Gentil film très bien tourné, avec de belles images et surtout le charme exceptionnel d’Ava Gardner et le talent protéiforme de James Mason. C’est évidemment un peu long, un peu traînant, un peu studieux, avec des soins très appliqués de donner à une histoire finalement banale – une femme sublime désirée par un grand nombre d’hommes – une dimension légendaire, quasi mythologique. Albert Lewin élabore sa petite cuisine avec tous les ingrédients, tous les aromates nécessaires ; tous les ingrédients et les aromates indispensables pourrait-on dire. On revisite, comme on dit désormais une ou deux ou trois histoires qui font partie de l’imaginaire de notre Occident, on les mixe, on les fait virevolter et se rencontrer, se heurter même et on présente une belle épure. (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Pandora
mercredi, février 9th, 2022Cours privé
lundi, février 7th, 2022Le Cours Ketti est une de ces institutions privées sans doute hors contrat qu’on appelait jadis des boîtes à bachot ; tout au moins lorsque l’examen du baccalauréat avait à la fois une certaine difficulté et une certaine importance. Des familles aisées y plaçaient leurs rejetons peu passionnés par l’étude ou simplement s’en débarrassaient pour être tranquilles. En remontant quelques décennies, ça donne Les disparus de Saint Agil, Les anciens de Saint Loup ou Les diaboliques ; mais tous ces films présentent des internats et, l’époque rendant la chose évidente, des internats de garçons. Cours privé, qui date de 1986, modernise le cadre : on est à Neuilly, l’établissement est un externat mixte. (suite…)
Lourdes
vendredi, février 4th, 2022Mettons tout de suite les choses en place : Lourdes n’est pas un nouveau film sur les apparitions mariales survenues en 1858 devant la toute jeune et fruste Bernadette Soubirous. Pour cela il y a le bien intéressant Chant de Bernadette de Henry King (1943) et des tas d’autres films : Il suffit d’aimer de Robert Darène (1960), Bernadette de Jean Delannoy (1988). Pas davantage une interrogation sur la réalité des miracles, sur quoi ont écrit Zola, Huysmans, Mauriac
Le passage du canyon
mercredi, février 2nd, 2022Qu’elle est boueuse ma vallée !
J’ai rarement vu un western aussi médiocre et ennuyeux. Il est vrai que le genre, célébré par de béats étasuniens qui, n’ayant pas d’histoire ni de civilisations derrière eux s’en gobergent et s’en enorgueillissent, n’est pas de ceux que je préfère. Sommaires et puériles, ces histoires de vachers mal embouchés, aux coups de poing faciles me semblent être le plus souvent au niveau zéro du cinéma. Mais comme la gangrène de soumission intellectuelle a gagné beaucoup d’esprits depuis une centaine d’années, il est convenu de trouver admirables ces récits sans profondeur. (suite…)
Les jeux de la comtesse Dolingen de Gratz
lundi, janvier 31st, 2022Les fantômes à votre rencontre.
Je viens de regarder deux fois de suite ce film au beau titre étrange et plein de mystère. Je ne suis pas certain d’avoir aimé ; moins encore sûr d’avoir compris quelque chose à ce récit où s’entrecroisent les destinées et les personnages. Où il n’y a guère de séquences où l’on sorte des sables mouvants. Un peu comme dans un cauchemar, va-t-on me dire ? Oui, un peu ainsi sans doute, mais un cauchemar à multiples facettes dont surgissent à tous moments de nouveaux personnages inquiétants ou grotesques. (suite…)
Tout s’est bien passé
samedi, janvier 29th, 2022À dire vrai, si l’on ne m’avait pas proposé de regarder ce film en avant-première de son édition en DVD, aurais-je souhaité le regarder ? J’ai, avec le cinéma de François Ozon des rapports contrastés et depuis Jeune et jolie en 2013, je n’avais plus rien vu de lui ; ceci alors même que j’avais assez apprécié des œuvres plus anciennes, notamment Sous le sable (ce qu’il a fait de mieux, à mon sens) ou Swimming pool ou Dans la maison.Il est vrai que ce réalisateur est de ceux qui présentent au public un nouveau film chaque année ou presque, ce qui produit naturellement beaucoup de scories. Mais écrivant ceci, je m’en repends presque immédiatement, me souvenant que Julien Duvivier (que je place aux premiers rangs de mon Panthéon personnel, avec Henri-Georges Clouzot et Jacques Becker) était dans une même disposition d’esprit et, comme Ozon le fait, pouvait souvent changer de registre. (suite…)
Sexe, mensonges et vidéo
samedi, janvier 29th, 2022Il n’était pas impossible penser qu’un film sur quelques unes des frustrations qui ont été entraînées par la libération sexuelle pouvait être intelligent et intéressant. La pesanteur des diktats imposés par cette prétendue libération et les angoisses que peuvent ressentir ceux qui ne répondent pas tout à fait aux critères largement popularisés par la presse féminine (surtout) du type Cosmopolitan ou Marie-Claire méritait en effet un regard un peu subtil sur les déglingues de notre pauvre humanité. (suite…)
Le rêve
jeudi, janvier 27th, 2022Je me demandais depuis longtemps, avant d’avoir vu le film comment ce stupéfiant roman de Zola avait été adapté. Stupéfiant ? Oh oui ! Oh combien ! Dans les vingt volumes des Rougon-Macquart, Le rêve a une place toute particulière : accusé par ses détracteurs d’être un cacographe et un pornographe, de se complaire et de ne savoir traiter que des sujets orduriers ou scandaleux, Zola avait entrepris, juste après La Terre où les paysans sont débiles, incestueux, tarés et grippe-sous, et avant La bête humaine où Lantier, fils de la Gervaise de L’assommoir devient fou dès qu’il boit une goutte d’alcool, de faire une œuvre pure. (suite…)
Sortilèges
vendredi, janvier 21st, 2022Voilà un film bien rude pour ceux qui imaginent que la campagne et la vie campagnarde ressemblent à des films de Walt Disney et à l’image idéalisée qu’en donnent les sectes écologistes. La campagne, c’était alors (le film date de 1945) la rudesse exténuante des travaux et la sauvagerie égoïste, avide des habitants. Un monde rude, épuisant, qui brisait les corps et les cœurs. Il faut lire La Terre d’Émile Zola ; le livre a certes été écrit en 1887 mais le monde dépeint par Christian-Jaque en 1945 n’avait pas changé. D’ailleurs, si l’on a besoin de s’en convaincre, il faut voir ou revoir Farrebique de Georges Rouquier qui est de 1946). Avidité, dureté au mal, superstitions, misère sociale et affective. (suite…)
La mort en direct
vendredi, janvier 21st, 2022Bertrand Tavernier ne fait pas l’unanimité chez les amoureux du cinéma français et – moi qui l’aime bien – je trouve qu’il est parfois bien décevant et tout à fait à côté de la plaque. Comment a-t-il pu, quelques années après Que la fête commence et Le juge et l’assassin et un an seulement avant ce qui est sans doute son meilleur film, Coup de torchon, commettre cette absurdité ennuyeuse ? La mort en direct est long, mais pire encore, languissant, ennuyeux, mal fichu, mal joué, mal dialogué, mal tout ce que l’on veut. (suite…)