Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

La carrière de Suzanne

dimanche, août 19th, 2012

La construction d’un regard.

Autant le premier des Contes moraux, le court métrage La boulangère de Monceau me paraît d’emblée saisir le ton juste et préfigurer ce que seront les grands films qui vont suivre, autant le moyen métrage (52 minutes) La carrière de Suzanne réunit quelques uns des défauts qu’on pourra, souvent légitiment, prêter à Éric Rohmer, lorsque le scalpel de l’auteur fouille à l’excès certaines vacuités et aboutit à un propos un peu filandreux. (suite…)

La boulangère de Monceau

samedi, août 18th, 2012

Et à la fin…

Et à la fin, c’est Rohmer qui gagne. Contre Rivette, le pesant, l’encalçonné de la doxa qui l’évinça des Cahiers du Cinéma, contre les théories et les ukases, c’est Rohmer qui gagne.

Évidemment, ça ne se voit pas tout de suite. En tout cas, ça ne s’est pas vu, puisque Rohmer, classé dans la Nouvelle vague ne reçut pas le succès public d’emblée que ceux qui partageaient la même étiquette, Chabrol avec Les Cousins, Godard avec A bout de souffle, Truffaut avec Les Quatre cents coups. Son premier film, Le signe du lion, magnifique récit d’une errance dans Paris, qui donna à Jess Hahn son seul et unique rôle majeur fut un bide monumental.

N’empêche que pointait déjà, et depuis quelques années, un des auteurs les plus cohérents du cinéma français, celui des Contes moraux, puis des Comédies et proverbes, puis des Contes des quatre saisons.

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Le fugitif

jeudi, août 16th, 2012

Moins bien que le feuilleton…

J’ai le souvenir fugace d’un feuilleton diffusé au milieu des années Soixante où un courageux médecin injustement accusé passait un nombre incalculable d’épisodes à mettre la main (si j’ose dire) sur le bandit manchot qui avait tué sa femme. C’était si long que je ne me souviens pas si, à la fin il s’en sortait, mais c’est très vraisemblable. En tout cas ce n’était pas ennuyeux et l’ingéniosité de chacune des petites histoires mises en scène était de qualité : à chaque fois, le docteur Kimble était à deux doigts (!!) de confondre l’assassin qui s’en sortait miraculeusement…

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L’homme au bras d’or

mercredi, août 15th, 2012

Bien trop long !

Au sortir de ma re-vision de ce film, j’étais à deux doigts de donner une bonne note, quelque chose comme 4/6, parce que la façon d’aborder les noirceurs du Chicago des années Cinquante m’avait semblé convaincante : bars glauques, épaves humaines, parties de poker clandestines, jazz (magnifique) omniprésent et la drogue traitée moins comme un vice exotique (Razzia sur la chnouf) que comme un assujettissement monstrueux.En plus j’ai trouvé Frank Sinatra (Frankie Machine) remarquable, Kim Novak (Molly Novotny) un peu moins glacialement emmerdante que d’habitude et les trognes des seconds rôles tout à fait pittoresques. (suite…)

Mollenard

mercredi, août 15th, 2012

Formidable acteur !

Ah, mais c’est bien et ce serait même très bien si il n’y avait ici et là quelques petites faiblesses démagogiques (les clowneries du garçon de bureau unijambiste Joseph – Arthur Devère -, les excès de veulerie de Happy JohnMarcel Dalio, qui en fait trop), et surtout si ça ne se terminait pas de façon un peu héroïque, le commandant Mollenard mourant, enlevé par son équipage pour pouvoir disparaître en mer et non dans son crapoteux étouffant ménage. (suite…)

La chambre ardente

vendredi, juillet 27th, 2012

De bonne allure…

L’effleurage rapide des trop nombreux épisodes d’Angélique marquise des anges, rituellement diffusés durant l’été, m’a remis en tête le personnage de Desgrez, le policier ironique et efficace interprété par Jean Rochefort. Et notamment de son action pendant L’affaire des poisons, gentiment relatée dans Angélique et le Roy. (Je continue à déplorer que cette histoire fantastique et terrifiante n’ait jamais été vraiment mise en scène, et surtout pas dans le film d’Henri Decoin. (suite…)

Satyricon

vendredi, juillet 27th, 2012

De la boue et des crapules.

Depuis qu’en 1963, il a fait, à juste titre, béer d’aise la Critique avec Huit et demi, on se dit que Federico Fellini peut désormais tout se permettre : désarticuler le récit, projeter ses fantasmes à tout moment lors d’une scène, introduire déraison et démesure puis, miraculeusement, insérer un bijou harmonieux… Et, de fait, il ne se privera de rien jusqu’à sa fin, prodigieux montreur d’images, mais, à mes yeux, trop acharné à épater son monde et à se faire acclamer par ceux même qu’il choque ou décontenance pour entrer dans mon Panthéon personnel. (Ce qui, soit dit en passant, n’a pas dû le déranger beaucoup).

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The Raid

mercredi, juillet 25th, 2012

Cours de récréations.

Alerté par des critiques positives et par l’opinion de quelques uns à qui je me fie, je suis allé voir the Raid avec une certaine curiosité. Le temps estival se prêtait au repos de la salle climatisée et l’étrangeté bizarroïde du concours de populations qui s’entrecroisent au Forum des Halles m’incitaient à la bienveillance. (suite…)

Les copains

dimanche, juillet 22nd, 2012

Jules Romains et l’amitié.

Exactement comme dans mon souvenir, Les copains est un très gentil film, plein d’allégresse et de verve, simplement un peu mythifié par l’excellence du sujet, la qualité des interprètes et l’incroyable succès que connut et continue à connaître Les copains d’abord chanson écrite pour l’occasion par Georges Brassens et qui n’est pourtant pas, à mes yeux, de sa meilleure veine.

Très gentil film comme le livre l’est, dans l’œuvre du très grand Jules Romains, qui a tout de même fait bien mieux, avec le féroce Knock ou l’immense paysage des Hommes de bonne volonté. (suite…)

Seul contre tous

jeudi, juillet 19th, 2012

Se débattant seul dans les entrailles du pays…

Tous ceux qui se sont vertueusement indignés de la violence et de la sauvagerie d’Irréversible doivent savoir que le film-scandale de Gaspar Noé peut passer, à côté de Seul contre tous, pour une aimable calembredaine éthérée, malgré le viol de Monica Bellucci et le défonçage à l’extincteur du violeur par Albert Dupontel.

Que les belles âmes se rassurent, ou taisent leurs sanglots : Noé, ainsi qu’il le dit dans le commentaire de son film, n’entend rien dénoncer ; il affirme simplement que la vie est comme ça.

En tout cas certaines vies.

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