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Du rififi à Paname

jeudi, juin 20th, 2013

Polar international pour samedi soir paresseux.

Voilà quelque chose qui se laisse voir, sans excès ni enthousiasme et qui ne décevra pas trop ceux qui aiment voir Gabin gabinant, entouré de quelques vieux routiers expérimentés de la bonne époque (Marcel Bozzuffi, Daniel Ceccaldi, Claude Brasseur, Gert Froebe) et de frais minois jamais désagréables à regarder (Nadja Tiller, Mireille Darc, Dany Dauberson). L’histoire est raisonnablement compliquée, suffisamment pour qu’on n’en décroche pas, les morts pimpantes et bienvenues, la morale sauve. On en a pour ses euros (ses kopecks, ses picaillons, ses maravédis, si l’on préfère) comme pour tout bon film de samedi soir. (suite…)

Carrie au bal du diable

mercredi, juin 19th, 2013

Vestiaire de l’enfance.

C’est un film absolument maîtrisé, rythmé, intelligent, mêlant avec habileté et doigté des séquences lourdes, impressionnantes, angoissantes à d’autres qui sont émouvantes, subtiles, déroutantes, bouleversantes même quelquefois. Lors de mes premières visions, j’avais moins perçu qu’hier, en regardant le DVD, combien cette histoire était attachante et combien elle était intelligemment contée.

C’est très réussi, dans la tendresse et la violence, du fait, en grande partie, de Sissy Spacek au (beau) visage perdu de noyée de la vie, mais aussi grâce au talent de Piper Laurie, dont j’avais remarqué la qualité d’interprétation dans L’arnaqueur, plusieurs années auparavant, et qui interprète avec un talent glaçant Margaret White, la mère cinglée et fanatique de Carrie. (suite…)

Only God forgives

mardi, juin 18th, 2013

Cruauté hiératique.

Drôle de film et drôle d’ambiance d’un film qui ne laisse pas indifférent mais devant quoi on demeure tout de même assez perplexe, du fait de l’abondance un peu facile des tics de réalisation mais aussi de l’absence de vrai scénario et d’une crudité d’images qui ne s’impose pas toujours.

Bangkok au ciel plombé et aux rues mouillées de pluie, aux nuits obsessionnelles abondant de filles qui se vendent (ou sont vendues, plutôt), de cabarets malsains, de longs couloirs d’hôtels vides luxueux. Au milieu de ce pandémonium, des salles de boxe féroce, des trafiquants de drogue et de chair fraîche. Violence, sadisme, goût du sang. Un drôle de type, Billy (Tom Burke) a tué une gamine de 14 (ou 16 ?) ans prostituée par son père, qui a tué Billy en représailles. Débarque des États-Unis la mère vengeresse, Crystal (Kristin Scott Thomas, magnifique et étrange en blonde vermine) venue venger son fils et demandant à son autre fils, Jullian (Ryan Gosling), qu’elle méprise autant qu’elle adulait son aîné, de tuer le tueur. (suite…)

Quarante-neuvième parallèle

lundi, juin 17th, 2013

Sans épine et sans parfum…

J’ai été naguère tellement déçu par la vacuité scénaristique de ce qu’il est convenu d’appeler les chefs-d’œuvre de Michael Powell, bizarres, baroques, loufoques même presque quelquefois, que Quarante-neuvième parallèle m’a à peu près intéressé. Et qu’en tout cas ce film de propagande belliciste, film de commande et de pédagogie anti-hitlérienne, m’a paru assez typique du cinéma anglais de l’époque. (suite…)

Mon père est ingénieur

mercredi, juin 12th, 2013

18386309Mauvais scénario=médiocre film.

J’imagine que pour Robert Guédiguian et son complice Jean-Louis Milési c’est à chaque fois le même casse-tête : puisque le parti-pris consiste à tourner une histoire autour de Marseille et de ses mutations, de choisir ses personnages parmi le petit peuple de l’Estaque et des cités, tout amer de la décadence du port (à laquelle ses amis du PCF et de la CGT ont tout de même largement contribué !) et de conserver un même petit groupe d’acteurs au registre toujours identique (et excellent), il faut beaucoup d’imagination pour inventer des scénarios. (suite…)

Paisa

mercredi, juin 12th, 2013

Un regard trop lointain.

Il y a là six récits, chronologiquement disposés selon les péripéties de le libération de l’Italie, entre l’été 43 et le printemps 44, mais qui n’ont pas d’autre lien entre eux que de peindre le désarroi et les incertitudes d’un pays encore très pauvre, violemment disputé entre les troupes alliées, les Allemands en reflux, les partisans et les fascistes. C’est sec et net comme une épure mais, précisément comme une épure, ça ne touche pas, au contraire de Rome, ville ouverte, film précédent et de Allemagne année zéro film suivant dans l’œuvre considérable de Roberto Rossellini. (suite…)

Indiana Jones et le temple maudit

mardi, juin 11th, 2013

Raciste et sadique ?

Il est sans doute exceptionnel qu’un récit aussi chatoyant, dont le premier épisode, sorti en 1981, avait émerveillé le monde entier, ravi de voir s’incarner une grande aventure qu’on croyait réservée aux bandes dessinées, il est exceptionnel, donc, que le deuxième volet de la série soit d’aussi grande qualité, ou presque que son prédécesseur. (suite…)

César

lundi, juin 10th, 2013

Tableau du désastre.

Comme les deux premiers films de la Trilogie, César commence par un panoramique sur l’immensité du port de Marseille ; et pourtant on n’est plus, paradoxalement, dans le petit périmètre du Bar de la Marine ; et d’ailleurs, lors de la seule séquence goguenarde et bouffonne du film, celle du chapeau melon qui recouvre un rude pavé et qui appelle à des shoots mirobolants, ce ne sont pas les quatre complices initiaux qui sont assis en terrasse. Panisse n’est plus là et César n’est pas là. Les remplacent le docteur Venelle (Édouard Delmont) et Innocent Mangiapan, le chauffeur du ferryboate (Maupi). C’est presque pareil, mais ce n’est plus pareil : vingt ans ont passé depuis Fanny, le petit garçon que Marius voulait arracher à son père nourricier est devenu un grand flandrin qui va sortir major de Polytechnique, l’eau grise des déceptions a laissé sa trace sale sur tout le monde et le confort a lassé toutes les vertueuses indignations. (suite…)

Fanny

dimanche, juin 9th, 2013

Fatalité du sacrifice.

Fanny commence exactement où Marius s’achève : le grand bateau La Malaisie qui quitte la douceur de Marseille pour les îles dorées du bout du monde. À son bord, un jeune homme égoïste et rêveur qui laisse là son pauvre bonhomme de père et la fille qui lui est promise de toute éternité, et dont il ne sait pas qu’elle est enceinte de lui. (suite…)

Marius

dimanche, juin 9th, 2013

La prison maritime.

L’épitaphe de Marcel Pagnol sur sa tombe, au cimetière de La Treille, empruntée à Virgile, porte Fontes, amicos, uxorem dilexit (Il aima les fontaines, ses amis et sa femme). C’était un être absolument doué pour la vie et le bonheur, qui en saisissait toutes les douceurs et les richesses. Et la vie, bonne fille, lui rendait bien cette grâce, en le comblant de tous ses dons, celui de faire de très bonnes affaires, sans doute mais sûrement aussi de comprendre avant tout le monde vers quoi il fallait naviguer. (suite…)