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L’hôpital et ses fantômes

samedi, août 10th, 2013

La porte est ouverte…

Il y a quelques semaines, à propos de Sailor et Lula, je qualifiais son réalisateur, David Lynch, de sévèrement chtarbé, ce qui m’avait valu quelques demandes d’exégèse. Tout aussi chtarbé, dans le cinéma d’aujourd’hui, est Lars von Trier dont les déclarations quelquefois farfelues ne doivent  faire oublier ni l’extrême originalité, ni le réel talent.

Comment d’ailleurs ne pas songer à Lynch et à Twin peaks en regardant L’hôpital et ses fantômes, qui n’est pas une série à personnages récurrents mais à épisodes indépendants mais un feuilleton, où un récit se déroule, dans un cadre temporel strict et aboutit à une conclusion ? Ce genre de travail exige du souffle, de l’inventivité, le sens du rythme, la capacité à relancer l’attention dans une durée longue. Les quatre DVD de L’hôpital et ses fantômes offrent 9h30 de morbidité et de mauvais goût passionnantes. Et, pour une fois, le récit s’améliore au fur et à mesure qu’il progresse ; il est vrai aussi que, désormais familiers des personnages et de ce qui les anime, nous nous y intéressons davantage. (suite…)

Signé Arsène Lupin

mercredi, août 7th, 2013

signe_arsene_lupinLe Trésor des Lupin.

Il y a peu de doutes que Robert Lamoureux a idéalement interprété un Arsène Lupin qui correspond tout à fait au personnage de Maurice Leblanc. Un gentleman-cambrioleur qui, je le rappelle, est issu de l’union d’une jeune fille de l’aristocratie, Henriette d’Andrésy, et d’un plébéien, professeur de boxe et de savate, Théophraste Lupin. Lamoureux porte exactement en lui ce mélange d’élégance et de gouaille, de désinvolture et de raillerie qui en font un des personnages les plus attachants de la littérature policière. (suite…)

Le voyage en Arménie

lundi, août 5th, 2013

Si loin, si proche…

Dans la présentation qu’il fait du Voyage en Arménie, le critique Jean-Luc Douin trace un parallèle étonnant avec Le promeneur du Champ de Mars qui le précède immédiatement dans l’œuvre de Robert Guédiguian. Comme ce dernier film traite des derniers mois de vie du Président François Mitterrand, j’ai d’abord trouvé que c’était assez gonflé ; puis, après avoir vu ce Voyage et avoir réécouté Douin, j’ai trouvé cette approche subtile et intelligente.

Anna (Ariane Ascaride), cardiologue marseillaise qui a des relations difficiles avec son père (Marcel Bluwal, étonnant), part à sa recherche après que celui-ci a disparu de Marseille. Une sorte de jeu de piste va se mettre en place et permettre à cette ancienne communiste qui ne croit désormais plus en grand chose (et surtout pas en elle) de retrouver ses racines au fin fond de l’Arménie. (suite…)

Le Professionnel

lundi, août 5th, 2013

Le roi du boum-boum.

Quelle mauvaise idée de conclure le film sur l’image mélodramatique et ridicule d’un Commissaire Beaumont (Jean-Paul Belmondo) abattu sur l’ordre ampoulé d’un médiocre ministre de l’Intérieur (Jean Desailly) ! Cette exécution sommaire, qui veut placer le film sur le noble et vertueux registre de la dénonciation des manigances du Pouvoir et des excès de la Raison d’État (je me moque, là, au cas où on ne l’aurait pas compris !) donne au Professionnel une touche qui se veut grave et qui est du plus profond ridicule… (suite…)

Taxi driver

samedi, août 3rd, 2013

Histoires de la nuit.

Le thème si souvent utilisé du vétéran de la guerre qui ne parvient pas à trouver sa place dans la société n’est pas trop pesant, ni didactique dans Taxi driver. Tant mieux, parce que l’amertume du type qui ne retrouve plus ses repères et qui se débat dans une jungle moins meurtrière, sans doute que celle qu’il a quittée, mais tout aussi dangereuse, a été traité jusqu’à plus soif. D’autant qu’il n’est pas dit que c’est la guerre qui a transformé en fauve un homme ordinaire et que, simplement, ce sont les conditions naturelles et habituelles de la guerre qui ont permis au fauve préexistant de devenir homme, le temps du conflit. (suite…)

Vivre sa vie

mardi, juillet 30th, 2013

Une redoutable purge !

Le second DVD de l’édition pieuse de Vivre sa vie que j’ai en main présente notamment une longue (45 minutes) intervention de Jean Narboni, qui fut rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et entraîna la malheureuse revue vers les impasses du gauchisme forcené jusqu’au maoïsme. En écoutant le dithyrambe narbonien et ses mille manières renouvelées de tresser des couronnes au film de Godard, je me disais que tout ce qui était présenté comme innovation intelligente, coup de génie, habileté éblouissante était précisément ce que j’avais détesté le plus. Et comme tout est de la même veine, j’ai précisément tout détesté. (Un repentir : le thème musical, de Michel Legrand, est très beau : mais indéfiniment répété, jamais développé, il finit lui aussi, à crisper le spectateur). (suite…)

Bon voyage

mardi, juillet 30th, 2013

Erreur de casting…

On aimerait bien aimer Bon voyage, en premier lieu parce que Jean-Paul Rappeneau est un cinéaste exigeant, intelligent, rare (Bon voyage est son dernier film et date tout de même de dix ans), qu’il se donne les moyens de faire du vrai cinéma, et non pas du téléfilm. Et puis l’idée de filmer l’effroyable panique qui a saisi la France dans les six semaines de mai et juin 1940 qui ont vu son effondrement, la ratatouille politicienne de la Chambre du Front populaire votant les pleins pouvoirs à Pétain et les premiers germes de la Résistance était belle… (suite…)

Il faut vivre dangereusement

samedi, juillet 27th, 2013

ILFAUTVIVREDANGEREUSEMENTPetit truc sans importance.

Il faut vivre dangereusement est le seul long métrage de Claude Makovski, cinéphile, producteur, érudit qui a beaucoup aidé Nelly Kaplan qui l’a poussé à passer un jour derrière la caméra. Dans le supplément du DVD, Makovski, avec une grande franchise et beaucoup de simplicité admet bien volontiers qu’il a tourné honnêtement le film, mais qu’il n’a pas les qualités pour réaliser une œuvre : il n’a pas ce qu’il appelle le regard du cinéaste. (suite…)

Du mouron pour les petits oiseaux

vendredi, juillet 26th, 2013

Vaut mieux que son titre.

Je n’aurais évidemment pas acquis le DVD d’un film au titre aussi abominable s’il n’était réalisé par Marcel Carné, à qui je voue une admiration réelle, attristée par les ratages de la fin de sa carrière. (Mais enfin il faut reconnaître que beaucoup des plus grands auraient dû cesser de filmer plus tôt : voyez Duvivier, Autant-Lara, Renoir ; tout le monde n’a pas la chance de mourir aussi jeune que Jacques Becker).

Donc, Carné et Du mouron pour les petits oiseaux ; ne pas chercher à retrouver là le souffle, l’émotion, la poésie de la grande époque de la collaboration avec Prévert ou Jeanson ; ça n’a plus rien à voir. Mais ça tient encore la route, mieux, bien mieux que Terrain vague ou Les tricheurs. Pourquoi ? Peut-être parce que c’est tiré d’un roman d’Albert Simonin, adapté et dialogué par Jacques Sigurd, grand nom bien oublié, indispensable collaborateur des meilleurs films d’Yves Allégret. Et surtout que c’est assez rigolo, un peu déjanté, un peu burlesque, très libre et que ça peut, dans les meilleurs moments, faire songer à la cocasserie de Drôle de drame, par quoi Carné commença sa carrière dans le Parlant. La comparaison est légèrement abusive, mais enfin il y a du rythme, de la vivacité, de la folie, même. (suite…)

The Truman show

samedi, juillet 20th, 2013

Intéressant petit conte philosophique.

J’ai lu je ne sais où que Peter Weir conteste absolument avoir été inspiré par l’étrange, admirable, inquiétante série Le Prisonnier et avoir puisé autre part ses idées. Pourtant c’est un peu le même monde, doucereux, suave, acidulé, hypocrite, à pelouses impeccables, à voisins sympathiques et à interjections joviales, à chevelures impeccablement permanentées. Une sorte de monde idéal sans aspérité. Un peu comme dans Pleasantville aussi d’ailleurs. (suite…)