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Ratatouille

mercredi, mai 2nd, 2018

Hommage du Vice à la Vertu.

Je ne peux pas dire que, regardant le film aux côtés de ma petite-fille, qui aura bientôt 6 ans et demi, je n’ai pas un peu somnolé, conduit au sommeil par un trop bon dîner opportunément arrosé et conclu par un cognac de qualité. Le dessin animé, ce n’est tout de même plus trop de mon âge et si je puis encore m’émerveiller aux grands chefs-d’œuvre conçus par Walt Disney c’est bien davantage en me remémorant mes joies d’enfant qu’en m’enthousiasmant pour l’inventivité des péripéties et la qualité technique de l’animation. Il n’y a lieu ni de se réjouir de cette maturité (qu’on peut appeler aussi gâtisme), ni la déplorer ; après tout, il y a bien des décennies que je ne m’amuse plus à faire des coloriages et à jouer au ballon prisonnier et, pour encore un moment, j’espère, je ne retombe en enfance que lorsque ma grande petite-fille vient se coller dans mes bras pour me demander de regarder avec elle un film qu’elle aime… Comment un être normal pourrait-il résister à son sourire ? (suite…)

Le Roi et l’oiseau

lundi, avril 30th, 2018

Irréalisme poétique.

Pour avoir vu avant ma dixième année La bergère et le ramoneur et en être resté durablement fasciné, je me faisais une joie de regarder Le Roi et l’oiseau qui est son accomplissement. Ah ! Il faut que je dise que le premier titre est une sorte de base tronquée du second, diffusée par le producteur André Sarrut contre l’avis formel des auteurs, Paul Grimault et Jacques Prévert. Ce désaveu n’empêcha d’ailleurs pas le film initial de remporter une kyrielle de récompenses internationales, notamment à la Biennale de Venise. Mais donc, plusieurs années après la présentation de ce qu’il jugeait être une ébauche, à tout le moins une œuvre imparfaite et inachevée, Paul Grimault, réussit, en 1967, à racheter les droits de son film et, avec l’aide de Prévert, (jusqu’à sa mort en 1977) à le restaurer ou, mieux, à le reconstituer, beaucoup de négatifs ayant été perdus ou abîmés. (suite…)

La journée de la jupe

lundi, avril 23rd, 2018

Le drapeau noir flotte sur la marmite.

Il y a tout de même une sorte d’énigme Isabelle Adjani. On peut se souvenir qu’elle fut jadis une actrice de qualité, qui a presque complétement disparu de notre imaginaire et qui désormais, je suppose, doit se contenter des pages people des journaux pour se survivre. On ne peut pourtant pas dire qu’elle ait été boudée par les producteurs ou seulement confinée dans le rôle de belle fille au corps parfait qu’elle exhibait dans L’été meurtrier de Jean Becker qui lui assurera encore pour longtemps de la notoriété. Elle a été davantage et j’ai comme tout le monde apprécié son jeu aussi bien dans La gifle de Claude Pinoteau où elle était la copie en un peu plus âgé de la Sophie Marceau de La boum. Mais elle était aussi inquiétante et chlorotique dans le Nosferatu de Werner Herzog, crispante et exaltée dans Tout feu tout flamme et surtout absolument vide et tueuse dans Mortelle randonnée. (suite…)

125 rue Montmartre

samedi, avril 21st, 2018

Demandez France-Soir, demandez Paris-Presse !

C’est vraiment un bien agréable film de samedi soir, un de ceux qui restaient peu de temps sur les écrans d’exclusivité et passaient vite sur ceux des salles de second rang, mais qui là y demeuraient longtemps et faisaient une bien gentille carrière. Ces films là, dont l’équipe technique était composée de solides manouvriers (Gilles Grangier à la réalisation, Jacques Robert au scénario et même Michel Audiard aux dialogues, moins notoire qu’il le fut ensuite) étaient interprétés par des acteurs solides, aussi. Mais des acteurs en deçà des grandes vedettes, des acteurs qui n’avaient pas encore atteint le haut de l’affiche (Lino Ventura), ne l’atteindraient jamais (Andréa Parisy ou Dora Doll) ou n’y prétendraient jamais parce que l’essentiel de leur activité était au théâtre (Jean Dessailly ou Robert Hirsch). (suite…)

Fils de la Nation

mercredi, avril 18th, 2018

Pour saluer l’Histoire.

Qu’on le veuille ou non, qu’on en enrage ou qu’on s’en attriste, Jean-Marie Le Pen est une des figures intéressantes du dernier demi-siècle. « Intéressantes » ne veut pas dire « importantes » : n’ayant eu aucun poids sur le cours des choses, n’ayant jamais détenu une once de pouvoir, il ne peut pas prétendre à être qui que ce soit d’autre qu’un témoin engagé. (suite…)

Le marquis de Saint-Évremond

lundi, avril 16th, 2018

Ferme les yeux et pense à l’Angleterre !

Chers Anglais, insupportables et indispensables à l’équilibre du Monde, vous avez toujours été stupéfiants ! Lorsque, bien à l’abri de l’autre côté du Channel, vous prétendez jeter un regard – souvent légèrement pincé, au demeurant – sur les réalités et mœurs françaises, vous n’y allez pas avec le dos de la cuillère. Aller postuler, comme le fait Le marquis de Saint-Evremond,le roman Un conte des deux cités de Charles Dickens et le film dont il est tiré que la population parisienne était si affamée dans les années qui précèdent immédiatement la Révolution qu’elle pouvait se précipiter pour laper le vin d’un tonneau éclaté sur la chaussée n’est-il pas légèrement excessif ? Et surtout terriblement hypocrite lorsqu’on fait partie d’un pays dont les habitants victimes d’une intense misère n’avaient cessé d’émigrer dans le Nouveau Monde, vers des terres plus accueillantes, depuis deux siècles… Et imaginer que les grands seigneurs méchants hommes comme le marquis de Saint-Evremond tel qu’il est montré dans le film avaient autant de latitude sanguinaire que les lords britanniques pour écraser la populace (revoyons Le chien des Baskerville !), c’est vraiment transposer sa propre sauvagerie sur une terre qui n’a que très marginalement connu ces ignominies qui étaient presque un sport national Outre-Manche. La réalité française, c’est bien davantage la peine capitale infligée au comte de Horn que le Régent ne graciera pas (revoir Que la fête commence). (suite…)

Les barbouzes

lundi, avril 16th, 2018

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Guère loin du dérapage…

Curieux film, finalement, qui dix fois, vingt fois, conduit à se dire Ce que c’est idiot ! et à s’agacer un peu de sa propre complaisance à le regarder, mais qui, tel l’acrobate qui manque perdre l’équilibre et tomber de son fil de fer dans la rue, se rétablit à l’instant suivant grâce à une des divines formules de Michel Audiard, divinement dites par l’un ou l’autre des acteurs… On imagine assez, finalement, le climat sûrement irréel du tournage, son côté décousu et invraisemblable, la découverte incrédule que les techniciens devaient faire de ces superbes tempéraments lâchés dans un climat de complète fantaisie ; l’inventivité qui roule sur elle-même, l’outrance des situations et des comportements, l’accentuation de tous les stéréotypes possibles finissent par placer ce film enragé sur le bon plateau de la balance, alors qu’il tutoie perpétuellement l’obstacle. (suite…)

F comme Flint

vendredi, avril 13th, 2018

3344428008956Gardez vos poules, je lâche mon coq !

Dans le souvenir que j’avais gardé de la brève, très brève série des Flint, le second épisode, F comme Flint, était le meilleur. Et après tout, pourquoi pas ? Pour les Bond, la préférence de beaucoup d’amateurs (dont je suis) va plutôt au n°3 (Goldfinger) ou au n°2 (Bons baisers de Russie) qu’au n°1 (Dr. No). Et il est vrai que, dans ce genre où le héros revient de film en film, la familiarité avec lui et avec les codes qui le portent peut mettre davantage de souplesse dans le propos, comme un vêtement qu’on porte s’assouplit à l’usage et devient plus seyant. Mais au bout d’un certain temps, à la souplesse succède l’usure. C’est ce qui est arrivé à Bond, dès le n°5, On ne vit que deux fois, et ce qui se poursuit aujourd’hui vers l’avachissement total, malgré ici et là quelques sursauts.

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Lucia et le sexe

jeudi, avril 12th, 2018

La chair est triste, hélas…

Si les deux actrices principales, Paz Vega et Elena Anaya, n’étaient pas l’une et l’autre dotées de corps superbes souvent non dissimulés et quoique la première nommée n’ait pas un bien joli visage, j’aurais certainement mis une note encore inférieure à ce film fourre-tout , film dont le titre roublard a sûrement été imposé pour attirer le chaland. Je n’ai rien contre la beauté féminine, bien au contraire, et de jolies anatomies dénudées n’ont rien pour me choquer, encore moins me déplaire. Après tout, si le Bon Dieu a fait la femme si harmonieuse, c’est qu’Il avait d’excellentes raisons et que nous serions bien hypocrites, bien cagots, bien médiocres de nous affliger de cette beauté, qui n’est pas plus scandaleuse que celle des mers et des montagnes. (suite…)

Le récupérateur de cadavres

mercredi, avril 11th, 2018

La leçon d’anatomie.

C’est un drôle de film, ce Récupérateur de cadavres. Ce n’est pas tout à fait un thriller, malgré l’angoissante atmosphère qui l’entoure ; ce n’est pas tout à fait un film d’épouvante, alors même que le sujet est absolument glaçant ; ce n’est pas tout à fait un film fantastique, même si la fin et l’obsessionnelle hantise du docteur Mac Farlane (Henry Daniell) y dirigent ; et ce n’est pas tout à fait non plus une sorte de film historique et documentaire consacré aux pas hésitants de la médecine expérimentale qui a besoin, après les travaux empiriques, de s’appuyer sur des réalités plus fermes et de disséquer à grande échelle des corps humains pour explorer les secrets de la nature ; et ce n’est pas non plus tout à fait le récit transposé des réelles affaires troubles et sans doute criminelles survenues à Edimbourg vers 1830 où deux sacripants irlandais, Burke et Hare, furent suspectés de ne pas livrer au docteur Knox seulement des cadavres frais récupérés dans les cimetières mais d’accélérer autant qu’il se pouvait l’action du temps et du destin.

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