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La vierge de Nuremberg

dimanche, mars 10th, 2013

Velouté en rouge sang.

Le scénario de ce bon petit film de série Z est tellement invraisemblable qu’il vaut mieux ne pas s’attacher à l’intrigue, ce qui permet de profiter sans arrière-pensée des atmosphères lourdes et colorées et de se féliciter de certaines trouvailles horrifiques de bonne venue. (suite…)

Les chiens de paille

vendredi, mars 8th, 2013

Le mouton enragé.

Je ne suis pas un profond connaisseur de l’œuvre remarquable de Sam Peckinpah et je craindrais d’enfoncer des portes ouvertes en essayant d’y déceler des thèmes porteurs, mais je suis sûr qu’on ne me chipotera pas si je le qualifie de cinéaste de l’ambiguïté.

À la fin de tous ses films, et en tout cas de ceux que j’ai vus, demeure toujours une interrogation sur la nature profonde des protagonistes (on ne va tout de même pas parler de héros en évoquant La horde sauvageApportez-moi la tête d’Alfredo Garcia ou Croix de fer), avec qui on n’est pas forcément, ou forcément pas, en empathie mais par qui on est fasciné. Puis cette ambiguïté s’installe insidieusement en nous pour nous interroger sur notre propre rapport à la violence, à la sauvagerie, et plus simplement à la mort. Et ce qu’on imagine pouvoir découvrir en soi, jusqu’à la volupté inquiétante de la férocité. (suite…)

Du sang pour Dracula

lundi, mars 4th, 2013

Du_sang_pour_DraculaGrotesque, pathétique, délirant, excessif…

C’est grotesque et délirant, excessif et ridicule…mais ça ne manque pas de charme, ni d’intérêt. Pas simplement pour les interprètes (bizarre composition de Vittorio De Sica en aristocrate fauché et résigné) mais aussi pour la musique (superbe durant le générique) et l’érotisme assez malsain. (suite…)

La collectionneuse

samedi, mars 2nd, 2013

872008322Rohmerissime !

Je ne suis pas très à l’aise pour noter ce film, qui me paraît réunir à un assez haut degré à la fois tout ce qu’on peut détester et tout ce qu’on peut adorer chez Éric Rohmer, ce qu’on appellera verbiage ici, intelligence des mots là. Car il y a, dans La collectionneuse à la fois l’un et l’autre. (suite…)

Le grand sommeil

jeudi, février 28th, 2013

Tout ça est très compliqué.

Après avoir lu plusieurs éminentes critiques et avoir parcouru de nombreux forums de cinéphages, je suis ravi de constater que personne n’a jamais rien compris à l’intrigue abracadabrante et invraisemblable du Grand sommeil et qu’à peu près tout le monde s’en contrefiche. C’est évidemment un peu embêtant pour un film à forte tonalité policière, la plupart des spectateurs appréciant de savoir qui a tué, pourquoi on a tué et comment le héros va démasquer le coupable. (suite…)

La ville est tranquille

jeudi, février 28th, 2013

Magnifique. Désespérant.

Est-ce un hasard si le plus noir, le plus sombre, le plus désespéré, le plus désespérant des films de Robert Guédiguian est, à mes yeux, le plus réussi, le plus magnifique, le plus attachant, le mieux composé ? La ville est tranquille ne comporte désormais plus aucune des scories, des maladresses, des naïvetés de ses précédentes réalisations et jongle avec virtuosité avec l’entrelacs d’histoires parallèles, toutes fortes, émouvantes, d’une infinie tristesse. (suite…)

Drôle de drame

mardi, février 26th, 2013

On en parle, mais…

Ma note très moyenne est sûrement un peu faible par rapport à la renommée du film, à certaines scènes étincelantes, à la qualité de la plupart des acteurs, mais je ne me résous pas, après avoir vu une bonne demi-douzaine de fois Drôle de drame à classer le film de Marcel Carné et de Jacques Prévert trop près du rang que je donne à leurs grandes œuvres, celle du Réalisme poétique, de Quai des brumes aux Portes de la nuit. (suite…)

Au revoir les enfants !

lundi, février 25th, 2013

Au-revoir-les-enfants-4La lumière des Justes.

Grand bourgeois fortuné et rebelle, Louis Malle, seize ans après Le souffle au cœur, qui, décrivant des épisodes de son adolescence, se voulait iconoclaste, provocant, mais narquois et tendre aussi, réalise avec beaucoup plus de gravité et de hauteur Au revoir les enfants, qui est un modèle de pudeur et de tristesse.

D’autant que la dénonciation de l’enfant juif dissimulé dans un collège religieux, par le pauvre type douloureux Joseph (à qui on a trouvé des ressemblances avec Lucien Lacombe) et sa conséquence irrémédiable n’emplit pas totalement l’espace narratif et évite avant tout de sombrer dans le pathétique (si compréhensible que ce pathétique pourrait être). (suite…)

Dédée d’Anvers

vendredi, février 22nd, 2013

Brumes du port.

Il y a tout de même pas mal de carrières qui commencent glorieusement et qui s’achèvent piteusement, au cinéma. Celles de Marcel Carné, de Claude Autant-Lara… Plus tard celle de François Leterrier, par exemple. Et celle d’Yves Allégret, évidemment, magnifique à ses débuts, d’une noirceur accablante, et qui va s’engluer peu à peu dans la coproduction internationale de troisième zone et dans les Maigret incarnés pour la télévision par Jean Richard. (suite…)

Memories of murder

mercredi, février 20th, 2013

 Pluie d’enfer.

Je m’étonne moi-même d’avoir tant apprécié un film qui se déroule dans cette invraisemblable contrée pluvieuse et – d’après tout ce que j’en ai vu – d’une mocheté à faire peur. Mais il me semble que la Corée, sans doute dotée de moins de codes civilisationnels que le Japon, à nos yeux d’Occidentaux, m’est plus proche que son voisin oriental, plus accessible en tout cas, et que cette épatante histoire de serial killer traqué par des policiers dépassés par l’événement aurait pu se passer un peu partout dans notre monde. (suite…)