Monty python : sacré Graal

Petit paysage rigolo.

Je ne suis pas par nature ennemi du burlesque et je conçois parfaitement bien qu’une troupe de copains dynamiteurs des convenances cherche à reproduire sur la longue durée d’un film la suite de sketches qui a fait se bidonner le Royaume-Uni de 1964 à 1969 ; après tout, pourquoi pas ? En France, la troupe de Robert Dhéry a produit quelques œuvrettes de ce type, nonsensiques et frappées de folies et si, précisément, Branquignol est assez pitoyable, j’ai une très grande tendresse pour Ah ! les belles bacchantes, chef-d’œuvre du genre. En fait, je m’égare : ce à quoi on pourrait rattacher le parcours des Monty python, ce serait plutôt à une réalisation en long métrage des merveilleux Raisins verts de Jean-Christophe Averty, le seul réalisateur qui ait essayé de faire vraiment de la télévision un 8ème Art (ou 9ème – on s’y perd !).

La chose est-elle possible ? Je n’en sais rien et, à dire vrai, je ne suis pas plus assuré de quoi que ce soit après avoir regardé Sacré Graal qui m’a tout de même à la fois passablement ennuyé et m’a pourtant arraché, ici et là quelques éclats de rire. Car tant à faire, dans le genre incongru, je préfère dix fois le délicieux Three amigos de John Landis, dont la parodie est dix fois plus brillante…

Sacré Graal, qu’on le veuille ou non, est une suite disparate de sketches, souvent réussis et quelquefois drôles, mais si hétéroclites qu’on n’assiste pas à un film mais à une sorte de revue de music-hall où chacun fait son numéro, plus ou moins brillant. Comme le veut le genre et le parti-pris des auteurs, on tutoie avec volupté l’à peu près et le n’importe quoi, ce qui n’est pas gênant dans un format resserré mais laisse un peu pantois lorsqu’il s’agit de présenter un véritable spectacle.

Je sais bien que de savants exégètes du film, qui bénéficie d’une extraordinaire aura dans une grande tranche de public, sauront expliquer les intentions malicieuses, subtiles et subversives de Sacré Graal, son dynamisme anarchisant, son sens de la dérision, et défendre ses trouvailles verbales (il est vrai souvent très drôles) ; il me semble qu’il faut tout de même pour apprécier à sa démesure le film, avoir passablement trempé le nez dans on ne sait trop quelle(s) substance(s) qui vous mettent en communion d’esprit parfaite avec un humour qui part dans tous les sens et qui, surtout, vous fait songer à ces associations incongrues des rêves (et des cauchemars) qu’on ressent après une forte biture. Comme je n’en suis pas encore à fonctionner à l’ecstasy pour enjoliver mes journées et passer simplement le temps, je demeure plutôt réservé.

Aucun des sketches présentés n’est vraiment médiocre, ni anodin, mais leur accumulation ne permet vraiment pas de s’intéresser à une série de blagues souvent potaches d’où ne surnagent, dans ma mémoire que le combat du roi Arthur (Graham Chapman) contre le Chevalier noir (John Cleese) qui, tronçonné comme le comte vampire de Du sang pour Dracula, continue à avoir le verbe cinglant et la dragée haute… et peut-être aussi la mise en balance de la sorcière et du canard…Et aussi – faisons fort ! – dans le torrent d’insultes anti anglaises débitées par un des gardes français du château.

Mais beaucoup d’idées à peine effleurées comme celle du lapin de Troie dans le ventre de qui oublient de s’installer ceux qui l’ont construit ou le passage du chaste Galaad (Michael Palin) qui a fait vœu de chasteté dans un château où sont claustrées 150 jouvencelles de16 à 19 ans et demi toutes aussi jolies les unes que les autres…

On devine que les auteurs ont dû bien s’amuser à tourner ça. Que des spectateurs aient suivi me plonge dans les plus vives interrogations.

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