Printemps, été, automne, hiver…et printemps

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Une bonne chose de faite !

Comme je ne suis pas seulement le franchouillard borné que certains pensent, admirateur inconditionnel de Jean Loubignac et de Pierre Montazel, j’ai regardé hier soir ce Printemps, été, et tutti quanti dont j’avais lu ici et là quelque bien et que mon fils avait, je crois obtenu de son opérateur téléphonique pour avoir fait sauter le compteur de son forfait. C’était la première fois de ma vie que je regardais un film coréen, et sauf révolution copernicienne sous mon occiput, je pense assez nettement que ce sera la dernière.

 

Sachons raison garder ! Je mets au crédit du réalisateur une composition de l’image réussie, des tâches de couleur qui viennent ça et là rehausser le gris-vert général de la thébaïde bouddhique (je sais ! le rapprochement de ces deux termes peut choquer !), une musique point déplaisante et…. Eh bien je ne sais plus : je cherche et je ne trouve pas d’autres qualités.

Quelqu’un, versé dans les films extrême-orientaux peut-il m’indiquer si ce rythme d’une lenteur engourdissante est de mise au Pays du Matin Calme ? Parce que, conjugué avec le brouillard omniprésent, la chlorophylle généralisée du site et la sérénité exaspérante du Gourou, il a fallu que j’aille quelquefois me passer de l’eau sur la figure pour ne pas m’endormir d’ennui… Ou pas même d’ennui : de total désintérêt pour une histoire porteuse d’une philosophie à deux balles…

kimkidukBon ! Ca donne une image de la Corée, de ses paysages et de ses saisons ; mais Peter Jackson montrant sa Nouvelle-Zélande dans la trilogie du Seigneur des Anneaux incluait dans son documentaire touristique un certain nombre de péripéties réveillant l’intérêt et ne nous ramenant pas aux projections de « Connaissance du Monde » des années Soixante.

Bon, allez ! Je concède que j’exagère avec une certaine mauvaise foi (et une mauvaise foi certaine) ; mais j’ai eu tort, je crois de forcer ma nature : l’Asie m’ennuie. Je crois que je vais retourner à Robert Vernay et à Jean Sacha, qui me réussissent mieux…

Ou alors, me payer une petite cure d’ultra-violence, en re-revoyant Orange mécanique !

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Certains amis ont critiqué mon incompréhension du film, qui est, selon eux, poétique

Cela étant, s’ils ont raison, je n’ai pas tort ; sans chercher trop à prolonger la controverse, que dire ? On évoque la poésie : c’est précisément là toute l’affaire !

Je tiens la poésie pour le sommet de la création littéraire, peut-être même pour le sommet de la création tout court : elle est grâce pure et miracle. Seulement, tel vers qui remuera l’un jusqu’au tréfonds de son être, lui fera toucher des hauteurs qui l’illumineront, sera entendu par l’autre comme un simple élégant assemblage de sons, par un troisième comme un pathos ennuyeux, par un quatrième comme encore autre chose. En connaissant bien une personne, on peut, sans trop de risque de se tromper, lui conseiller tel film, tel roman, tel essai : Vois ou lis ceci, tu ne seras pas déçu !

Ça ne marche pas du tout pour la poésie, et je doute que je puisse faire jamais comprendre à quiconque pourquoi « Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde », ou « Mais tout dort. Et l’armée. Et les vents. Et Neptune » ou « Un soir de demi-brume à Londres » me touchent plus que tout ; tout au plus pourrais-je communier avec  un amateur qui appréciera l’un ou l’autre de ces vers (mais pas forcément tous !) et qui verra pourtant en eux d’autres images que moi.

Cela posé dit bien les limites de tout film « poétique » comme je reconnais volontiers qu’est Printemps, été, automne, hiver… et printemps , ça touche ou ça ne touche pas : j’y reconnais des qualités formelles (comme j’en reconnaîtrais à un bel alexandrin loin de ma sensibilité) mais je n’accroche pas.

On ne peut pas tout apprécier, n’est-ce pas ?

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