Archive for avril, 2022

Ran

lundi, avril 11th, 2022

Stupeur et tremblements.

C’est sans doute le meilleur film japonais que j’ai vu. Il est vrai que je n’en ai peut-être regardé moins que dix de toute ma vie, rebuté par l’éloignement civilisationnel, mais aussi par les éructations d’une des plus laides et les moins euphoniques langues du monde (à égalité avec le néerlandais). Quelle différence avec les belles mélodies françaises, italiennes ou russes ! On a l’impression que tous les personnages du film ne cessent de s’invectiver. Et dans ce monde-là, il semble qu’il n’y ait pas de place pour la douceur ou pour l’humour ou pour le sourire… (suite…)

Les poings dans les poches

vendredi, avril 8th, 2022

Pensum maoïste.

Marco Bellocchio eut quelque notoriété jadis, bien jadis, dans les ciné-clubs militants où anarchistes, communistes radicaux, trotskistes et surtout maoïstes commençaient à faire chauffer la bouilloire de Mai 68. Je me rappelle bien quelques discussions fiévreuses sur la nécessaire suppression de la société bourgeoise et l’éradication de la famille patriarcale qui s’appuyaient sur Les poings dans les poches. Comme pour ma part je ne connaissais d’autre société que bourgeoise, sinon la société prolétarienne qui conduisait aux superbes réussites de l’Union soviétique et de la Chine populaire, comme ma famille – et celles des camarades que je connaissais – me semblait un foyer protecteur et ennoblissant, je m’étais soigneusement gardé d’aller voir ce brûlot engagé. (suite…)

Cartel

mercredi, avril 6th, 2022

Inéluctable.

Entre autres mérites, Cartel aurait toujours eu celui de mettre à bas les illusions de ceux qui pensent qu’on pourra un jour venir à bout du trafic de drogue autrement qu’en en légalisant totalement l’usage et la vente libre. J’emploie le conditionnel puisqu’il me semble évident qu’aucun gouvernement n’a envisagé – et n’envisagera jamais – cette solution extrême qui serait évidemment l’aveu d’une défaite absolue du Bien contre le Mal. Mais enfin, mon petit doigt me dit que l’absurde prohibition imposée aux vertueux États-Unis entre 1920 et 1933 et levée à bas bruit était une défaite du même genre. (suite…)

Secrets et mensonges

vendredi, avril 1st, 2022

Les aventures des gens de peu.

Elle a de l’allure, de la distinction, elle est paisible et parfaitement insérée dans la société britannique de la fin du siècle dernier. Elle est opticienne, elle vit seule, elle vient de perdre sa mère adoptive. Elle est noire, elle s’appelle Hortense (Marianne Jean-Baptiste) et, presque sur un coup de tête, sans besoin identitaire précis, elle décide de retrouver sa mère biologique, sa génitrice, qui l’a abandonnée à sa naissance. Curiosité plus que besoin : son équilibre personnel n’a pas besoin de davantage. Mais enfin, dans une vie sans doute un peu vide, elle se prend au jeu, elle cherche.

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