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Tourbillon de Paris

vendredi, juin 27th, 2014

Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine !

Contrairement à ce qu’indique la jaquette du Dvd, le film n’est pas sorti en décembre 1941, mais en décembre 1939, ce qui n’aurait en soi aucune espèce d’importance si la période n’était pas particulièrement sensible, historiquement parlant. En 1939, trois mois pleins après la déclaration de guerre, il n’y a rien d’innocent à faire déferler sur l’écran l’allégresse et l’insouciance de Tourbillon de Paris. Est-ce que la volonté de se boucher les yeux devant le péril est consciente ? Ou, plus probablement, est-ce qu’à la veille des catastrophes, la gaîté, la joie de vivre, les amourettes perpétuellement menacées et finalement triomphantes prennent toujours le pas sur la touffeur des angoisses ? Ou un peu des deux, sans doute, le souhait de montrer aux populations des belles provinces que nos braves petits gars de France savent triompher de toutes les adversités avec le sourire et le sens de la débrouille, exemple renouvelé de qualités bien de chez nous !

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Andreï Roublev

mercredi, juin 25th, 2014

Aussi beau qu’ennuyeux.

Il y a des jours où l’âme slave, qui m’est pourtant si chère, est un peu trop compliquée pour moi et où je ne comprends plus ses foucades, ses subtilités et ses incandescences. Cela m’est arrivé à la lecture des Frères Karamazov ; et à nouveau hier, en regardant Andreï Roublev, que j’avais beaucoup apprécié il y a quelques années, et qui m’a souvent exaspéré, à tout le moins profondément ennuyé. Il est bien ennuyeux, de toute façon, de prendre conscience qu’on n’a pas raison d’être un peu abandonné en route.

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Lydia

mercredi, juin 18th, 2014

8272da92Fond de tiroir.

Voilà un Duvivier très secondaire, un de ceux que l’on peut aisément oublier et qui n’ajoutera rien à la gloire de celui que, dans sa présentation, Jean-Pierre Donniet qualifie de plus grand cinéaste français, (point de vue que je partage absolument) qui livre là un film sans beaucoup de souffle, ni d’intérêt. D’ailleurs la note médiane que je lui attribue est un peu entichée de complaisance et n’aurait sûrement pas atteint ce niveau si je n’avais pas connu le nom de l’auteur.

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La veuve Couderc

dimanche, juin 15th, 2014

Simenon, malgré tout.

Il fut un temps où tout réalisateur qui se plongeait dans l’immense jungle de l’œuvre de Georges Simenon pouvait y trouver un sujet, une orientation, une atmosphère et, même en les maltraitant, parvenir à faire vivre un monde, tant la puissance d’évocation du romancier est intense. Sans doute toutes les adaptations ne sont-elles pas de qualité, notamment celles des Maigret, parce que les metteurs en scène ont généralement privilégié la résolution d’une énigme policière – rarement primordiale – à ce qui importait vraiment à l’écrivain : la recréation d’un univers.

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Coup de tête

mercredi, juin 11th, 2014

La gloire des bistrots.

Je suppose que c’est en perspective de l’ouverture (demain) de la Coupe du Monde de football au Brésil qu’une chaîne de télévision a passé Coup de tête avant-hier. J’avais déjà vu le film deux ou trois fois, sans qu’il me marque particulièrement mais – allez savoir pourquoi ! – je l’ai regardé avant-hier avec des yeux presque neufs et de plus en plus enchantés.

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Il faut tuer Birgitt Haas

mercredi, juin 11th, 2014

47217Années de plomb.

Il est de prime abord évident que le film de Laurent Heynemann, qui date de 1981 s’appuie sur la mythologie tressée autour de ce que fut, en Allemagne, la Rote Armee Fraktion, (la Fraction Armée rouge), aussi connue sous le nom de groupe Baader/Meinhoff et que le personnage de Birgitt Haas a de larges parentés avec celui d’Ulrike Meinhoff, mais aussi, peut-être, avec ceux de certaines de ses homologues d’Outre-Rhin, du groupe Action directe, Joëlle Aubron ou Nathalie Ménigon ; et il devait y avoir, au sein des Brigades rouges italiennes, quelques passionarias tueuses du même acabit.

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Il était une fois la Révolution

samedi, juin 7th, 2014

Les mouches changent d’âne.

Autant j’ai aimé et aime encore passionnément il était une fois dans l’Ouest, à la dimension tragique presque grecque, autant je n’entre pas dans Il était une fois la Révolution, qui m’a semblé lourd, poussif et didactique, malgré l’extraordinaire séduction que déploie tout au long du film James Coburn, qui a la souplesse et le sourire du serpent séducteur.

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Deux jours, une nuit

jeudi, juin 5th, 2014

Violence sociale en milieu tempéré.

C’est idiot, j’aurais dû m’intéresser bien plus tôt au cinéma des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, qui font partie, avec Emir Kusturica, des rares réalisateurs à avoir reçu deux Palmes d’Or à Cannes, ce qui ne vaut pas tripette mais qui, surtout, se collettent en permanence avec la réalité sociale, la vraie vie vécue par les humbles, ce qui n’est pas si fréquent. Comment se fait-il qu’amateur de Robert Guédiguian comme je le suis, je ne connaisse pas encore Rosetta, Le fils ou Le gamin au vélo ? C’est la même inspiration, la même inquiétude, la même amertume, il me semble… Avec l’identique ciel gris de Wallonie, qui les éloigne – superficiellement, sans doute – de Marseille, mais les rapproche de Lucas Belvaux, lui aussi wallon, comme le sont certains des meilleurs acteurs du cinéma d’aujourd’hui, Émilie Dequenne, Olivier Gourmet, Cécile de France, Yolande Moreau ? Il n’y a pas de hasard.

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Les dix commandements

mercredi, juin 4th, 2014

La puissance de l’Éternel.

Printemps 58 – car c’est seulement cette année là que le film est sorti en France – et toute la ville se presse, s’écrase, se dispute les fauteuils d’un film qui dure près de quatre heures. Puisque l’on a été sage, les parents ont pris une place de balcon où, dominant la salle, on se sent le roi des rois. Les ouvreuses sont passées juste avant le début du spectacle et on a eu droit à un esquimau Gervais. Quel bonheur !

Cecil B. DeMille apparaît sur l’écran, à l’issue de l’Ouverture musicale et prend les spectateurs à témoin qu’ils vont voir un spectacle formidable et qu’ils sont bien raison d’être là.

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Les garçons et Guillaume à table

lundi, juin 2nd, 2014

Bonne conscience.

Oui, c’est évident, c’est visible et même davantage, grâce aux médias qui lui sont vitrines et complaisances, Guillaume Gallienne a beaucoup de talent, de séduction, de charme et d’intelligence et il remplit et remplira les salles parisiennes avides d’acteurs de qualité avec qui se sentir connivent. Je ne suis pas sûr qu’il soit né à la bonne époque, le théâtre n’étant plus grand chose et le cinéma n’aimant plus beaucoup les acteurs (d’ailleurs, Gallienne est davantage un comédien qu’un acteur), mais ni lui, ni nous n’y pouvons rien : pour perpétuer sa notoriété, mieux eût valu qu’il fût concepteur de jeux vidéos ou dessinateur de super-héros à pouvoirs magiques, mais ça n’est la faute de personne si d’être sociétaire de la Comédie française n’a plus aucune espèce d’importance.

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