Dites-lui que je l’aime

septembre 7th, 2024

À caractère orageux.

Le deuxième film de Claude Miller a été un échec cinglant alors que son premier, La meilleure façon de marcher avait été regardé et célébré. On se demande pourquoi il n’y a pas eu d’acceptation d’un ouvrage doté d’un scénario habile et intelligent (tiré d’un roman de Patricia Highsmith au demeurant) et très bien interprété par les alors bien jeunes Gérard DepardieuMiou-Miou voire Dominique Laffin et par le tonitruant, surprenant, exceptionnel Claude Piéplu. Des maladresses, ici et là, une conclusion inutile, même choquante et des mystères qui fricotent et qui ne s’imposaient pas. Read the rest of this entry »

Les demoiselles ont eu 25 ans

septembre 7th, 2024

Tendre pélerinage.

La création de la ville de Rochefort a été décidée par Louis XIV afin d’y établir un arsenal maritime. Son architecture classique, rigoureuse, d’une grande beauté fière porte les traces de sa prospérité passée. Une prospérité fondée sur les activités militaires, mais aussi sur le commerce avec les Antilles et sur le grand nombre d’écoles jadis navales et aujourd’hui aéronautiques et de gendarmerie. Constellée de monuments historiques classés ou inscrits, elle est organisée autour de la place Colbert dans un plan à damier. Read the rest of this entry »

L’homme qui vendit son âme

septembre 5th, 2024

L’enfer du pacte.

Le mythe d’un pacte entre les Puissances des ténèbres et un homme à qui sont accordées jeunesse, puissance, savoir, fortune contre la cession de son âme immortelle est très ancien. L’Antiquité et le Moyen-Âge ont connu des récits ainsi inspirés mais la légende prend vraiment tournure dans le Faustbuch anonyme de 1587. Puis naturellement les deux versions (1808 et 1832) de Goethe et sans doute une grande palette de variations. Au cinéma beaucoup de titres aussi : par exemple La main du diable de Maurice Tourneur (1943), La beauté du Diable de René Clair (1950), le trop méconnu Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara (1955).
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Le Roi de cœur

septembre 3rd, 2024

Étrange burlesque.

L’enthousiasme de certains amateurs pour  Le Roi de cœur me stupéfait. Là où on a vu fantaisie, poésie, légèreté, magie, je n’ai trouvé que bric-à-brac idiot, ennui profond, inanité du récit et des personnages ; je n’ai de crédit que pour quelques belles images de la belle ville de Sentis et pour les thèmes musicaux de Georges Delerue. Comment se fait-il que mon point de vue, si souvent analogue à certains que j’estime soit ici tellement différent ?

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La strada

septembre 2nd, 2024

La route est grise.

Découvrir le cinéma de Federico Fellini avec La Strada; parce qu’on a alors 8 ou 12 ans, le retrouver vingt-cinq ans plus tard en DVD dans la médiocre retranscription française sabotée par l’affreux René Château ; faire cela un soir de mauvaise humeur ; et de cette façon en écrire un méchant avis assez puéril ; se le reprocher parce que l’on est un être scrupuleux et exigeant ; se dire que désormais; les années passées on a suffisamment exploré le continent fellinien et que, même si on ne lui a jamais trouvé les pics et les éminences qu’on aurait espéré y déceler, on peut l’avoir apprécié de plus en plus et aussi lui trouver, grâce à La dolce Vita ou à Et vogue le navire d’immenses qualités… Read the rest of this entry »

Le roi des camelots

août 24th, 2024
Il était une fois Paris.

Ah, cher Berthomieu qui tourniez n’importe quoi, avec gaieté, légèreté, tranquillité et qui nourrissiez les salles du samedi soir avec un paquet de films où – selon l’expression archaïque et consacrée – on ne se cassait pas la nénette, merci d’avoir donné ce bien gentil Roi des camelots où on vous retrouve tout entier, où on retrouve tout entiers des gens de grand talent, Robert Lamoureux étincelant bien sûr, et Yves Deniaud mais aussi un acteur qui n’a sans doute jamais trouvé une meilleure exposition à l’écran ; vous vous demandez qui ? Mais Charles Bouillaud bien sûr, qui vous fera vous interroger mais que, en regardant son visage, vous retrouverez la silhouette… Bouillaud a bien dû apparaître dans 150 ou 200 films, quelquefois pour quelques secondes ; je ne peux imaginer ce qu’a été sa vie, sans doute parcimonieuse, à courir le cachet.

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Urgences

août 22nd, 2024

La nuit qui s’étend.

Je pensais que Raymond Depardon, grand photographe et réalisateur avait porté son regard si pénétrant et ses manières de montrer sans employer de commentaires, en disparaissant le plus possible derrière une simple caméra, je pensais donc à un film sur l’affreux caravansérail des Urgences hospitalières. J’ai eu tort, avant de télécharger le film de ne pas avoir lu qu’il s’agissait en fait d’un reportage sur le service psychiatrique de l’Hôtel-Dieu de Paris et exclusivement sur ces terribles troubles du comportement et de l’abolition de la raison. Read the rest of this entry »

Il était une fois un flic…

août 21st, 2024

Les plaisirs démodés.

Malgré son titre abominable et mal inspiré, Il était une fois un flic ne manque pas tout à fait de qualités.

Grâce à Mireille Darc, bien sûr qui, dès qu’elle apparaît dans un film l’ensoleille, grâce à Michael Lonsdale qui n’a jamais rien raté dans sa longue carrière, grâce, bien sûr à Michel Constantin qui, comme on l’a longuement rappelé portait à l’écran sa présence physique, drue, charnelle, inoubliable. Read the rest of this entry »

Benny’s video

août 21st, 2024

Lumineuse adolescence.

D’une manière générale, le cinéma de Michael Haneke, qui est incontestablement un des plus remarquables cinéastes d’aujourd’hui est empreint de la haine de soi. C’est éclatant dans 71 fragments d’une chronologie du hasard, dans La pianiste, dans Le ruban blanc ; il y a aussi, toujours, un regard grave, distant, inquiétant sur la nature humaine et sur ses comportements singuliers (Funny gamesCaché et même Amour. Cinéma du malaise, cinéma malsain et culpabilisant. Read the rest of this entry »

Espoir – Sierra de Teruel

août 17th, 2024

La guerre d’Espagne méritait mieux.

Le seul intérêt de cet Espoir est qu’il est l’unique réalisation cinématographique d’André Malraux dont on peut se féliciter qu’il ait ensuite porté ses talents ailleurs, tant cette espèce de brouillon, ni artistique, ni didactique laisse sur sa faim. Remarquez, lorsque j’écris ça, j’y mets une certaine mauvaise foi ; que ça étonne ou non, alors que je suis un lecteur compulsif et vorace, je ne connais pas une seule ligne de l’auteur de la Condition humaine et je concentre seulement mon admiration à l’écoute du discours qu’il prononça, dans le vent glacé du 19 décembre 1964 lors de l’entrée au Panthéon des cendres de Jean Moulin avec leur long cortège d’ombres. C’est comme ça, malgré deux ou trois tentatives, je n’ai jamais pu entrer dans les livres de Malraux (pas davantage que dans ceux d’Albert Camus autre gloire ignorée de moi). Read the rest of this entry »