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Black mic-mac

mardi, août 27th, 2013

Pas si mal…

L’intrigue principale de Black mic-mac est solidement stupide : un jeune glandouilleur, Lemmy, (Isaach de Bankolé) se substitue à un marabout réputé (Sotigui Kouyaté) appelé par des squatteurs africains pour jeter un sort à Michel Le Gorgues (Jacques Villeret) fonctionnaire des services d’hygiène qui a ordonné la destruction du foyer insalubre où se sont entassés des dizaines d’immigrants. Le brave Michel n’a pas fait ça par méchanceté, moins encore par racisme, mais parce que c’est un fonctionnaire scrupuleux et loyal et qu’il estime invraisemblable qu’on puisse subsister dans des conditions d’existence aussi malsaines et dangereuses que celles qu’avec ses collaborateurs, il a pu constater lors d’une visite exploratoire des lieux. (suite…)

The full monty

lundi, août 26th, 2013

19470853L’humanité…

Si on place à part le cinéma trop atypique de Peter Greenaway, si on met de côté Quatre mariages et un enterrement qui présente le petit monde prospère et friqué qui fait de la finance au cœur de la City de Londres, ce qui reste du cinéma britannique des vingt-cinq dernières années, c’est Ken Loach, les excellents Virtuoses de Mark Herman et The full monty de Peter Cattaneo. C’est-à-dire, en gros, la geste des Midlands dévastés par la désindustrialisation. (suite…)

Chantons sous la pluie

dimanche, août 25th, 2013

Le rendez-vous de la grâce.

Il y a des films qui ne se discutent pas ! Même chargés d’artifices, maigres dans l’argument, et, comme c’est le cas ici, réutilisant des lyrics déjà créés dans d’autres films, ils ont quelque chose que les plus grands talents du monde peuvent ne pas donner : la grâce. Du même Stanley Donen, quelques années plus tard, il y a Les sept femmes de Barberousse, qui, à bien des égards est mieux construit, mieux filmé… Et c’est pourtant Chantons sous la pluie qui demeurera longtemps, longtemps… (suite…)

Ivan le terrible

samedi, août 24th, 2013

ivan-le-terrible-11Un homme seul est en mauvaise compagnie.

Il y a peu d’exemples de réalisateurs ayant tourné aussi peu qu’Eisenstein qui aient laissé dans la mémoire collective une empreinte pareillement intense, alors même que la moitié des films est de l’ère du muet et que les thèmes et les sujets abordés sont tout aussi étrangers à nos habitudes et à nos regards que la façon très construite et très flamboyante du metteur en scène. Je réserve l’appréciation de chef-d’œuvre à Alexandre Nevski, mais je ne trouve pas qu’Ivan le terrible soit très en deçà de cette hauteur. Sans doute le film, réparti sur deux époques est-il un peu long, sans doute la musique – par ailleurs souvent admirable – de Serge Prokofiev est-elle un peu envahissante, sans doute y a-t-il, dans certains gros plans, dans des trognes et physionomies saisies au vol un peu trop des tics du muet. Mais l’ampleur du récit, l’intelligence de la méditation sur le Pouvoir, la noirceur des épisodes et la qualité des interprètes haussent le film parmi les plus fantastiques spectacles qui se puissent. (suite…)

Indiana Jones et la dernière croisade

vendredi, août 23rd, 2013

18895516N’a pas le niveau !

Mmouais… je trouve tout de même que ça s’essouffle un peu et que ça tourne sur soi-même en reprenant  les vieilles recettes éprouvées qui, à la revoyure, séduisent toujours mais ne surprennent plus.

Si un quatrième opus, davantage tourné vers la science-fiction, a été tourné (Le crâne de cristal), on perçoit bien que les auteurs, Spielberg et Lucas, tirent à la ligne. À preuve le pré-générique où bon nombre des traits caractéristiques d’Indiana Jones sont justifiés ou expliqués (sa peur des serpents, son usage virtuose du fouet, le port de son Borsalino et même la cicatrice qu’il porte au menton). Ce genre de dévoilement est assez typique des conclusions d’ouvrages où, dans une suprême complaisance, l’auteur-démiurge livre au lecteur ou au spectateur haletant les clés qui manquaient à sa parfaite information. (suite…)

Les disparus de Saint Agil

mercredi, août 21st, 2013

Nous sommes tous des Chiche Capons !

On peut évidemment relier Les disparus de Saint Agil à la riche, longue liste des films de jadis dont la scène est le pensionnat, théâtre commode, parce que clos, d’intrigues et de passions : Zéro de conduite, Les anciens de Saint Loup, La Cage aux rossignols, Topaze, Les diaboliques, et même Au revoir les enfants (liste sûrement loin d’être exhaustive !). Mais on peut aussi rattacher le film de Christian-Jaque à une autre lignée : celle des enfants et adolescents détectives, celle où des jeunes gens (et quelques jeunes filles) munis de courage et d’astuce parviennent à faire la vérité sur un mystère, quelquefois même un crime… (suite…)

Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant

mardi, août 20th, 2013

R5UqXtaF0uBaroque, outré, cruel…superbe

Je ne sais pas trop pourquoi, il y a plus de vingt ans, à l’occasion d’une diffusion tardive, nocturne sur Canal+, je me suis laissé enchanter par ce film, vu et revu depuis lors et jamais complètement exploré…

Alors même que Meurtre dans un jardin anglais, dont le superbe titre m’avait séduit, m’était apparu assez creux et guindé, Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, à la résonance tout aussi belle, m’a d’emblée envoûté, séduit, troublé, agacé, embêté. (suite…)

Les enfants de Lumière

lundi, août 19th, 2013

La somme et la référence du cinéma français.

Quelle pitié de s’apercevoir que le DVD des magnifiques Enfants de Lumière n’est plus disponible, sinon en payant des sommes folles (65€) à des aigrefins, sur des sites d’occasion ! Si le CNC avait un tant soit peu de jugeote, il ferait distribuer ce parfait montage dans les écoles, parce que c’est un chant d’amour au cinéma français, à sa variété, à sa permanence, à sa substance et qu’il montre si bien que le cinéma n’a commencé ni avec le parlant, ni avec la couleur, ni avec le numérique… (suite…)

Rothchild

dimanche, août 18th, 2013

35222ou Un nom qui rapporte

L’idée n’est pas mauvaise de s’emparer de ce travers assez commun à l’humanité de se laisser impressionner par les apparences et, en l’espèce, d’accorder crédit, à tous les sens du terme, à un doux clochard qui se trouve porter le patronyme de Rothchild. Tenons pour rien que le cinéaste, le peu notoire Marco de Gastyne a habilement ôté un S du nom de la richissime famille, qui s’orthographie Rothschild (et qui, rappelons-le, commença réellement sa fortune en spéculant sur la défaite de Napoléon à Waterloo) et nous voyons bien que le sens l’emporte évidemment sur l’essence ! (suite…)

La fille sur le pont

samedi, août 17th, 2013

La martingale de l’amour.

Patrice Leconte est un réalisateur très attachant, qui adore le cinéma et qui, au moins pendant quinze ans, de Tandem (1987) à L’homme du train (2002), a tourné plusieurs films d’un extrême intérêt, dont beaucoup demeurent dans les mémoires.

La fille sur le pont (1999) est de cette époque enchantée et fait partie des meilleurs crus.Leconte voulait tourner en noir et blanc et il est parvenu à imposer cette intelligente lubie à ses financeurs, alors même qu’il n’avait pas d’autre raison objective, ainsi qu’il le dit dans le supplément du DVD, que de ne pas tomber dans le pittoresque et le touristique alors qu’il allait filmer à Monte-Carlo, à Athènes et à Istambul. Cela donne un film au charme très original qui bénéficie d’un très beau travail sur la lumière, aussi réussi sur la Seine que sur le Bosphore. C’était là un très beau, très bon, très exaltant pari, avec une histoire attachante, virevoltante, un Daniel Auteuil comme d’habitude excellent (du temps où il ne se mêlait pas de profaner Pagnol), et une Vanessa Paradis ravissante et fragile, qui n’était plus la Lolita de Jo le taxi et qui apparaissait bien meilleure que dans la plupart de ses autres films (d’Élisa à Une chance sur deux)… (suite…)