Copacabana

Huppert à Ostende.

Tombé sur ce tout petit film l’autre soir par le hasard de la zapette, et regardé parce que j’aime bien Isabelle Huppert qui est une bien bonne actrice, malgré quelques tics et affèteries.

Comme la plupart des films français d’aujourd’hui, c’est davantage un truc réalisé pour la télévision que pour l’écran, une plongée qui n’est pas inhabile dans un petit monde particulier, avec quelques notations très justes, et, naturellement un peu gâché par la nécessité d’inclure dans le déroulement du film quelques péripéties sentimentales et familiales, sans grand intérêt.

Le meilleur du film, c’est une description assez sinistre, assez houellebecquienne de quelques malheureux rassemblés par mauvaise fortune pour vendre à des gogos de la multipropriété immobilière à Ostende, c’est-à-dire dans une station balnéaire anxiogène du fait d’un ciel particulièrement et continuellement gris. La description de la sauvagerie des rapports sociaux est extrêmement convaincante et désespérante (remarquable Aure Atika, en chef d’agence, à la fois cruelle et désemparée : la lutte pour la survie ne permet pas le moindre relâchement attendrissant et exige d’être impitoyable) et Marc Fitoussi, le réalisateur, aurait pu mettre un doigt encore plus féroce sur les pratiques de vente (d’extorsion, pourrait-on dire), les trucs vicelards pour embobiner de braves gens qui imaginent leur bonheur sous la forme de deux semaines de vacances sur la mer du Nord dans le cadre délicieux d’un appartement anonymisé.

Le reste est du complément : le docker brave type qui tombe amoureux de la femme un peu fofolle jouée par Huppert, les rapports entre celle-ci et sa fille (Lolita Chammah, la propre fille d’Huppert) qui, au contraire de sa mère, nonchalante et désinvolte jusqu’à la caricature, ne rêve que de stabilité et de conformisme), et, pour boucler l’intrigue, un gain inespéré à la roulette du casino d’Ostende et une fin un peu ridicule en queue de poisson, dans la gaieté artificielle d’une troupe minable de danseurs brésiliens. Histoire de montrer que l’horreur économique peut s’oublier, si l’on a un brin de folie et de joie de vivre.

Youpi, en quelque sorte.

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