Archive for octobre, 2018

L’ivresse du pouvoir

mardi, octobre 30th, 2018

Heure exquise, qui nous grise, lentement…

En paraphrasant ce qu’on a dit sur un sujet plutôt différent, je pourrais dire que Claude Chabrol pose de bonnes questions mais donne de mauvaises réponses puisque, manquant de rythme et de cohésion, il filme une sorte de mixture où l’on ne sait trop si l’on assiste à une reconstitution à peine masquée de l’affaire ELF, à une dénonciation vertueuse des liens qui unissent l’appareil d’État, le monde politique, la Françafrique et les grandes entreprises, ou encore au vertige mégalomane ressenti par un juge d’instruction décidé à casser plusieurs baraques. (suite…)

L’incompris

mardi, octobre 30th, 2018

Le fils préféré.

C’est l’histoire d’Andrea (Stefano Colagrande), un gamin d’une dizaine d’années, qui est intrépide, pur, courageux, un peu rebelle, qui vit encore à pleines bouffées dans le monde mystérieux de l’enfance dans une sublime maison patricienne de la sublime ville de Florence. Il vient de perdre sa maman. C’est aussi l’histoire de son père, Sir John Duncombe (Anthony Quayle) qui est Consul général de Grande-Bretagne. Il est éperdu de douleur mais, en fier Britannique de la gentry, il n’en laisse rien voir. Et enfin l’histoire de Milo (Simone Giannozzi), petit frère d’Andrea, qui ne doit pas avoir beaucoup plus de six ans.

(suite…)

Bienvenue à Marly-Gomont

samedi, octobre 27th, 2018

Bons sentiments et bonne surprise.

J’ai commencé à regarder le film avec un franc parti-pris de goguenardise : l’histoire de ce médecin zaïrois qui vient s’installer, en famille, dans un village plouquissime de la Thiérache, du côté de Guise, qui a bien de mal à s’y acclimater et qui finit par y être totalement intégré me semblait devoir être agressivement politisée et extrêmement niaise. J’ignorais par ailleurs qu’il s’agissait d’une histoire vraie, relatée d’abord par un rappeur nommé Kamini dans un titre à succès et dont la substance a donné lieu au film de Julien Rambaldi. (suite…)

Les voleurs

mercredi, octobre 24th, 2018

Linge sale en famille.

Je ne connais pas tellement le cinéma d’André Téchiné. Je n’ai vu de lui qu’un bout de J’embrasse pas, le monde glauque de la prostitution masculine me glaçant absolument ; et puis Ma saison préférée, plutôt apprécié, malgré des bizarreries décontenançantes et déjà tourné avec Catherine Deneuve et Daniel Auteuil comme le sont Les voleurs. Ce n’est pas tout à fait là le cinéma que j’aime, quoiqu’il faille reconnaître au réalisateur une grande habileté dans la direction d’acteurs et une impeccable virtuosité narrative. (suite…)

Le voyage de Chihiro

mardi, octobre 23rd, 2018

Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages…

Comment noter un film – et un univers ! – qui vous sont radicalement étrangers, à tous les sens du terme ? C’est exactement comme si on me demandait de classer dans un palmarès des setters irlandais (ou des géants des Flandres, qui sont une variété d’énormes lapins de concours). Non seulement je n’y connais rien, mais en plus ça ne m’intéresse pas et faire l’immense effort de m’initier à tous les codes indispensables pour profiter du plaisir de connaître son affaire dépasse de loin mes capacités et surtout mes envies. Alors je place une note médiane qui ne repose pas sur grand chose, finalement. (suite…)

Vous n’avez rien à déclarer ?

lundi, octobre 22nd, 2018

À franchement parler…

Allez, je vais mettre d’abord un peu l’eau à la bouche à ceux qui apprécient le cinéma français de l’âge d’or et encore davantage à ceux qui apprécient les acteurs ! D’autant que ceux que je vais citer ne sont pas tous de second rang. J’y vais ? Jean PoiretMichel SerraultPierre MondyMarie-Josée Nat… Et aussi Jacqueline MaillanJean TissierRaymond DevosPauline Carton… Vous en voulez encore ? Côté jolies femmes Madeleine Lebeau (qui fut employée par Raoul WalshMichael Curtiz et même Federico Fellini) et l’alors toute jeune et déjà ravissante Michèle Girardon, la délicieuse Betty d’Hatari d’Howard Hawks(suite…)

Cigarettes, whisky et p’tites pépées

vendredi, octobre 19th, 2018

Dans la nuit éternelle emportés sans retour…

Il ne peut pas, selon notre vieux camarade Aristote, exister un excès de bien. Il me semble d’ailleurs, de la même manière, qu’il n’y a pas de limite à l’embrasement et à la chaleur, toujours susceptibles d’être accrus. Mais il existe, en revanche, selon les physiciens, un Zéro absolu, température où les atomes les plus vigoureux ne peuvent plus bouger le moindre cil. Eh bien, voilà qui est très regrettable, tant on aimerait que puisse être forgé un concept à même de largement descendre en dessous de ce Zéro absolu, tout au moins en matière de cinéma. Parce que si jusqu’alors j’avais trouvé dans le stupéfiant Bonjour sourire de Claude Sautet le critérium absolu de la nullité filmée, je viens de descendre plusieurs marches encore après la découverte de Cigarettes, whisky et p’tites pépées. (suite…)

007 Spectre

jeudi, octobre 18th, 2018

L’errance du Titanic.

Ce qui est bien triste, et même assez navrant, c’est qu’au box-office français, ce 007 Spectre accumule à peu près 5 millions de spectateurs, presqu’autant que Bons baisers de Russie, davantage en tout cas que Dr. No et écrase le pourtant très bon Au service secret de Sa Majesté. Que dire et que penser ? Pour qui, comme moi, a si violemment ressenti et aimé l’irruption du personnage de James Bond dans le monde assez ringard des films d’espionnage et qui vois depuis des décennies s’abâtardir et se vulgariser un des rares mythes constitués au cœur du siècle dernier, c’est désolant. (suite…)

Skyfall

jeudi, octobre 18th, 2018

Une pause sans conséquence.

Dans la longue capilotade qui anéantit graduellement la plus longue franchise de l’histoire du cinéma (enfin, je pense, la plus longue), Skyfall apparaît plutôt comme une bonne surprise. Une surprise convenable, en tout cas. Et cela tout au moins si l’on admet bien que les diverses incarnations de James Bond au 21ème siècle (et dès avant d’ailleurs) n’ont absolument plus rien à voir, sinon l’appellation (de moins en moins contrôlée) et quelques tics mémoriels avec l’espion froid, élégant, désinvolte, cruel, distant, sans états d’âme si parfaitement incarné jadis par Sean Connery. (suite…)

Quantum of solace

jeudi, octobre 18th, 2018

Coups tordus, coups fourrés, coups ratés

Est-ce que j’aurais davantage apprécié Quantum of solace si, avant de regarder le film, j’avais su qu’il s’agissait d’une suite directe de Casino Royale où, en 2006, Daniel Craig faisait ses premiers pas dans le rôle ? Le sachant, donc, je me serais évertué à relire le long, très long, interminable résumé du premier film publié sur Wikipédia par un quidam bienveillant mais fort peu clair ; j’aurais donc resitué plus aisément des personnages de Quantum qu’ils soient seulement évoqués (Vesper Lynd) ou incarnés, M. White (Jesper Christensen) ou René Mathis (Giancarlo Giannini), qui m’ont semblé apparaître dans le courant du récit comme de la soupe sur les cheveux. (suite…)