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Pascaline et Klara, étudiantes, cherchent avenir…

jeudi, novembre 28th, 2013

pascaline-et-klaraLe sens de la vie.

Voilà un téléfilm très intéressant, plutôt mieux filmé et mieux rythmé que les habituels sujets de société qui font florès sur les écrans et qui décrivent avec une volonté d’authenticité, de réalisme et de franchise des vies banales (banal n’est pas un mot péjoratif : je l’emploie en antonyme d‘aventurier et des films où l’on montre, par exemple, la traversée du désert de Gobi par un cycliste asthmatique ou l’ascension du Machu Pichu par un unijambiste daltonien).

Il faut dire que le format de 52 minutes est excellent et permet d’entrer, sans ennuyer, dans la vie quotidienne de deux jeunes filles du siècle, malheureusement engluées dans les tourments du même siècle. (suite…)

La métamorphose des cloportes

mercredi, novembre 27th, 2013

la_metamorphose_des_cloportes01Les fées sur le berceau.

Pour un coup d’essai, c’était un coup de maître et Pierre Granier-Deferre dont c’était quasiment l’entrée dans le cinéma (son premier long-métrage, Le garçon de l’ascenseur n’a pas laissé de traces !) réussissait un de ces films dont, presque cinquante ans après, on se souvient goulûment alors que, sortant dans des salles assez secondaires, ils n’étaient pas forcément promis aux feux éternels de la rampe.

Il est vrai que le réalisateur était richement aidé par un titre formidable (qui dira un jour le charme de ces titres euphoniques et rythmés, comme Razzia sur la chnouf ou Les femmes s’en balancent ?), par un climat général propice et par une réunion de fées autour de son berceau. (suite…)

L’homme qui aimait les femmes

lundi, novembre 25th, 2013

Vestiaire de l’enfance.

Si ma note est un peu supérieure à la moyenne – mais de très peu, et presque avec regret – c’est bien grâce à deux choses. D’abord, le superbe aphorisme de François Truffaut : Les jambes de femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie, aphorisme dont il était si fier, à juste titre, qu’il l’emploie deux fois dans le film. Ensuite, et surtout, grâce au jeu de Charles Denner qui a trouvé, dans L’homme qui aimait les femmes le premier rôle qui le fera demeurer pour toujours dans l’histoire du cinéma. C’est un peu comme Michel Galabru avec Le Juge et l’assassin ou Charles Blavette avec Toni : une grâce rare donnée à des acteurs de second plan d’être mis en scène dans un rôle idéalement fait pour eux. (suite…)

Le Président

vendredi, novembre 22nd, 2013

Poissons volants et majorité de l’espèce.

C’est là un excellent ouvrage tout empreint de la fameuse Qualité française et des talents conjugués d’une équipe solide formée d’Henri Verneuil, de Michel Audiard et, naturellement, d’un Jean Gabin pour qui le rôle a naturellement été écrit.

Mais voilà que paradoxalement le brave gars éternel persécuté de la vie des années d’Avant-Guerre, l’homme mûr aux épaules larges et à la baffe facile ressuscité au cinéma depuis Touchez pas au grisbi se met à terriblement ressembler à un vieux sanglier solitaire revenu de tout.

Le Président Émile Beaufort est-il conçu à l’image de Georges Clémenceau ? Oui, sans doute et de façon presque évidente. Mais il est aussi, dans sa sévère retraite campagnarde, une évocation du général de Gaulle enfermé à La Boisserie avant qu’on soit bien obligé de le rappeler pour éviter la faillite de la France un an et demi avant le tournage du film ; on peut certainement glisser ici et là d’autres inspirations : Aristide Briand, voire Édouard Herriot (davantage, il est vrai, pour une certaine ressemblance d’allure que pour une parenté intellectuelle).

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Full metal jacket

vendredi, novembre 22nd, 2013

Ma seule amie, c’est mon flingue…

J’irais volontiers jusqu’à comparer Full metal jacket, avant-dernier film de Stanley Kubrick et Barry Lyndon (le film que tout le monde apprécie) sous l’aspect de la perfection formelle et de la beauté picturale des images (et peut-être aussi, mais là je fais de la provocation, de l’absence d’intérêt de l’intrigue). (suite…)

Quatre aventures de Reinette et Mirabelle

mercredi, novembre 20th, 2013

Exercice de style léger.

Quatre aventures de Reinette et Mirabelle est vraiment un Rohmer mineur, exclusivement destiné à ses amateurs inconditionnels (parmi qui je me range) mais qui désarçonnerait ou décevrait sans retour ceux qui auraient la mauvaise idée de commencer par ce film un parcours rohmerien. On sent bien que ces saynètes, intelligemment contées comme toujours, s’appuient sur bien peu : des situations vécues par l’auteur ou survenues à des proches et contées à lui, liées un peu artificiellement dans une dialectique parole/silence qui n’est pas très convaincante… (suite…)

Tandem

dimanche, novembre 17th, 2013

1427Comédie triste.

On a décrit avec beaucoup de justesse le climat général de Tandem : Film sur la vieillesse, le temps qui passe, l’échec et la solitude. C’est tout à fait cela, et plus on le revoit, plus on est frappé de cette désespérance. Comédie à l’italienne, évidemment et aussi personnages à la Houellebecq, à peine colorée par la relation Maître/Valet qui introduit le ressort comique (devant la seule part de tarte restante, Rivetot (Jugnot) à Mortez (Rochefort) : Prenez les fruits, j’adore la pâte). Qu’ajouter à ça ? (suite…)

Le grand saut

jeudi, novembre 14th, 2013

La lettre bleue.

Je conservais un souvenir plutôt agréable de cette comédie un peu trop moralisatrice des frères Coen et notamment d’images oniriques et impressionnantes de New-York sous la neige… New-York vue, il est vrai, un peu comme la Gotham city des aventures de Batman, une sorte de cité noirâtre hérissée de tours hostiles et arrogantes. J’ai, à la revoyure, été un peu déçu, trouvant le film gentil, sympathique, drôle assez souvent, mais manquant un peu d’épaisseur, tout de même. En tout cas ça n’est pas du niveau du grinçant Fargo, qui est ce que j’ai vu de meilleur des deux réalisateurs. (suite…)

Confession d’un cannibale

mercredi, novembre 13th, 2013

Végétariens s’abstenir.

Je doute que l’histoire véridique d’Armin Meiwes, le Cannibale de Rotenburg, qui a inspiré ce film de Martin Weisz, fasse autant florès que celle, purement fictive, de notre vieil ami Hannibal Lecter, héros du Silence des agneaux et de ses suites. Et pourtant, elle est bien plus intéressante, psychologiquement parlant, et elle ne met pas en scène un seul prédateur, fût-il aussi génial et séduisant qu’Hannibal, mais bien plutôt un couple sidérant, tueur et tué (car on ne peut pas dire victime et bourreau, pas du tout), profondément complice et fascinant. (suite…)

After hours

mardi, novembre 12th, 2013

Quand l’heure est dépassée…

Ce que j’aime, dans ce cauchemar psychédélique, en plus de son onirisme de malaise, c’est son aptitude à nous rendre proche du malheureux garçon qui, parce qu’il a cru pouvoir échapper ce soir là à sa solitude et à sa vie rangée passe une nuit à se dépêtrer des fureurs du Destin. Sur un mode plus léger et (bien) moins profond, Paul Hackett (Griffin Dunne) m’a fait songer au Bill Harford (Tom Cruise) de Eyes wide shut, renvoyé sèchement par le milliardaire Ziegler (Sydney Pollack) à sa vie paisible : Ne joue pas dans la cour des grands !. (suite…)