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Le parfum d’Yvonne

vendredi, janvier 24th, 2014

Modiano, enfin…

Qui se souvient aujourd’hui de cet été 1958 où un beau jour ma vie s’est mise à basculer ? Dès la première séquence du film, adapté de Villa triste, le ton inimitable, discret, léger, pénétrant de Patrick Modiano s’impose et on sent, et on voit par les premières images que Patrice Leconte a trouvé ce ton étrange, fascinant d’un des plus grands écrivains du dernier demi-siècle ?

Au delà de l’exactitude du récit (le film de Leconte ne prétend pas à la fidélité), son atmosphère, l’indécision de ces personnages, l’incertitude de leurs contours et jusqu’à leur fragilité…. (suite…)

Adorables créatures

mercredi, janvier 22nd, 2014

Polisson et charmant.

Ce délicieux petit film de Christian-Jaque ne pourrait évidemment plus être tourné aujourd’hui. Osez le féminisme, Les chiennes de garde, les Femen assiégeraient les cinémas où il serait présenté si jamais il avait pu être distribué, la pieuse dépendance au politiquement correct faisant partie des terrorismes les plus totalitaires qui se puissent.

Car Adorables créatures est d’une gracieuse misogynie. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : Christian-Jaque est dans la veine de Sacha Guitry, narquois amoureux de la plus belle partie de l’Humanité… les femmes, je suis contre ; tout contre. Les femmes sont représentées dans la caricature la plus habituelle qui soit : bavardes, dépensières, cancanières, profiteuses, superficielles, coquettes, intéressées, irresponsables, monstres de duplicité… et absolument charmantes. Ce n’est naturellement pas dans la note de nos jours graves et sérieux. (suite…)

La prisonnière du désert

lundi, janvier 20th, 2014

Un western qui détonne.

À l’exception des exotiques (ceux de Leone), des baroques (ceux de Peckinpah) voire des parodiques (Three amigos), je n’apprécie pas tellement les westerns. Le genre me paraît souvent simpliste, manichéen, sans finesse, puéril même. Ces histoires de garçons vachers se fichant des roustes dans les saloons ou dans la poussière des corrals, ces pionniers chevauchant des heures pour fuir l’attaque d’Indiens fourbes avant d’être sauvés par la cavalerie fédérale, ces hommes trop rudes qui tombent amoureux de filles pleines de courage et de vertus ménagères m’ont toujours paru, passé l’âge de dix ans, illustrer ce propos qui faisait jadis florès : Les Américains sont de grands enfants. (suite…)

Caché

jeudi, janvier 16th, 2014

Mauvaise conscience.

Il me semble qu’il n’y a pas beaucoup, aujourd’hui, de réalisateur aussi intéressant que Michael Haneke. Et je n’écris pas cela parce qu’il a été deux fois récompensé de la Palme d’or cannoise (en 2009 pour Le ruban blanc en 2012 pour Amour) : on sait ce que valent les récompenses. Mais Haneke est le cinéaste d’un sidérant malaise, peut-être celui qui comprend le mieux les incertitudes de notre présent et les angoisses de notre avenir occidentaux.

Caché est d’une redoutable habileté. Le cinéaste piège à tout moment le spectateur en maniant en virtuose à la fois l’image, les mots et les souvenirs, en instituant les fausses pistes, en rendant la tension graduellement insoutenable jusqu’à faire espérer une sorte de révélation qui dévoilerait en un clin d’œil toute la mécanique du dispositif et en terminant le film par une séquence étonnante qui, bien loin de résoudre quelque question que ce soit, embrume encore davantage les esprits et fait ouvrir de vertigineux espaces. (suite…)

La party

dimanche, janvier 12th, 2014

Si l’on n’aime ni Chaplin, ni Tati, ni Etaix…

Finalement, j’ai été agréablement surpris à la revoyure… De temps en temps, de manière complètement absurde, je m’inflige la vision ou la re-vision de films dont la provenance, l’auteur ou l’esprit, je le sais, ne vont pas me plaire ou ne m’ont déjà pas plu. Cet étrange masochisme, neuf fois sur dix, confirme mon point de vue ; j’avais déjà regardé au moins deux fois La party et je m’attendais à fort peu. Malgré de fortes réserves, je me suis presque ravisé. (suite…)

La Ciociara

vendredi, janvier 10th, 2014

Adieu à l’innocence.

Comme c’est bien, un cinéaste tout d’intelligence, de finesse et de nuances qui a toujours porté sur la misère humaine un regard d’une grande hauteur sans condamnations rapides, sans manichéismes simplificateurs, en mettant en scène toute l’infinie complexité des situations où la pauvre humanité erre et tangue au milieu des drames les plus épouvantables… (suite…)

Les bas fonds

mercredi, janvier 8th, 2014

Monstres sacrés… et puis rien.

Revu une nouvelle fois, le film m’a plutôt déçu, même si ma note de simple moyenne est sans doute un peu sous-évaluée. Mais on a néanmoins souvent remarqué le caractère assez artificiel des Bas fonds, davantage faits pour présenter à l’écran deux monstres sacrés que pour tenir un discours de révolte. Et il y a un côté parfaitement artificiel dans le confinement des personnages dans la pension minable où la caméra paraît emprisonnée ; ce à quoi on pourra tout à fait me dire que c’est exactement l’effet recherché par le réalisateur. (suite…)

Scorpio

lundi, janvier 6th, 2014

Production de routine.

Que d’ insuffisances  dans ce film ! Le scénario présente tellement d’ellipses et de complications arachnéennes qu’il en devient incompréhensible, à tout le moins inintéressant. Peut-être, pour en saisir le suc et les (très éventuelles) finesses faudrait-il derechef se projeter le film afin de mieux voir ici et là un détail significatif ou d’entendre quelques mots d’une réplique qui avaient échappé, mais cela dépasse mes forces et surtout mon envie. Ces jeux de dupes, ces coups de billard à multiples bandes, ces agents doubles, triples ou quadruples, ces coups fourrés à quintuple détente doivent, pour être plaisants, être montrés par un réalisateur plus inspiré que Michael Winner et maîtrisés par un scénario plus nerveux. (suite…)

Les Vikings

samedi, janvier 4th, 2014

Le territoire des loups.

Je me promettais depuis longtemps de revoir Les Vikings, découverts au cinéma lors de leur sortie en France. Mes onze ans s’y étaient enthousiasmés, d’autant que cette histoire rare changeait agréablement des westerns et des péplums qui faisaient l’essentiel des superproductions de l’époque. Et le film a bien dû repasser quatre ou cinq fois à la télévision et j’avais aussi trouvé, lors de ma première vision en DVD qu’il tenait vaillamment le poids des années. Je l’ai regardé à nouveau tout à l’heure, dans une perspective un peu plus critique et j’ai été ravi : c’est encore mieux que dans mon souvenir ! (suite…)

La Marie du Port

jeudi, janvier 2nd, 2014

Désert sans solitude.

Après revisionnage cette après-midi, mon impression sur ce film mésestimé de Carné s’améliore encore et je suis pas loin de le mettre aux premiers rangs (avec Thérèse Raquin) de sa carrière d’après-guerre ; Prévert n’est plus là, même s’il a, paraît-il rédigé une partie des dialogues, mais Kosma l’est encore, et la musique est superbe. L’intrigue, de Simenon, toujours subtile et prenante et le film est presque absolument fidèle au roman. De toute façon, à quelques exceptions prés, le Liégeois est toujours moins trahi lorsque est adapté un de ses livres sans intrigue criminelle plutôt que dans ses Maigret ou ses policiers, qui tournent facilement à la simple résolution de l’énigme, ce qui n’est pas son propos et son génie. (suite…)