Ce qu’il y a de parfaitement réussi, dans Virgin suicides, ce coup majeur frappé d’emblée par Sofia Coppola, ce qu’il y a de plus attachant et de plus glaçant, c’est qu’on ne comprend pas l’immolation collective des sœurs Lisbon, à moins de vouloir, assez grossièrement, mettre tout sur le dos des parents, si étouffants et souvent grotesques qu’ils sont. Et c’est, je crois, ce que disent assez fortement les images initiales où, vingt-cinq ans après la disparition des jeunes filles, les garçons qui les épiaient chaque soir, devenus des hommes faits, se posent encore la question, sans doute davantage étonnés que peinés. (suite…)
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Virgin suicides
vendredi, décembre 6th, 2013Entretien avec un vampire
jeudi, décembre 5th, 2013Belles images, discours niais.
La mode, depuis quelques années, est de présenter le Vampire comme une pauvre créature portant depuis des siècles sur ses épaules tous les malheurs du monde et les tristesses de sa condition. L’image traditionnelle, celle qui a été formalisée par le génial roman de Bram Stoker le présente, en revanche, comme une émanation de Satan, son avatar sur Terre, directement relié aux perversions les plus noires de l’Enfer. C’est que notre époque est compassionnelle et niaise et ne rêve rien tant que de présenter le plus effroyable des criminels qu’en pauvre victime de la répression sociale, une sorte de malheureux aux instincts (forcément aimables) martyrisés et à qui des parents abusifs (forcément abusifs, puisque parents) auront un peu vivement prescrit, un jour, de manger sa soupe. (suite…)
Allons donc, Papa !
jeudi, décembre 5th, 2013Mon Dieu, c’est de Vincente Minnelli ce petit film insignifiant pour fermiers de l’Arkansas ou du Wyoming en goguette ? Est-on certain qu’il n’y a pas homonymie, usurpation d’identité, abus de confiance ? C’est le même homme qui a réalisé Le chant du Missouri, Un Américain à Paris, Brigadoon, Gigi, comédies sophistiquées charmantes et brillantes, un peu trop parfaites, à dire vrai pour être totalement réussies, mais pleines d’esprit et de qualités ?
Vraiment ? On croit rêver… (suite…)
Trois de Saint-Cyr
mardi, décembre 3rd, 2013Voir et complimenter l’Armée française…
J’ai pu voir Trois de Saint-Cyr hier, 2 décembre, à l’amphithéâtre Austerlitz du Musée de l’Armée, aux Invalides (2 décembre/Austerlitz : voyez le clin d’œil !). Un aréopage distingué d’anciens Cyrards, mais aussi d’historiens du cinéma (le professeur Jean Tulard, notamment) présentait le film et a apporté d’intéressantes précisions sur quoi je reviendrai. (suite…)
Hostel 2
dimanche, décembre 1st, 2013L’année s’achève et, à l’approche de Noël et des joies chaudes de la famille, le triste mois de novembre me paraissait tout désigné pour mettre un peu de piment dans mon quotidien cinématographique. Je me suis donc passé les deux premiers DVD de la série Hostel, ceux qui sont réalisés par son créateur Éli Roth, série qui rivalise dans le genre trash avec les Saw d’horrifiante mémoire.
J’avais déjà vu le premier opus, qui commence comme un brave Very bad trip et s’achève dans les flots de sang attendus. Mais je ne connaissais du deuxième que quelques séquences captées par hasard sur Canal + naguère. La recette est à peu près la même dans les deux films : des Étasuniens fêtards et excités par le gouffre de vice que constitue, à leurs yeux, la vieille Europe, garçons là, jeunes filles ici, se font piéger et massacrer par de méchants riches qui payent, pour cela, de belles sommes à une florissante entreprise slovaque. Les Européens, et singulièrement les Européens de l’Est apparaissent dans les deux films comme des décadents malpropres et des sauvages sans scrupules. Ah ! Merveilleuse bonne conscience issue du protestantisme puritain ! (suite…)
Hostel
samedi, novembre 30th, 2013Terreurs et tremblements
Amateur intermittent de films à la répugnante renommée, j’ai regardé cet Hostel-là sans ennui et même avec un certain intérêt. Comme il y a longtemps que l’on sait que les images les plus gore ne sont pas forcément les plus dérangeantes, depuis que les trucages sont époustouflants de qualité, je me suis avant tout intéressé au déclenchement des évènements, c’est-à-dire à la première partie du film… (suite…)
Excalibur
jeudi, novembre 28th, 2013L’âge de l’aurore.
Ce magnifique livre d’images porté par un souffle profond et une grande intelligence mériterait sûrement la note suprême du chef-d’œuvre si John Boorman avait pu, comme il l’envisageait, développer son sujet sur un temps plus long et faire ainsi mieux encore ressentir la subtilité de son propos. Selon Wikipédia, le réalisateur indiquait que »son but (…) était de créer une sorte de «Terre du Milieu» au sens de Tolkien, c’est-à-dire «un monde contigu, semblable au nôtre, mais en même temps différent, situé dans une époque en dehors du temps» ; mais ceci avec la difficulté supplémentaire par rapport au Seigneur des anneaux de juxtaposer deux orientations, païenne et chrétienne. (suite…)
Pascaline et Klara, étudiantes, cherchent avenir…
jeudi, novembre 28th, 2013Voilà un téléfilm très intéressant, plutôt mieux filmé et mieux rythmé que les habituels sujets de société qui font florès sur les écrans et qui décrivent avec une volonté d’authenticité, de réalisme et de franchise des vies banales (banal n’est pas un mot péjoratif : je l’emploie en antonyme d‘aventurier et des films où l’on montre, par exemple, la traversée du désert de Gobi par un cycliste asthmatique ou l’ascension du Machu Pichu par un unijambiste daltonien).
Il faut dire que le format de 52 minutes est excellent et permet d’entrer, sans ennuyer, dans la vie quotidienne de deux jeunes filles du siècle, malheureusement engluées dans les tourments du même siècle. (suite…)
La métamorphose des cloportes
mercredi, novembre 27th, 2013Pour un coup d’essai, c’était un coup de maître et Pierre Granier-Deferre dont c’était quasiment l’entrée dans le cinéma (son premier long-métrage, Le garçon de l’ascenseur n’a pas laissé de traces !) réussissait un de ces films dont, presque cinquante ans après, on se souvient goulûment alors que, sortant dans des salles assez secondaires, ils n’étaient pas forcément promis aux feux éternels de la rampe.
Il est vrai que le réalisateur était richement aidé par un titre formidable (qui dira un jour le charme de ces titres euphoniques et rythmés, comme Razzia sur la chnouf ou Les femmes s’en balancent ?), par un climat général propice et par une réunion de fées autour de son berceau. (suite…)
L’homme qui aimait les femmes
lundi, novembre 25th, 2013Vestiaire de l’enfance.
Si ma note est un peu supérieure à la moyenne – mais de très peu, et presque avec regret – c’est bien grâce à deux choses. D’abord, le superbe aphorisme de François Truffaut : Les jambes de femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie, aphorisme dont il était si fier, à juste titre, qu’il l’emploie deux fois dans le film. Ensuite, et surtout, grâce au jeu de Charles Denner qui a trouvé, dans L’homme qui aimait les femmes le premier rôle qui le fera demeurer pour toujours dans l’histoire du cinéma. C’est un peu comme Michel Galabru avec Le Juge et l’assassin ou Charles Blavette avec Toni : une grâce rare donnée à des acteurs de second plan d’être mis en scène dans un rôle idéalement fait pour eux. (suite…)