Mary à tout prix

53755Une souris et des hommes.

Je ne crois pas avoir jamais vu un film aussi vulgaire (je dis bien vulgaire et non pas grossier) et pourtant, en même temps et peut-être grâce à cela, aussi drôle. Voilà qui remet en cause beaucoup de mes certitudes, frottées de sel attique et de mesure classique : j’ai quelquefois détesté aimer ça, mais je mentirais en écrivant que je n’ai pas ri.

Et que je n’ai pas suivi avec sympathie et intérêt les aventures des soupirants de l’espiègle et délicieuse Mary (Cameron Diaz) qui transperce le film avec charme et gentillesse. Oui, c’est ça : gentillesse, un mot désormais rare, d’apparence un peu niaise et ridicule dans un environnement de dérision et de sarcasme, mais dont il est bien agréable de voir l’incarnation à l’écran.

mary-a-tout-prix-1998-08-gMary à tout pour plaire, pas simplement ses yeux, son sourire ou sa silhouette, ou sa réussite sociale, ou son argent, ou l’amour qu’elle porte à son frère handicapé Warren (W. Earl Brown) ; et il n’y a rien d’étonnant que des types très différents, qu’ils en conservent le souvenir adolescent dans le cœur, comme Ted Stroehmann (Ben Stiller) ou le fétichiste urticant Woogie (Chris Elliott), ou encore qu’ils en soient tombés raides dingues dès qu’ils l’ont vue, comme le douteux assureur Patt Healy (Matt Dillon) ou le faux architecte Tucker (Lee Evans) en soient devenus fous.

La trame est assez originale de ces types obnubilés par le charme de Mary, prêts à tout pour la séduire, qui s’ingénient à savonner la planche de leurs concurrents et à saboter mutuellement leurs chances, quitte à inventer d’extraordinaires fantasmagories ou à monter de scabreuses manigances. Scabreux est bien le mot : on n’imagine pas les vicissitudes subies par tous les amoureux de Mary pour simplement demeurer dans son horizon.

MARYL’inventivité scénaristique des frères Farrelly est tout de même assez bluffante ; on peut sans doute leur reprocher de viser souvent au dessous de la ceinture et même un peu plus bas : bijoux de famille coincés dans une fermeture à glissière, sperme éjaculé par Ted, qui vient de se faire une gâterie, pris pour du gel capillaire par Mary, chien de Magda (Lin Shaye), la vieille copine de Mary se cramponnant, fou furieux, à la braguette de Ted… mais c’est bien amené et si proche de cet humour potache que, volens, nolens, nous avons tous plus ou moins pratiqué que ces âneries ne révulsent pas comme on peut imaginer qu’elles le devraient. Et les embûches, chausse-trapes, manigances et arsouilleries diverses sont bien amenées.

Je ne dis pas que je passerai beaucoup de temps à visionner le reste de la filmographie des frères Farrelly parce que cette réussite me semble assez délicate à reproduire et à perpétuer. Mais passer un bon moment à regarder des conneries est un plaisir assez rare pour être mentionné.

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