La grande guerre

La_Grande_Guerra5La valse des pantins.

J’avais déjà trouvé, en 2007, lorsque j’ai découvert le film, que La Grande guerre n’était pas tout à fait du niveau des chefs-d’œuvre de la comédie à l’italienne. Il me semble d’ailleurs que, tourné en 1958, c’est l’un des premiers films qui puisse revêtir cette étiquette et que tous les ingrédients n’y sont pas aussi exactement dosés qu’ils le seront plus tard.

Certes, il en pose les prémisses : pour exposer les choses un peu caricaturalement, la comédie à l’italienne, ça commence en farce et ça finit en tragédie. Et plus ça se dirige vers le drame, plus c’est prenant et substantiel. Un critique l’a fort bien écrit : Chaque nouvelle blague nous rapproche un peu plus du prochain punch tragique ; chacune nous fait entrer dans la dimension pathétique des personnages, c’est vrai, mais sans doute avec moins de précision et de lucidité que dans Les camarades du même Mario Monicelli, quatre ans plus tard et bien entendu que dans – à mon sens – le plus beau film du genre, Le fanfaron de Dino Risi en 1962.

grande-guerre-grande-guerra-mario-monicelli-1-L-NNJKQzIl me semble que La Grande guerre, c’est plutôt moins bien cousu et que la suite des scènes qui donnent à voir les horreurs, les ridicules, les cruautés, les bouffonneries d’un conflit dont tous les personnages sont perdus et effarés apparaît un peu hétéroclite, un peu faite de bric et de broc. Suite cruelle de scènes atterrantes ou pathétiques, suite souvent un peu facile et trop diluée quelquefois.

Et même, au milieu de la marche à l’abîme des deux copains Oreste (Alberto Sordi) et Giovanni (Vittorio Gassman), il me semble qu’il y a une impropriété à faire intervenir, de façon un peu artificielle, la prostituée Costantina (Silvana Mangano, belle comme toujours), dont le rôle ne s’imposait pas et dont les interventions brisent un peu le rythme.

223699_backdrop_scale_1280xautoC’est un peu long ; mais ça s’achève de façon si glaçante et désespérée…

Un mot sur un point qui n’est pas si mineur que ça :

J’avais été agacé, il y a dix ans, lors de ma première vision du film, alors regardé en VO par le sous-titrage de l’édition DVD.

Je m’explique : comme je ne connais pas l’italien, j’avais été bien obligé de regarder le film avec ce sous-titrage ; je ne dis pas que la traduction est mauvaise, ou que l’esprit du film est trahi (j’ai lu que mon cher Giono avait eu quelque influence sur la VHS : je suppose qu’on a repris, pour le DVD, sa contribution) : mais il y a une chose que je n’aie jamais vu ailleurs que sur ce DVD-là : la – comment expliquer ça ? – la concentration des sous-titres, ou plutôt l’inadéquation du rythme des images et des mentions sous-titrées.

grande-guerre-1959-05-gUn exemple : à un moment donné survient l’exécution d’un espion autrichien ; l’officier italien (sans doute le Capitaine Lapoule/Romolo Valli) donne les ordres ; mais du moment où il désigne le peloton jusqu’à la mention Feu !, il y a un seul sous-titrage qui confond une action qui dure quelques dizaines de secondes. D’autres fois, dans des discussions animées, les sous-titres sont si longs et nombreux qu’on ne peut pas les suivre (mais c’est tout de même moins gênant que de voir incrustée une même phrase alors que les protagonistes respectent des silences, reprennent un mot, se taisent à nouveau, concluent…).

En tout cas, cela m’avait alors considérablement gêné. J’ai donc regardé le film en VF. Je ne suis pas non plus très satisfait : cette fois-ci, c’est la désinvolture de l’éditeur (PVB éditions) qui m’a agacé.

Je trouve, certes, plutôt positif que, dans la VF on puisse insérer une séquence qui ne devait pas figurer dans le film présenté sur les écrans français et qui arrive brutalement parlée en italien et donc sous-titrée ; mais les cartons d’intertitres ne sont pas traduits et, bien pis, la séquence où parlent les Autrichiens est en allemand… sous-titré en italien. Je ne sais pas si je suis clair mais tout cela fait désordre, d’autant que la photographie n’est pas de très bonne qualité dans plusieurs scènes. Le malheur des petits éditeurs est qu’ils n’ont pas les moyens de faire sur les copies un travail approfondi et qu’ils se contentent assez souvent de transposer en DVD de vieilles VHS.

Je ne pense pas toutefois que ce soit cette mauvaise impression sur le support qui m’ait incité à baisser ma note d’une vision à l’autre ; plutôt la découverte ultérieure de meilleurs films de cette veine sarcastique qui est l’apanage du cinéma italien.

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