Le petit Claus et le grand Claus

octobre 11th, 2021

Les frères faiseurs.

Bien que ce téléfilm d’un peu plus d’une heure ait été commandé à Pierre Prévert par Claude Santelli, le merveilleux magicien du Théâtre de la jeunesse (une des splendeurs de la télévision d’antan), bien qu’il s’établisse sur un conte profond et sarcastique d’Hans Christian Andersen, il ne vaut pas grand chose. On peut d’ailleurs se demander pourquoi et comment il a bénéficié d’une si grande bienveillance critique et a reçu tant et tant de distinctions, notamment le prix de la meilleure émission de télévision. Read the rest of this entry »

Les yeux de Satan

octobre 9th, 2021

Sans démons ni trompettes.

Voici la version sombre, à prétention inquiétante, du fameux Cercle des poètes disparus de Peter Weir, qui, près de vingt ans plus tard, braquait ses projecteurs sur la capacité d’un professeur charismatique et séduisant de fasciner une classe de grands d’adolescents. Ceci jusqu’à faire perdre toute mesure à des élèves désormais prêts à tout, ou presque, pour suivre les orientations d’une sorte de gourou qui sait les manipuler vers de bases besognes. Adolescence, âge compliqué de la vie où l’on peut, de fait, se vouer à l’enseignement et aux préceptes d’un maître et en suivre aveuglément le chemin. Read the rest of this entry »

Un condé

octobre 6th, 2021

« Tout le monde déteste la police ! »

La pré-commission de censure à qui, à l’époque étaient soumis tous les films a imposé d’en changer le titre. C’est ainsi que Le condé a été modifié en Un condé, mais cette atténuation sémantique ne peut tromper personne : Yves Boisset avait entrepris de dresser un procès à la police. Non pas seulement à un mauvais policier, corrompu, brutal, malade, pervers, sadique pourtant nullement exemplaire, mais bien à l’institution policière en soi. Un des aphorismes du film est d’ailleurs : La police est un métier sale, qu’on ne peut faire que salement. Read the rest of this entry »

La cité de l’indicible peur

octobre 3rd, 2021

Affiche

Trois cavaliers de l’orage.

On sait bien que de Jean-Pierre Mocky, on ne peut pas attendre grand chose, si ce n’est de l’abondance et du verbiage. Et de l’excès et du mauvais goût. Et des orientations qui poussent vers l’invraisemblable, le grotesque, le caricatural, l’outrancier. C’est une sorte de marque de fabrique, fièrement arborée et finalement plutôt ridicule : un type qui a voulu entrer dans la cour des grands et a fini par tourner n’importe quoi en arborant sa solitude comme un bouclier odoriférant. Read the rest of this entry »

Bande à part

septembre 30th, 2021

Oublier Joinville.

Il paraît que Bande à part est un film apprécié par Quentin Tarantino qui a appelé sa société de production A Band Apart en hommage au film de Jean-Luc Godard. Diable ! Ce n’est pas que je sois un thuriféraire absolu de l’auteur de Reservoir dogs, mais je ne me suis jamais ennuyé à mourir en regardant un de ses films, je ne leur ai jamais trouvé une infinie vacuité prétentieuse, ni des dialogues moches et abscons, je n’ai pas repéré des tics de filmage exaspérants ; pour tout dire, je veux croire et j’espère bien qu’il demeurera plus longtemps dans les histoires du cinéma que le cagot Genevois que des régiments de gogos ont pris longtemps pour un phare de l’art cinématographique, avant que le monsieur se suicide, d’une certaine façon, après Mai 68, ne survivant que par des copinages éhontés et germanopratins. Read the rest of this entry »

Le désert de Pigalle

septembre 29th, 2021

Les anges du péché.

Réalisateur sans grande qualités ni défauts, Léo Joannon avait un peu (trop) fricoté avec Vichy et fut puni de ses orientations par une mise à l’écart du cinéma pendant cinq ans. Mais, à la différence de beaucoup, il sut retrouver le chemin des studios dès qu’il lui fut possible et se tailler, pendant quelque temps des succès publics assez notables, particulièrement avec Le défroqué en 1954, avec Pierre Fresnay, mais aussi, avec le même acteur, L’homme aux clés d’or en 1956. On peut ajouter Le secret de Sœur Angèle en 1956 encore, avec Sophie Desmarets et Raf Vallone et donc, en 1958, ce Désert de Pigalle, qui ne manque pas d’intérêt. Read the rest of this entry »

La chapelle du Diable

septembre 27th, 2021

Les ruses du Malin.

Je viens de découvrir un film bien intéressant et assez original consacré aux malfaisances de Satan et à la façon habile, insidieuse et terrifiante que le Prince des Ténèbres emploie pour pervertir les âmes. L’éditeur n’a pas eu la main mauvaise en publiant l’adaptation d’un roman intitulé Sanctuaire, écrit par James Herbert, écrivain dont j’ignore tout mais qui semble avoir une grande notoriété dans le domaine de la littérature d’épouvante. Notoriété justifiée au vu de l’originalité de l’histoire relatée dans La Chapelle du diable par le réalisateur Evan Spiliotopoulos, avant tout scénariste habitué de films fantastiques. Read the rest of this entry »

Que le spectacle commence !

septembre 25th, 2021

L’ange noir.

Curieuse impression à la découverte de ce film de Bob Fosse, dont je n’avais jamais rien vu, alors que le réalisateur a connu des succès considérables (Sweet charity et surtout Cabaret, qui remporta tout de même 8 Oscars !) et que je fais partie des grands amateurs de comédies musicales. Bob Fosse, d’abord chorégraphe, s’est ensuite tourné vers la réalisation et il a, en tout cas, réussi brillamment à mettre en scène l’éclat de la danse dans des séquences inventives, rythmées, très esthétiques filmées avec d’importants moyens, ce qui permet de très beaux décors, de très beaux costumes et des interprètes de qualité. D’une certaine façon, d’ailleurs, cette façon de filmer la danse fait davantage songer aux grandes machines parées de strass et de paillettes (Le grand ZiegfeldZiegfeld follies, les féeries de Busby Berkeley) qu’aux chefs-d’œuvre de Mark Sandrich, avec Fred Astaire et Ginger Rogers, moins ostentatoires. Et pourtant les uns et les autres sont issus des lendemains de la crise de 1929. Read the rest of this entry »

Mouchette

septembre 23rd, 2021

Sombre dimanche.

Le cinéma de Robert Bresson est austère, corseté, sombre, hautain, c’est une affaire entendue. Le réalisateur est un chrétien à tonalité janséniste qui ne voit le Monde que comme une vallée de larmes, vallée qui ne peut permettre de faire son salut que par la douleur et la pénitence. Cette tonalité grave se voit excellemment dans les images qu’il montre : forcément sombres, presque noirâtres, privées de toute lumière : il n’y a pas de salut hors de la souffrance et de la mortification. J’ai d’ailleurs lu quelque part que Bresson demandait à son directeur de la photographie de limiter au maximum l’éclairage électrique des scènes de façon que la seule lumière naturelle fût captée par l’objectif : c’est un parti-pris cohérent, mais fatigant pour le spectateur.

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Meurtre mystérieux à Manhattan

septembre 22nd, 2021

La cité de l’indicible peur.

Il est bien certain que de la surabondante filmographie de Woody Allen qui, à certaines époques, réalisait un film par an, je ne connais pas grand chose.

En fait ce n’est pas l’abondance que je dois déplorer : parmi les metteurs en scène que je place au plus haut de mes dilections, Julien Duvivier a pratiquement connu le même rythme et, dans des temps plus proches, Patrice Leconte. Mais il se trouve que je n’ai jamais vraiment accroché aux films du Juif new-yorkais, enseveli sous leur verbiage épuisant et la légèreté de leur propos. Un peu comme dans une pièce de boulevard réussie, on rit, on s’amuse, on s’esclaffe à certains morceaux réussis, mais les rideaux fermés, les projecteurs éteints, les ouvreuses couchées, on se demande vraiment ce qu’on a regardé et ce qu’on va oublier très vite.

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