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Une belle fille comme moi

samedi, juillet 6th, 2013

belle_fille_comme_moi  Lafont symbole et limite.

Qu’est-ce qui resterait de ce film de Truffaut si Bernadette Lafont n’y déployait sans limite ni mesure son extraordinaire vitalité ? Pas grand chose et peut-être même moins que rien. Mais celle qui symbolise plus que quiconque la liberté, la légèreté, la facilité et sans doute les outrances de la Nouvelle Vague y est royale et magnifique. (suite…)

Ridicule

jeudi, juillet 4th, 2013

« Ah le bon temps que ce siècle de fer ! » (Voltaire)

Il y a plusieurs sujets fort différents dans Ridicule, et c’est peut-être pour cela que le film de Patrice Leconte est si intéressant mais aussi, d’une certaine façon, si frustrant.

Plusieurs sujets, donc. D’abord, assez banalement, une histoire galante, faite d’attirances et de jalousies, de séductions et d’antipathies qui mettent en présence, en un carrousel venimeux, deux libertins, l’abbé de Vilecourt (Bernard Giraudeau) et la comtesse de Blayac (Fanny Ardant) et deux jeunes gens idéalistes, Malavoy (Charles Berling) et Mathilde de Bellegarde (Judith Godrèche) ; au siècle des Liaisons dangereuses, rien que de très normal. (suite…)

Le désordre et la nuit

mardi, juillet 2nd, 2013

Gabin, deuxième époque, clap de fin !

C’est vrai, ça n’a d’autre intérêt qu’ethnographique, à un double titre : d’abord l’atmosphère du Paris de 1958, de boîtes de nuit à l’ambiance jazzy, où la clientèle n’est pas composée que de jeunots (le jeunisme ne s’est imposé que cinq ou six ans plus tard jusqu’à remplir complètement le paysage) et où l’on s’habille encore pour sortir (sans porter, comme dix ou vingt ans auparavant, l’habit ou le smoking). Mais ensuite, et surtout, dans le passage de deux monstres sacrés à un autre stade de leur carrière. (suite…)

Requiem

dimanche, juin 30th, 2013

Les rives du Neckar.

En regardant ce film allemand inconnu, je me disais qu’il avait quelque chose à voir avec Le ruban blanc de Michael Haneke, bien qu’il se passe en Bade-Würtenberg, c’est-à-dire tout à fait au sud du pays, à deux pas de l’Alsace et non en Poméranie, tout au nord, sur la mer Baltique. Je pensais que c’était dû à l’uniformité grise du ciel, à la sagesse ennuyeuse de l’alignement des maisons, aux sonorités de la langue. (suite…)

Sailor et Lula

vendredi, juin 28th, 2013

19755490Blanche-Neige et le Prince charmant.

Sans doute peut-on voir dans Sailor et Lula une relecture (comme on dit) de l’immortel mythe de Roméo et Juliette. Mais si les Capulet sont là (la mère de Lula et ses amants), on chercherait bien en vain les Montaigu, Sailor ayant très jeune perdu ses parents et ne portant pas le poids de querelles recuites…

Trêve de plaisanterie ! C’est évidemment l’histoire de Blanche neige que David Lynch raconte, après que les Sept nains sont retournés travailler à la mine et que le Prince charmant a réveillé la Belle (on sait bien de quelle manière). Seulement la méchante marâtre a survécu, a développé une incroyable relation possessive avec la jeune fille et, à défaut de pouvoir l’enlaidir, a souhaité la préserver de l’étreinte du Mâle, plaisir qu’elle se réserve et dont elle use sans compter. (suite…)

Cécile est morte

vendredi, juin 28th, 2013

Sans désagrément et sans intérêt.

Je ne serai pas aussi sévère avec Cécile est morte que je l’ai été pour Picpus de Richard Pottier où le commissaire Maigret était également interprété par Albert Préjean, qui jouera encore le rôle dans Les Caves du ‘Majestic’, du même Pottier que je n’ai pas vu et qui ne doit pas valoir grand chose. (suite…)

Le silence des agneaux

dimanche, juin 23rd, 2013

Comment se débarrasser du Docteur Lecter ?

Meilleur est le méchant, meilleur est film. L’axiome d’Alfred Hitchcock ne souffre guère d’exceptions et il est, dans Le silence des agneaux, confirmé au delà de ce que l’on imaginait possible. D’autant que le méchant, Hannibal Lecter, (Anthony Hopkins) est encore plus rare et plus intéressant que tous ses congénères en horreur en parvenant, d’une certaine façon, à séduire le spectateur, tant il le fascine, comme il fascine et séduit Clarice Starling (Jodie Foster), avec qui il entretient une relation affective à la fois chaste, incestueuse et charnelle. (suite…)

Du rififi à Paname

jeudi, juin 20th, 2013

Polar international pour samedi soir paresseux.

Voilà quelque chose qui se laisse voir, sans excès ni enthousiasme et qui ne décevra pas trop ceux qui aiment voir Gabin gabinant, entouré de quelques vieux routiers expérimentés de la bonne époque (Marcel Bozzuffi, Daniel Ceccaldi, Claude Brasseur, Gert Froebe) et de frais minois jamais désagréables à regarder (Nadja Tiller, Mireille Darc, Dany Dauberson). L’histoire est raisonnablement compliquée, suffisamment pour qu’on n’en décroche pas, les morts pimpantes et bienvenues, la morale sauve. On en a pour ses euros (ses kopecks, ses picaillons, ses maravédis, si l’on préfère) comme pour tout bon film de samedi soir. (suite…)

Carrie au bal du diable

mercredi, juin 19th, 2013

Vestiaire de l’enfance.

C’est un film absolument maîtrisé, rythmé, intelligent, mêlant avec habileté et doigté des séquences lourdes, impressionnantes, angoissantes à d’autres qui sont émouvantes, subtiles, déroutantes, bouleversantes même quelquefois. Lors de mes premières visions, j’avais moins perçu qu’hier, en regardant le DVD, combien cette histoire était attachante et combien elle était intelligemment contée.

C’est très réussi, dans la tendresse et la violence, du fait, en grande partie, de Sissy Spacek au (beau) visage perdu de noyée de la vie, mais aussi grâce au talent de Piper Laurie, dont j’avais remarqué la qualité d’interprétation dans L’arnaqueur, plusieurs années auparavant, et qui interprète avec un talent glaçant Margaret White, la mère cinglée et fanatique de Carrie. (suite…)

Only God forgives

mardi, juin 18th, 2013

Cruauté hiératique.

Drôle de film et drôle d’ambiance d’un film qui ne laisse pas indifférent mais devant quoi on demeure tout de même assez perplexe, du fait de l’abondance un peu facile des tics de réalisation mais aussi de l’absence de vrai scénario et d’une crudité d’images qui ne s’impose pas toujours.

Bangkok au ciel plombé et aux rues mouillées de pluie, aux nuits obsessionnelles abondant de filles qui se vendent (ou sont vendues, plutôt), de cabarets malsains, de longs couloirs d’hôtels vides luxueux. Au milieu de ce pandémonium, des salles de boxe féroce, des trafiquants de drogue et de chair fraîche. Violence, sadisme, goût du sang. Un drôle de type, Billy (Tom Burke) a tué une gamine de 14 (ou 16 ?) ans prostituée par son père, qui a tué Billy en représailles. Débarque des États-Unis la mère vengeresse, Crystal (Kristin Scott Thomas, magnifique et étrange en blonde vermine) venue venger son fils et demandant à son autre fils, Jullian (Ryan Gosling), qu’elle méprise autant qu’elle adulait son aîné, de tuer le tueur. (suite…)