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One+one

samedi, octobre 3rd, 2020

L’invention d’un Zéro absolu plus qu’absolu.

D’humeur maussade cette après-midi, agacé par cet automne mouillé et plus encore par la vision du monde qui nous arrive sur les bras, tétanisé à la fois par la crainte du coronavirus et les précautions prises pour s’en protéger, j’ai mis vraiment toutes les chances de mon côté : je me suis regardé un film de 1968, réalisé par Jean-Luc Godard et en grande partie consacré à la création par les Rolling stones d’une chanson qui leur fut, paraît-il emblématique et qui s’appelle Sympathie for the Devil, film autrement nommé One + One.

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L’acrobate

jeudi, octobre 1st, 2020

La pluralité des mondes.

Ah non, c’est bien plus qu’un ratage, c’est un naufrage et pire encore une submersion dont personne ne se sort intact ! Quand j’écris personne, ça ne concerne évidemment pas les deuxièmes, troisièmes, quatrièmes couteaux, qui ne sont pas si mauvais que ça, qui se contentent de jouer pour venir percevoir leur cachet. Et on ne va pas les vouer aux gémonies pour ça, chacun devant payer sa pitance, son loyer et ses impôts.Mais le film n’existe que par et pour Fernandel. Ce qui se conçoit d’ailleurs, la star portant le film, suscitant l’intérêt et emplissant les salles. Personne n’est d’ailleurs obligé de chercher autre chose que du divertissement dans le spectacle cinématographique. (suite…)

Répétition d’orchestre

mardi, septembre 29th, 2020

Les virtuoses.

Répétition d’orchestre ne me fera pas renoncer à redécouvrir le cinéma de Federico Fellini, qui m’a si longtemps rebuté ou plutôt – le mot est plus exact – décontenancé, mais ne contribuera pas à me faire parcourir avec aisance le chemin de Damas sur quoi je me suis engagé. En d’autres termes j’attends plus et mieux de la vision ou re-vision des Vitelloni, de Juliette des esprits, d’Amarcord, de Fellini Roma, de Casanova, films qui, tous, figurent parmi mes dernières emplettes et dans mon automnal programme cinéphagique .

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Trois couleurs : Bleu

lundi, septembre 28th, 2020

Capitale de la douleur.

De Krzysztof Kieslowski je n’avais vu jusqu’alors qu’un seul film, La double vie de Véronique, intéressant, mais irritant aussi et décontenançant ; un film qui ne peut pas passer pour insignifiant mais qui ne m’a pas donné du plaisir, un film où je ne suis guère entré, tout en reconnaissant ses grandes qualités : beauté formelle et sophistication du récit. La double vie, sortie en 1991, précédait immédiatement la trilogie qui a fait accéder le réalisateur à une grande notoriété, tout au moins en Europe et plus encore en France, Trois couleurs : Bleu, puis Blanc et enfin Rouge, paraît-il en référence à notre devise, Liberté, Égalité, Fraternité en 1993 et 1994. Puis Kieslowski s’est tu, fatigué, et il est mort en 1996. (suite…)

La prochaine fois, je viserai le coeur

dimanche, septembre 27th, 2020

Du plus profond de la tranchée…

Je ne suivrai pas les dithyrambes prononcés avec éloquence sur La prochaine fois je viserai le cœur troisième film de Cédric Anger ; si je n’ai pas vu le deuxième, qui s’appelle L’Avocat, je me souviens encore assez bien du premier, Le Tueur, avec l’excellent Gilbert Melki qui, partant de prémisses scénaristiques bien intéressantes, m’avait paru bien maladroit – ce qui est pardonnable – mais surtout dépourvu de rythme et d’intelligence des personnages, ce qui l’est beaucoup moins. (suite…)

La soif du mal

vendredi, septembre 25th, 2020

Petit périmètre.

C’est à peu près toujours la même affaire avec Orson Welles : on s’enthousiasme, s’émerveille, s’ébahit sur sa capacité à faire surgir des images surprenantes, magnifiques, angoissantes, attachantes et on se retrouve, en même temps, plongé dans une sorte de capharnaüm narratif où le récit semble se compliquer à l’envi lorsqu’il veut bien ne pas se disperser dans une sorte de fouillis. C’est sans doute pourquoi, en ayant beaucoup admiré et guère apprécié Citizen KaneLa splendeur des Amberson et Dossier secret, j’ai tranché que les deux films de Welles que je préfère sont ses adaptations des pièces de Shakespeare, c’est-à-dire Othello et plus encore Macbeth.Tenu, enserré, corseté par les textes, Welles pouvait donner libre cours à son génie de la mise en scène.

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La séparation

vendredi, septembre 25th, 2020

Pluie fine.

Cinéaste assez rare, Christian Vincent n’est pas dépourvu de talent. Un très charmant, spirituel, intelligent film par quoi il est entré dans le paysage, La discrète, en 1990, avec Fabrice Luchini et Judith Henry. Avec le même (grand) acteur, L’hermine en 2015. Aussi, en 2012, Les saveurs du Palais, qui n’était pas désagréable, avec Catherine Frot et Jean d’Ormesson, qui se coulait dans les habits du Président François Mitterrand. Bien plus avant, cette Séparation en 1994, avec Isabelle Huppert et Daniel Auteuil, deux bien grands acteurs français sur qui repose, à dire vrai, toute la structure du film. (suite…)

Antoinette et les Cévennes

mercredi, septembre 23rd, 2020

Tourne, tourne, papillon…

Voilà un gentil petit film qui ne laissera pas la moindre trace dans le paysage cinématographique français de notre époque et moins encore, bien sûr, dans l’histoire du cinéma. Mais un gentil film qui se laisse voir sans déplaisir, grâce à sa durée très convenablement restreinte (95 minutes), son agréable musique, la bonne tenue de ses interprètes et surtout – surtout ! – grâce à l’extraordinaire photogénie des Cévennes, des splendides paysages où se déroule le récit. Récit d’une maigreur étique mais qui, par la grâce surprenante de la réalisatrice Caroline Vignal et de l’interprète principale Laure Calamy parvient à tenir la distance. Ou presque, ce qui n’est déjà pas mal du tout. (suite…)

Mahler

lundi, septembre 21st, 2020

Les terres excentriques.

Il y a bien longtemps que le cinéma s’est emparé de la vie des grands compositeurs, jugée, souvent à raison, dramatique et romanesque, propre à émouvoir, enthousiasmer ou désoler. En plus il y a un avantage supplémentaire à mettre en images ces vies : l’accompagnement musical est tout trouvé ! On peut citer au fil de la plume Un grand amour de Beethoven d’Abel Gance en 1937 et Eroïca de Walter Kolm-Veltée en 1949, sur Beethoven – qui devint sourd, La symphonie fantastique de Christian-Jaque en 1942, sur Berlioz, dont la fin de vie fut marquée par de terribles deuils, la ridicule Belle meunière de Marcel Pagnol et 1948 et Symphonie inachevée de Glauco Pellegrini sur Schubert, qui devint fou et naturellement Amadeus de Milos Forman en 1984, sur Mozart qui mourut à 35 ans et dont le convoi funèbre sous la neige est encore dans toutes les mémoires (si j’ose dire). (suite…)

Le corps de mon ennemi

jeudi, septembre 17th, 2020

Et on tuera tous les affreux…

Je n’ai pas lu le livre de Félicien Marceau dont le film d’Henri Verneuil est adapté. Belge naturalisé Français, Académicien, le romancier est sans doute aujourd’hui bien oublié mais il connut quelques beaux succès critiques et publics. Avec L’homme du Roi et Les élans du cœur, par exemple, ou Creezy qui reçut le Prix Goncourt en 1969 et fut adapté au cinéma par Pierre Granier-Deferre sous le titre La race des seigneurs. Et au théâtre deux immenses succès, L’œuf adapté au cinéma par Jean Herman et La bonne soupe, adaptée par Robert Thomas. Voilà un étalage d’érudition dont je ne suis que moyennement fier mais qui me conduit à ce que je voulais écrire : Félicien Marceau n’a jamais été soupçonné de marxisme et a même été un des meilleurs amis de Hussards de la Droite décoincée, Roger NimierJacques LaurentAntoine BlondinKléber Haedens(suite…)