Que cette gentille, plaisante, attendrissante petite fable ait obtenu tant d’éloges et ait reçu tant de récompenses (en tout cas tant de nominations à ces récompenses alors si recherchées, Oscars, Golden Globe et tout le toutim apprécié des professionnels de la profession) dit surtout l’époque heureuse de sa réalisation, l’optimisme débordant qui avait envahi le Nouveau Monde…
L’année 1946 a beau être celle ou le Rideau de fer se met en place et si le lucide Churchill le désigne ainsi lors d’un discours en mars, les États-Unis, dans la grande euphorie qui a suivi la victoire sur les barbares coalisés, la supériorité scientifique et militaire absolue, la prospérité recouvrée après les longues années de dépression, puis de guerre, et l’aveuglement, assez partagé, sur la véritable nature du communisme et la folie sanguinaire de Staline, se doivent de donner au monde un message positif, consensuel, un peu larmoyant, mais où le courage et – surtout ! – la vertu sont récompensés.


), est devenue fille légère de cabaret et de galanterie. Elle retrouve fortuitement Georges, médecin québécois, (
), avec qui elle a vécu dix ans auparavant une histoire d’amour merveilleuse. Elle ne veut pas qu’il apprenne sa déchéance et, pour sauver les apparences, elle descend un degré de plus, se plaçant en dépendance financière d’un affreux aigrefin. Et ça se termine mal. 

,
,
,
-, même si c’est un beau, noble, émouvant film d’amour pour Paris et pour la France – les plus grandes et véridiques amours de
-, ça n’atteint pas, et de loin, le niveau de
.
Drôle de film…
de
ou
de 
,
, aussi figé que possible,
, dont la mine niaise surnage du
par la seule magie du talent de
), en regardant d’un œil navré cette accumulation de bêtises, on en vient presque à comprendre les propos iconoclastes des cinéastes de la Nouvelle Vague… 

et de
, tous deux de
, tous deux adaptés d’un roman par le même
, avec la même 
, qu’est-ce qu’il y a dans
pour nous décontenancer autant et nous fasciner autour d’histoires qui n’ont ni début, ni fin, ni cohérence, ni raison, et qui nous paraissent pourtant, malgré la part faite à l’irrationnel, si ancrées dans un des cercles de notre réalité ? 
, c’est une transposition de dessin animé, pleine d’invraisemblances, de folies, de gags absurdes et délicieux, de situations hystériques, de personnages ahuris ou fous furieux, et c’est ce qui en fait le charme.
ou même
.