des tas de choses compliquées et y voir des intentions qui n’y sont pas ; avoir été démenti sur presque toute la ligne n’empêche d’ailleurs pas Rossignol, dans les deux dernières pages, de livrer ex cathedra ses interprétations, dans un style assez lourd agrémenté de fautes d’orthographe : c’est le malheur de ces livrets un peu boursouflés, comme le furent ceux d’un certain Jacques Viallon que j’ai eu le plaisir de démolir pour Maria Chapdelaine de Julien Duvivier). (suite…)

L’honneur d’un capitaine

vendredi, novembre 8th, 2013

Des héros fatigués.

Le parti choisi par Pierre Schœndœrffer pour présenter ce sujet encore brûlant de l’Algérie est un peu artificiel et ne m’a pas totalement convaincu : lors d’une émission qui évoque évidemment les défunts Dossiers de l’écran où, après la projection d’un film-prétexte, un sujet d’histoire ou de société était évoqué par plusieurs spécialistes, un sociologue engagé attaque violemment l’honneur d’un soldat tué au combat vingt ans auparavant, le capitaine Marcel Caron (Jacques Perrin) en le traitant de tortionnaire. Le commandant Guilloux (Robert Etcheverry), officier qui a connu Caron, quitte le plateau avec fracas (comme le fit un jour l’écrivain Maurice Clavel, dans un autre contexte). Et la veuve du capitaine, Patricia, (Nicole Garcia) va demander réparation de l’outrage. Un procès pour diffamation a lieu. (suite…)