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Place de la République

dimanche, avril 8th, 2012

Grande banalité…

Je m’attendais un peu à regarder quelque chose d’aussi intéressant que Daguerréotypes d’Agnès Varda, une sorte d’exploration ethnologique d’un quartier de Paris filmé avec empathie, malice et chaleur ; un petit bout de macadam où passent des destinées individuelles sans éclat particulier, sans aventure éclatante… Des destinées qui, lorsqu’on les expose discrètement, avec pudeur, avec sourire, finissent par bâtir un joli paysage. (suite…)

Monsieur Vincent

samedi, avril 7th, 2012

Histoire d’un saint…

La semaine Sainte se prêtant particulièrement bien à la découverte d’un film édifiant (c’est-à-dire, comme il est rappelé par un intervenant du supplément, qui édifie quelque chose), j’ai regardé avec beaucoup de tendresse et d’émotion ce Monsieur Vincent, qui restera sûrement comme la seule œuvre présentable de Maurice Cloche. (Il faut, d’ailleurs, que la sainteté du sujet soit grande pour avoir porté à ce niveau la qualité d’un réalisateur au patronyme malencontreux et au talent médiocre). (suite…)

Le papillon

samedi, mars 31st, 2012

affichePapillon de famille.

Une petite fille triste, Elsa, affublée d’une mère immature et délaissée par elle, part en cavale dans le Vercors avec son voisin, Julien, entomologiste bougon qui veut capturer un exemplaire d’un rarissime spécimen de papillon (de la famille des Saturniidae, me souffle aimablement ma vieille amie Wiki), papillon dont je place ci-dessous l’image : le meilleur du film tourne dans la promenade de deux personnages que tout différencie, dans leurs conversations, souvent jolies ou drôles et dans la belle nature. (suite…)

Le blé en herbe

mercredi, mars 28th, 2012

Un peu amidonné.

Le 4 que j’avais mis, sur la foi de mes souvenirs, ne tient pas, au choc des années. 3 est trop peu ; glissons un 3,5, ou un 3,6. Convenons que la qualité du DVD est absolument remarquable, image et son restaurés, que les suppléments ne sont pas mal du tout et comportent – heureuse initiative ! – un des huit (sic !) sketches des Sept péchés capitaux ; dans ce sketch, de 1951, L’Orgueil, Autant-Lara totalement fidèle à sa veine grinçante et méchante, emploie au mieux Michèle Morgan, Françoise Rosay, Jean Debucourt, Louis Seigner… Un petit bijou de cruauté… (suite…)

Ki lo sa ?

mercredi, mars 28th, 2012

Ça ne s’arrange pas…

Et oui, ça ne s’arrange pas, mais ça va s’arranger, parce qu’il y a tout un potentiel qui va fleurir dans les films qui suivent.

Pour l’instant, on en est (j’en suis ! parce que j’ai tout de même l’impression d’être bien seul à m’intéresser à Guédiguian qui réalise pourtant une des œuvres les plus typées et les plus originales du cinéma français), on en est, dans l’exploration du coffret magique de l’intégrale, au troisième opus. Dans le film initial, Dernier été, on voyait d’emblée se mettre en place la mythologie de l’Estaque, d’un Marseille rêvé, brûlant de soleil, de mer et de luttes ouvrières. C’était pas mal du tout, intelligent, sensible, parfois un peu maladroit… Dans le deuxième, Rouge midiGuédiguian s’attaquait à trop forte partie en voulant dresser une fresque historique, trop ambitieuse pour ses moyens d’alors (à tous les sens du terme). (suite…)

L’amour en fuite

dimanche, mars 25th, 2012

Fin finale.

Est-ce qu’on peut vraiment suivre François Truffaut, lorsqu’il déclare, un peu provocateur aux Cahiers du cinéma : Je savais, en tournant (le film), que je faisais une connerie ? Pas tout à fait, et au moins pour deux raisons.

La première est qu’il n’était pas inutile que fût récapitulée, synthétisée, et même, si je puis dire, conceptualisée la singulière personnalité d’Antoine Doinel, personnage important de l’histoire du cinéma ; la seconde est qu’il fallait bien que Truffaut tuât son double pour aller autre part. (suite…)

Une journée bien remplie

samedi, mars 24th, 2012

Objet inidentifiable.

Revu tout à l’heure, et toujours cette drôle d’interrogation : est-ce que ce n’est pas un film tout d’esbroufe, grinçant, simplement porté par une drôle d’idée sardonique ou est-ce que c’est un peu davantage ?

Je serais assez tenté ce soir de trouver le film assez limité, parce que, malgré sa brièveté (moins d’une heure trente), ça traîne un peu à la fin et que, dès lors qu’on a compris que la drôle de famille Rousseau a voué sa journée à l’exécution capitale des jurés qui ont condamné à mort le dernier né, on attend simplement la suite. En plus le vengé est une sorte de poussah gluant, à l’œil vide et à la joue grasse dont la photo est brandie devant l’assassiné à chaque trépas, mais dont ne sait pas ce qui a pu conduire un jury à lui faire couper le cou… (suite…)

38 témoins

mercredi, mars 21st, 2012

La lâcheté commune, ordinaire et banale.

Après avoir regardé 38 témoins, j’ai songé assez vite au Giono amer des Chroniques d’après-guerre. Pour réaliser des films désespérants, aussi sceptiques sur l’âme humaine, des films lucides, dissonants avec les ventrées de caramel mou humanistes et bienveillantes habituelles, il n’est pas superflu de trouver un beau décor glaçant. Histoire d’ennui et de mort, Un Roi sans divertissement étouffait toute respiration dans les paysages neigeux désolés du Trièves. Histoire de lâcheté et de mort, 38 témoins asphyxie les espérances de monde meilleur dans les décors minéraux du Havre. (suite…)

Libera me

dimanche, mars 18th, 2012

Trop, c’est trop.

J’ai assez célébré ici les films d’Alain Cavalier, les plus accessibles (La chamade ou même Le combat dans l’île), les plus austères (Thérèse), les plus délicats (24 portraits) et même les plus compliqués (Le filmeur) pour avoir le droit de ne pas dire du bien de cet exercice assez vain qu’est Libera me.

Tourner une parabole de l’oppression, essayer d’en montrer la pesanteur, la dureté, la méchanceté intrinsèques n’est pas sans qualité et moins encore de ne pas coller de dialogue à cette métaphore de l’horreur, de façon à, si je puis dire l’intemporaliser, la rendre efficace pour tous les âges et toutes les sociétés. On peut accoler les images à l’Allemagne nazie, à la Russie communiste et, par dérivation, à tous les régimes autoritaires. Dans tous ceux là la honte, l’angoisse, la lâcheté, la cruauté, le mépris, l’humiliation… (suite…)

Le ruban blanc

lundi, mars 12th, 2012

Ciel de glace.

Ah il est sûr que si l’on aime les films d’action, les poursuites en voiture dans les rues encombrées des métropoles étasuniennes, les coups de feu et les scènes d’hyper-violence, on n’a pas son content dans Le ruban blanc ! Mais si l’on apprécie le cinéma du malaise, de la culpabilité et de l’étouffement, on est stupéfié par le talent qu’y met Michael Haneke, tout aussi obsessionnel ici qu’il peut l’être dans Funny games.

Le Mal. Vaste problème. Mille raisons, ou aucune d’entre elles ? Dans les suppléments du DVD, on se tortille un peu pour exposer que l’angoisse qui sourd et la malfaisance qui règne sont le résultat logique d’une éducation rigoureuse poussée à l’excès, de la frustration et de l’obstination qui en découlent. Par deux fois, dans ces suppléments – dans le macking off et lors de la conférence de presse donnée lors du festival de Cannes 2009 – Haneke dit que, dans Le ruban blanc le Mal survient parce que les enfants se conforment aveuglément et absolument aux règles inculquées par leurs parents. Selon lui, tout idéal moral se pervertit dès lors qu’on l’érige en absolu, ce qui entraîne les comportements monstrueux – mais alors logiques – qu’il filme… (suite…)