Les Vampires

Baroque et précurseur.

Un bref film fauché, tourné à la va-vite, interprété par des acteurs tous plus mauvais ou insignifiants les uns que les autres (allez, j’exclue avec bienveillance Gianna Maria Canale, parce qu’elle est très belle, et Antoine Balpêtré dont la voix est toujours aussi ample)…

Une sorte de roman-photo, quelquefois – les images de Paris furent, paraît-il peintes sur l’objectif ; en tout cas, pour qui connaît un peu la Capitale, il y a des angles de vue qui présentent un Paris impossible -, des péripéties qui font songer, par le je-m’en-foutisme du scénario, au pire Jesus Franco, un assez banal duo compétitif entre un journaliste fougueux, Pierre Lantin (Dario Michaelis) et un policier sceptique, l’Inspecteur Chantal (Carlo D’Angelo), rien qui puisse retenir l’attention, en apparence…

Et pourtant, un film fascinant, à la fois plein de références aux films du passé et porteur de codes pour sa riche postérité horrifique, pour sa fécondité généreuse.

Postérité, donc, mais aussi références et citations : par exemple celle de La chute de la Maison Usher de Jean Epstein, adaptation par Luis Bunuel du conte horrifique d’Edgar Allan Poe, où les voilages des couloirs sont brassés par le vent ou, évidemment, La Belle et la Bête, les décors de Christian Bérard, les masques terrifiants qui ponctuent les grands salons glacés.

Cryptes et tombeaux, bois sombres, seringues vénéneuses, obsessions démentes, amours dénaturées, voilà plein de subtiles émotions pour l’amateur. Et, de toute façon, la séquence où, lumineuse et terrifiante, Gianna Maria Canale, impérieuse, hautaine, pleine de morgue, descend le grand escalier de sa demeure ancestrale avant de se décomposer et de se rétracter à vue d’œil, vaut le détour…

Ah ! Un truc rigolo : le compositeur de la musique du film est Roman Vlad… Vlad, Vlad… ça ne vous dit pas quelque chose ? Vlad Drakul, le personnage historique à l’origine du mythe de Dracula… Vlad Drakul, dit Vlad l’Empaleur

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