Je ne me souvenais pas même avoir tenté il y a juste trois ans de regarder ces Rencontres avec de la bonne volonté et m’être endormi au bout de vingt minutes. Cette fois j’ai tenu le coup pendant les 2h17 réglementaires, sans doute parce que j’étais davantage à jeun. Mais à mes yeux ça ne comptera pas dans l’importante et souvent intéressante filmographie de Steven Spielberg, malgré la profusion des moyens mis en œuvre ; il est vrai que des naïvetés (ou des provocations ?) assez imbéciles comme la mise en bonne place de François Truffaut qui incarne un scientifique de premier rang mais qui est incapable de jaspiner la langue anglaise sont de celles qui m’exaspèrent. (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Rencontres du troisième type
jeudi, décembre 31st, 20203 Billboards – Les panneaux de la vengeance
mardi, décembre 29th, 2020Très curieux film, qui mêle le drame absolu du viol et du massacre d’une jeune fille et la volonté obsessionnelle de vengeance de sa mère à des scènes presque burlesques et à des doses continues d’humour noir. On a évoqué à son propos la manière des frères Joel et Ethan Coen et de fait rien ne leur ressemble autant, même si le point de départ est infiniment plus tragique. Mais la présence au premier plan de Frances McDormand, actrice habituée du duo Coen (et accessoirement femme de Joel) va d’ailleurs tout à fait dans ce sens. On pourrait aussi quelquefois évoquer le tissu de Twin peaks de David Lynch dans le regard narquois et souvent un peu effaré devant la marinade confinée (et assez puante) des bourgades où tout le monde se connaît, se croise et s’entrecroise, s’espionne, s’épie et se déteste. (suite…)
Les bonnes manières
lundi, décembre 28th, 2020Bien curieux film venu du bien étrange Brésil, ce pays qui passait, au milieu du siècle dernier, avoir grand avenir et être puissance majeure et qui ne finit pas de s’éparpiller, l’opulence incroyable des uns prospérant sur l’effroyable misère des autres et ceci sur fonds de drogue, de violence et de corruption. Pays étrange de tous les syncrétismes où cohabitent les traces d’anciens cultes africains, un catholicisme démonstratif et un évangélisme en plein développement. Ce riche terreau produit un film qu’on serait bien en mal de classer dans une seule catégorie. Un peu d’étude sociale, un début d’histoire amoureuse saphique, un soupçon d’images sanglantes, quelques excellentes chansons par ci par là, un appel au vieux mythe du loup-garou. (suite…)
La loi du Seigneur
jeudi, décembre 24th, 2020Le film ne serait qu’une collection un peu longuette de vignettes ennuyeuses et de pont-aux-ânes vertueux s’il ne portait un éclairage intéressant sur la secte des Quakers, qui est un peu moins originale que celle des Amish, mais tout de même bien singulière. Sans cet éclairage original, c’est une histoire bien rose-pâle, bien convenue et bien manichéenne. Tous les Nordistes sont beaux, vertueux, loyaux et (presque) désintéressés. Tous les Sudistes sont vulgaires, violents, dépenaillés et pillards. Ben voyons ! Il y a une histoire d’amour dont l’évidence ne trompe ab initio que ceux qui la vivent, des dilemmes abyssaux habilement résolus et la vie d’une famille honorable qui fait songer à La petite maison dans la prairie. (suite…)
Jim la Houlette
dimanche, décembre 20th, 2020Sans doute la pièce de boulevard écrite par Jean Guitton a-t-elle connu un certain succès puisque le film d’’André Berthomieu en est la seconde adaptation, après une première version muette de Pierre Colombier sortie en 1926. Et de fait le scénario est assez ingénieux, à tout le moins si on veut bien se laisser séduire par une pochade à ressorts très éprouvés, avec chef de bande doté d’une façade très respectable et brave couillon sacrifié par sa niaiserie aux manœuvres délictueuses de cette bande et finissant in fine de s’en sortir grâce à sa gentillesse et son honnêteté naturelles. Banal, donc, mais de robuste prestance.
Topaze 1933
samedi, décembre 19th, 2020Marcel Pagnol a connu presque d’emblée un succès fou au théâtre avec sa pièce grinçante présentée en 1928. Rien d’étonnant qu’une adaptation au cinéma ait vite suivi, en 1933, sous la houlette de Louis Gasnier et la présence éclatante de Louis Jouvet. Mais il paraît que l’auteur n’était pas content de cette transcription à l’écran de sa pièce, ce qui l’a poussé à en réaliser deux versions ultérieures ; l’une en 1936 avec Arnaudy en rôle-titre et qui est, dit-on, trop empreinte de provençalades (c’est-à-dire bien loin de l’esprit de la pièce, qui est très parisien), l’autre en 1951 avec Fernandel en vedette, qui est sans doute la plus notoire.
Madame Bovary
vendredi, décembre 18th, 2020Si Wikipédia ne dit pas de sottises, le film de Claude Chabrol est la onzième adaptation au cinéma du roman de Gustave Flaubert et depuis sa sortie, en 1991, il y en a eu sept autres ! Adaptations, transpositions, recompositions, modernisations, peu importe : la puissance du roman est si incontestable qu’il a donné lieu à la création d’un type (comme Harpagon ou Alceste) et a mis le doigt sur la propension de certaines âmes à rêver le monde plutôt que le vivre ; sans doute est-ce plus un trait féminin que masculin, surtout lorsqu’il s’agit de sentiments, mais ce n’est pas exclusif à ce sexe. (suite…)
La femme sur la lune
mercredi, décembre 16th, 2020Il paraît que lorsque Fritz Lang proposa d’adapter au cinéma Une femme dans la lune, roman que venait d’écrire sa femme, Théa von Harbou, ses producteurs de l’Universum film lui demandèrent de passer du muet au parlant. L’enregistrement des sons, initié vers 1926-27 faisait en effet de considérables progrès et le maintien du muet apparaissait comme un combat d’arrière-garde, malgré l’émoi de puristes qui voulaient que le cinéma demeurât ainsi. Lang refusa de faire ce grand saut dès 1929 et attendit 1931 pour réaliser un de ses meilleurs films, M le maudit qui utilisa le son (et avec quelle efficacité ! on frémit d’emblée lorsque dès le tout début la mère de la petite fille disparue, Elsie, enlevée par le violeur, appelle son enfant d’une voix de plus en plus inquiète). (suite…)
Juliette des esprits
vendredi, décembre 11th, 2020Le grillon du foyer et la folle du logis.
Il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte que dans Juliette des esprits, Federico Fellini a souhaité – est-ce une galanterie ou un investissement potentiellement rentable ? – effectuer, du côté féminin ce qu’il avait ambitionné de faire, du côté masculin, dans 8 1/2. Et, dans le commentaire bien trop bref du film en DVD, Jean Collet, grand spécialiste du réalisateur, le confirme. Les souvenirs, les rêves, les fantasmes, les angoisses, les espérances, les déceptions, les tristesses, les accablements, les dégoûts, les fascinations, tout cela qui fait la matrice de l’inconscient, si on peut les mettre en scène pour soi, on peut tenter de faire la pareille avec l’être qu’on est censé le mieux connaître, sa femme. (suite…)
Le don d’Adèle
mardi, décembre 8th, 2020Ah vraiment ce n’est pas terrible et c’est même extrêmement ennuyeux, cette transposition par l’ingénieux Émile Couzinet d’une pièce à succès créée en 1949 de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, prolifiques auteurs de théâtre de boulevard. On peut se méfier beaucoup de ces transpositions-là parce que – je l’ai écrit vingt fois – ce qui marche assez bien dans l’atmosphère surchauffée de la salle et dans les tempêtes de rires qui s’enflent d’elles-mêmes, par leur propre mouvement, si l’on peut dire, n’a pas le même impact comique sur l’écran. Peu amateur de la scène, je n’ai pas vu en présentiel (comme on dit aujourd’hui !) les grands succès des deux auteurs ; mais le passage à l’écran d‘Ami-ami, devenu Les femmes sont marrantes sous la houlette d’André Hunebelle en 1958 ou de Potiche de François Ozon en 2010 ne m’a pas convaincu ; et il paraît que Fleur de cactus a été adapté aux États-Unis par un certain Gene Saks en 1969 avec (mais si, c’est possible !) Ingrid Bergman.