Le monde ne suffit pas

Accablant.

C’est sans doute, dans la longue kyrielle des dégringolades qui ont fait tomber James Bond de son empyrée, la pire des réalisations que j’aie jamais vues. Même en cherchant beaucoup, je ne vois pas ce qui pourrait hausser le film au dessus de zéro, rien n’y apparaissant comme original, subtil ou inquiétant. Comme de plus en plus, l’intrigue est épouvantablement compliquée et pratiquement incompréhensible ; un brave clampin a consacré à la décortiquer une centaine de lignes sur Wikipédia, ce qui n’est pas très bon signe, les bons scénarios pouvant aisément se résumer en quelques mots.

J’ai eu bien de la peine à constater que la très agréable Sophie Marceau avait été aussi mal utilisée par la production, en une sorte d’héritière hystérique et bourrelée de complexes œdipiens qui n’apporteront pas grand chose à sa renommée.

e7c73-capture2bde28099ecc81cran2b2014-11-212bacc802b16-10-29Mais surtout, c’est le personnage de Bond lui-même qui afflige le spectateur : alors que l’espion britannique séduisait par sa capacité à prendre de la distance avec ses ennemis et les embûches qu’ils lui tendaient, voilà un pauvre être douloureux, souffrant, inquiet et compassionnel qui vient se présenter en sauveur du Monde.

C’est assurément une des conséquences de la mondialisation et de la nécessité pour les producteurs de montrer la Vertu au combat contre tous les méchants en une vision primaire, manichéenne, simplificatrice exportable de Los Angeles à Vladivostok.

critique-le-monde-ne-suffit-pas-apted16Si je mettais un peu de bienveillance dans mon appréciation, je pourrais hausser ma note de 0 à 0,1 pour l’idée, lors du pré-générique d’utiliser une montgolfière lors d’une poursuite engagée par Bond au dessus de Londres. Mais ça ne dure pas assez pour calmer mon agacement.

Leave a Reply