Qu’est-ce que je connaissais de la Finlande avant d’avoir regardé le film d’Aki Kaurismäki ? Que, sous la conduite du général Mannerheim, le pays avait longuement et courageusement résisté à l’Armée rouge entre décembre 1939 et mars 1940, que la langue finnoise n’est nullement scandinave mais bien plus proche de la langue hongroise, et que le pays avait suscité des générations et des générations de grands athlètes en fond (Paavo Nurmi, Ville Ritola, Lasse Viren) et au lancer du javelot (Jonni Myyrä, Matti Järvinen, Pauli Nevala, etc.). Ah, aussi que c’était un des membres de l‘Union européenne (mais il y en a tant et on se demande ce qu’on a de commun avec beaucoup d’entre eux…).
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Ariel
samedi, juin 19th, 2021La cage dorée
mardi, juin 15th, 2021Le film contient tout à la fois le petit charme et les grands défauts de tous les récits qui se fondent sur des souvenirs personnels mais qui doivent bien compléter leur maigreur narrative par un bout d’intrigue qui se veut malin, voire habile. Le meilleur – l’acceptable et le sympathique en tout cas – est ce qui relate la vie, les habitudes, les coutumes, la vitalité d’un petit monde portugais installé à Paris ; le moins bon – le bien moins bon – est tout ce que le réalisateur Ruben Alves brode autour de son sujet de base pour faire avancer son histoire et ne pas le limiter à une sorte d’exploration documentaire de cette communauté étrangère si solide, travailleuse et soudée. (suite…)
Voyage surprise
dimanche, juin 13th, 2021Tout le monde, à un moment donné, a voulu réaliser un film étrange, biscornu, foutraque, nonsensique, partant dans tous les sens et n’acceptant aucune des règles un peu corsetées du récit classique. Le succès de scandale de Dada et du surréalisme a longuement impressionné beaucoup de créateurs et bien des gens ont cru qu’en employant l’écriture automatique et en publiant des cadavres exquis à tire-larigot ils faisaient œuvre importante en méprisant les sentiers battus. Et pourtant, dans ma longue carrière de lecteur passionné, je n’ai jamais rencontré quiconque qui m’ait parlé de Nadja, le récit emblématique d’André Breton. C’est dire si les briseurs de cadres sont finalement les meilleurs élèves du conformisme. (suite…)
Les Tuche 3
mercredi, juin 9th, 2021S’agissant de mon hygiène mentale, je voulais savoir si je pouvais regarder quelque chose comme ça, c’est-à-dire descendre encore au dessous du Zéro dont j’avais affublé les deux premiers films de la série des Tuche. En vieillissant, on est continuellement contraint de se vérifier, se contrôler, s’examiner pour constater l’inéluctable dégénérescence cervicale (intellectuelle, si vous préférez, mais ça ne trompe personne) qui survient au delà de la soixantaine. Remarquez, les jeunes, ne vous réjouissez pas trop vite : selon les meilleures autorités scientifiques, la sclérose du cristallin commence à 18 ans).
Toto le héros
mardi, juin 8th, 2021Il faut être assez sûr de soi et même assez gonflé pour réaliser son premier long métrage avec une structure de récit aussi complexe. On saurait gré de son audace à Jaco van Dormael si Toto le héros était une parfaite réussite, parce qu’il est vraiment bien sympathique qu’un jeune metteur en scène (34 ans lors de la présentation du film) ait de l’ambition et sorte des sentiers battus et rebattus des sujets de société qui font les soirées dominicales des chaînes de télévision majeures. Mais pour partir dans la grande aventure il me semble qu’il faut avoir un peu mieux préparé son havresac et y avoir savamment réparti les masses pour l’équilibrer. (suite…)
71 fragments d’une chronologie du hasard
jeudi, juin 3rd, 2021Si intéressé que je suis par le cinéma violent, brutal, desséché souvent, avide d’amertume et même souvent aigre de Michael Haneke, je ne peux pas ne pas voir qu’il réalise souvent davantage des épures que des films. Surtout, sans doute au début de sa carrière, avec une sorte de dureté, de rectitude, de goût du scrupule qu’on pourrait presque dire prussien si on ne savait que le réalisateur, né à Munich a vécu en Autriche et qu’il a beaucoup tourné sous l’orientation de la romancière écorchée vive Elfriede Jelinek qui est tout de même une des plus parfaites incarnations de la haine de soi qu’on puisse imaginer. À partir d’un tel brasier, il n’est pas impossible qu’on puisse réaliser – avec talent, ça va de soi – des films qui sont des brûlots, des films dérangeants et qu’on y réussisse souvent. (suite…)
Retour chez ma mère
jeudi, juin 3rd, 2021S’il n’est pas très élégant de se citer, il y a des tas de fois où c’est bien pratique et où ça évite de redire (souvent moins clairement) les mêmes choses. Voilà donc bien ce que j’écrivais en mars 2019, sur le film d’Éric Lavaine intitulé Barbecue : Au final une pitrerie formatée pour les assoupissants dimanches soir de TF1. Remarquez, c’est bien comme ça, sur cette chaîne, à cette heure et dans cet esprit que je l’aie vue. Je n’avais jusque là entendu parler ni du film, ni de son auteur et je m’en étais fort bien porté. Mais la paresse est mauvaise conseillère.
Le siège de l’Alcazar
mardi, juin 1st, 2021Comment se faire des amis
En faisant l’autre jour quelques recherches, à propos de Macao, l’enfer du jeu sur Mireille Balin
, je me suis aperçu qu’elle avait tourné, en 1940, sous la direction d’Augusto Genina
ce Siège de l’Alcazar
, que j’aimerais bien voir et pour qui je vote, sans le moindre espoir de voir jamais mon vœu exaucé.
Il est certain que 1940 n’était pas une date formidable pour se produire dans un film dédié à l’héroïsme des Cadets qui, sous la direction du colonel Moscardo, défendirent la citadelle de Tolède du 22 juillet au 26 septembre 1936, pour un des épisodes les plus mythiques de la Guerre civile d’Espagne, qui en compte tant. Mais on choisit rarement l’époque idéale, et Mireille Balin, jolie fille écervelée qui, plus tard se prit de passion pour un colonel autrichien et fut violée à la Libération, n’était pas une tête très calculatrice. (suite…)
Les hommes préfèrent les blondes
vendredi, mai 28th, 2021Si éternels que sont les diamants…
D’ordinaire les adaptations à l’écran de comédies musicales à succès continuent à sentir la scène étriquée, poussiéreuse et fallacieuse du théâtre. Il y a des exceptions, naturellement et il ne me viendrait pas à l’idée de reprocher à West side story de s’être d’abord fait connaître à Broadway. Et on peut dire aussi que Les hommes préfèrent les blondes (qui vaut mieux que son titre aussi idiot que fallacieux) ne se ressent pas de sa mauvaise origine : on y trouve de la gaieté, de la fantaisie, de la musique de qualité, des dialogues qui frisent et deux actrices qui, sans doute, tournent là une de leurs meilleures productions. (suite…)
Le garçu
lundi, mai 24th, 2021Avec Maurice Pialat j’erre de l’agacement à l’émerveillement, ne sachant pas trop où je dois m’arrêter et je me sens injuste et parcellaire à chaque fois que je l’évoque et parle de ses films. Longtemps j’ai rejeté son emprise, presque par réflexe organique, alors que je sentais bien, en même temps, qu’il s’agissait d’un cinéaste important ; aussi exaspérant qu’important, d’ailleurs, détesté par beaucoup et détestant, de son côté beaucoup de monde (revoir sa confrontation avec un public haineux, lors du Festival de Cannes 1987, où Sous le soleil de Satan a reçu la Palme d’or, à très juste titre). En tout cas je me suis laissé beaucoup fasciner par Nous ne vieillirons pas ensemble, La gueule ouverte ou Passe ton bac d’abord. Un cinéma qui cogne, qui agresse, qui frappe quelquefois au dessous de la ceinture et qui représente mieux que d’autres la vie telle qu’elle est. (suite…)