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Alceste à bicyclette

mardi, février 12th, 2013

Drôle, intelligent, jubilatoire.

Beaucoup des critiques que j’ai lues après avoir vu, cette après-midi, le film, insistent sur l’exagération, le surjeu habituel de Fabrice Luchini et, sans doute détestant l’acteur, en profitent pour vouer Alceste à bicyclette aux gémonies, à tout le moins pour le trouver insignifiant, pesant ou agaçant. Moi que le jeu si particulier de l’acteur séduit plutôt, qui aime à le retrouver semblable à lui en toutes circonstances et qui n’avais aucune prévention à le voir accomplir son numéro habituel, l’ai plutôt trouvé inhabituellement sobre et maîtrisé, plutôt dans le style de l’excellent Confidences trop intimes de Patrice Leconte que dans celui du non moins excellent Dans la maison de François Ozon. (suite…)

Sleepy Hollow

lundi, février 11th, 2013

Belle mise en images.

Sans avoir beaucoup de justification, je ne suis pas très à l’aise avec le cinéma de Tim Burton ; ou alors je me dis que c’est pour des raisons un peu bancales et mal étayées : parce que je me suis mis en tête que ses films sont destinés aux adolescents, en m’appuyant sur Edward aux mains d’argent, Charlie et la chocolaterie, Alice au pays des merveilles, voire Batman et que la violence et la morbidité de beaucoup de séquences me plongent en pleine interrogation et que cette ambiguïté me gêne. Mauvaises raisons donc, parce que je sais bien, par ailleurs, que l’enfance et l’adolescence se complaisent dans les chroniques et récits de terreur, que les images violentes fascinent la jeunesse davantage encore que la maturité, et que les jeunes générations, par surcroît, sont tellement familiarisées avec les pires des horreurs que je me sais en porte à faux.

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Métropolitain

jeudi, février 7th, 2013

Des qualités.

Je ne m’attendais pas à grand chose en glissant dans mon lecteur DVD ce petit film inconnu, acquis pour compléter une commande, du non moins inconnu Maurice Cam. En scrutant un peu la filmographie de ce réalisateur qui n’a pas laissé grandes traces, on s’aperçoit qu’il s’était spécialisé dans des comédies de quatorzième rang qui, grâce à de tout petits prétextes dramatiques ou policiers, présentaient des vedettes de la chanson sur le grand écran (Tino Rossi, Alibert ou Charles Trénet) ou des numéros de music-hall aussi variés que roublards.

Métropolitain m’a été plutôt bonne surprise, grâce à une intrigue ingénieuse et plutôt bien filmée, sans doute parce que je n’en attendais pas grand chose, sûrement aussi parce que le Paris de 1938 m’intéresse (et donc que je ne conseillerais pas évidemment pas le film à qui n’a pas une tendresse particulière pour la ville et l’époque). (suite…)

Le cuirassé Potemkine

mercredi, février 6th, 2013

Épopée monumentale et un peu enquiquinante.

Désigné un temps (en 1958), par une coterie de critiques Meilleur film de tous les temps, Le cuirassé Potemkine, qui date de 1925, impressionne encore par la grandeur lyrique de la mise en scène, le souffle des scènes de foule, le sens extraordinaire qu’avait Eisenstein de composer des images à la géométrie compliquée (quelques merveilles comme, par exemple, les plans initiaux sur les hamacs des matelots qui s’entrecroisent dans les soutes du navire). (suite…)

Damien – La Malédiction II

dimanche, février 3rd, 2013

La constitution du royaume.

Ah oui, le deuxième volet de la trilogie est presque aussi bon que le premier et si le spectateur sait désormais ce qui l’attend et frémit à l’avance des aveuglements et dénis de l’entourage de Damien, il voit aussi avec l’angoisse au cœur la progression inéluctable du Malin et de ses sectateurs. Qu’un film ne se prenne pas au sérieux est une bonne chose, mais au moins ne doit-il pas prendre des libertés avec sa propre cohérence et la logique de son sujet. C’est tout à fait le cas ici.

Si les dialogues sont assez médiocres, et nullement au niveau de l’aventure terrifiante contée, le scénario est habile et retors. Il est par exemple excellent que Damien (Jonathan Scott-Taylor) ne prenne conscience que très graduellement de sa nature et de son identité, qu’il y soit progressivement initié par tous ceux qui veillent sur lui et qui attendent avec constance et fanatisme sa révélation et son éveil ; et pas mal, non plus, qu’il s’accroche, en une dernière tentative, à sa vie d’avant en essayant d’y associer Mark (Lucas Donat) qui vient de découvrir que son frère nourricier est le fils de Satan. (suite…)

Le deuxième souffle

samedi, février 2nd, 2013

Film froid.

Quatre très grands films policiers réalisés par Jean-Pierre Melville : Le Doulos en 62, Le deuxième souffle en 66, Le samouraï en 67, Le cercle rouge en 70. Un cinéma de plus en plus épuré, hiératique, marmoréen, tragique. Des films sans gaieté, sans espérance, sans érotisme. Des films pesants, graves, sombres à qui l’on pourrait presque reprocher de temps en temps de se prendre un peu au sérieux, mais dont la constance dramatique porte l’œuvre du réalisateur au premier rang du cinéma français. (suite…)

Barbarella

jeudi, janvier 31st, 2013

Délirant ? Ou finalement assez sage ?

J’ai regardé Barbarella hier avec l’esprit d’ouverture recommandé par certains amateurs, avec l’indulgence narquoise du type à-qui-on-ne-la-fait-pas et avec la volonté de jauger à un nombre considérable de degrés le film de ce sacripant viveur de Roger Vadim qui avait pour lumineuse caractéristique celle d’avoir emballé les plus séduisantes filles du monde (parmi les liaisons et unions notoires, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Jane Fonda, et même Marie-Christine Barrault : joli palmarès !).

J’ai regardé tout en me souvenant que lors de la sortie du film, à la fin de 1968, j’avais été passablement frustré, parce que j’attendais bien davantage d’un réalisateur, qui avait été autrement plus audacieux lors du tournage de Et Dieu… créa la femme, qui date tout de même de douze ans auparavant et d’une époque bien plus pudibonde. Par rapport à ce film qui révéla Bardot et qui est d’une sensualité chaude et troublante malgré ses immenses défauts, Barbarella m’avait semblé être – et me paraît toujours – un exercice finalement assez anodin, moins fait pour scandaliser le bourgeois que pour rafler la mise financière. (suite…)

Le fabuleux destin de Désirée Clary

dimanche, janvier 27th, 2013

Manque de quoi ?

Ah oui, pour qui apprécie le cinéma méta-historique de Sacha Guitry, Le Destin fabuleux de Désirée Clary est une déception. Et c’est bien dommage parce que, au delà des historiettes habilement mises en scène, brodées, même, de ses plus grandes réussites dans le genre, l’histoire de cette jeune fille de Marseille était un réel trésor. À un tel point, d’ailleurs que le réalisateur étasunien Henry Koster qui venait juste de tourner La tunique (Le premier film en CinémaScope !) en 1953 proposait en 1954 une Désirée, avec Jean Simmons dans le rôle titre, ainsi que Marlon Brando (Napoléon) et Merle Oberon (Joséphine). (suite…)

Et si on vivait tous ensemble ?

samedi, janvier 26th, 2013

Douteux.

Je suis tombé là-dessus presque par hasard, l’autre soir, sur une des chaînes de Canal+, et j’ai regardé jusqu’au bout, en me demandant où le réalisateur, Stéphane Robelin, dont ça doit être le premier long métrage, voulait nous conduire. Peut-être mon inéluctable rapprochement avec le septuagénat, la sorte de fascination morbide que, passé un certain âge, on ressent pour les perspectives de ce qui va se passer après, lorsque la dégénérescence physique et intellectuelle ne pourra plus être niée. (suite…)

L’emmerdeur

vendredi, janvier 25th, 2013

Le goût est un peu passé…

Il y a des films qu’on ne devrait pas revoir. Ou revoir seulement en petits bouts, en sélectionnant les séquences, en ne gardant que quelques scènes, quelques regards, quelques mots, quelques répliques (Je finis mon café). Des films qui demeurent dans l’inconscient collectif mais qui, comme les fresques de la Rome antique qu’un creusement de tunnel de métro a fait apparaître, dans Fellini Roma, se décolorent et disparaissent dès qu’elles sont inondées de la lumière du jour.

L’emmerdeur est un peu de ces fragiles survivances et je doute que lorsque la génération qui l’a vu au cinéma à sa sortie (et, sans doute lors d’un de ses passages télévisés immédiatement postérieurs) aura disparu ou gagatera dans son hospice, on évoquera les mésaventures de Pignon et de Milan autrement que dans les nomenclatures exhaustives du cinéma des années 70. Et pourtant le DVD a été naguère édité avec un certain luxe, un disque pour le film, un pour les suppléments, sons mono, Dolby et 5.1, sous-titrages pour sourds et pratiquants de la langue de David Cameron et de Barack Obama. Et un bel emboîtage carton par dessus le marché. Il y a un paquet de chefs-d’œuvre qui n’ont pas bénéficié de ce traitement de faveur !

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